Question d’actualité au gouvernement sur le transfèrement de deux détenus de Guantanamo au Sénégal.
Monsieur le Président,
Le site ‘lemonde.fr nous apprend, à la date du 04 avril 2016, alors que nous célébrions la fête de l’indépendance du pays, que, selon le Pentagone, le Sénégal avait accepté d’accueillir, sur son sol, deux (02) détenus de la prison militaire américaine de Guantanamo, à Cuba. Le New York Times, pour sa part, nous indique que les deux prisonniers qui sont transférés au Sénégal sont emprisonnés sans procès depuis plus de quatorze (14) ans. Il s’agirait, selon le Secrétaire d’Etat américain John Kerry qui a remercié le Sénégal, d’offrir « une réinsertion humanitaire aux deux hommes ».
Ainsi donc, tout, dans la démarche, témoigne d’un rapport pour le moins curieux que le gouvernement entretient avec le peuple Sénégalais sur des questions majeures de sécurité nationale. En effet, lorsqu’il s’est agi d’engager notre armée dans la guerre au Yémen, ce sont des dépêches d’agences étrangères qui nous ont donné l’information. Il en a été de même dans le cadre du fameux front anti Daech pour aller faire la guerre en Syrie. Le député que je suis, souhaiterai avoir des explications claires et complètes sur ce dossier de Guantanamo, exactement comme mes homologues du Congrès américain car, nous le savons, en amont de cette décision, le Département d’Etat a pris soin d’informer régulièrement le parlement Américain tandis qu’ici, chez nous, le dossier est traité dans la plus grande opacité. Ceci n’est assurément pas la meilleure manière de témoigner aux parlementaires la considération et le respect qu’ils sont en droit d’attendre de l’Exécutif, de par la Constitution.
Mais, puisque nous sommes mis, comme de coutume, devant le fait accompli, il me reste à poser au gouvernement la question de savoir si nous ne sommes pas ainsi entrain de nous installer progressivement dans une posture de pays-ligne-de-front dans une guerre asymétrique qui n’est pas la nôtre ni dans ses causes ni dans ses origines profondes. Quelles sont les bases juridiques et légales qui fondent cette décision ? Quels sont les termes exacts de l’accord écrit, si accord écrit il y a, entre les deux parties ? Quelle est la contrepartie américaine ? Pourquoi avoir attendu que la presse étrangère s’en empare pour tenter une communication hasardeuse et contrite sur le sujet ? Je voudrai, subsidiairement, que le gouvernement nous dise exactement ce qu’il en est advenu de l’envoi des « jàmbaar » en Arabie Saoudite dans le cadre de la guerre au Yémen et de leur participation à la guerre contre l’Etat dit islamique en Syrie ? Il est vrai que depuis les fameuses annonces sur ces deux sujets, on n’en sait plus rien.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments patriotiques.
A Monsieur Moustapha Niasse
Président de l’Assemblée nationale
Pourquoi une question au gouvernement du Sénégal sur les détenus de Guantanamo ?
Mamadou Diop « Decoix » député membre du groupe libéral et démocrate
En tant que député à l’Assemblée nationale et comme la loi me le permet, j’ai posé au gouvernement une question d’actualité sur sa décision consistant à accueillir au Sénégal des prisonniers exfiltrés de la prison militaire américaine de Guantanamo à Cuba. En posant cette question, je ne m’attends pas à une réponse formelle et approfondie de la part du gouvernement, l’expérience nous ayant largement édifiés sur le peu de cas qui est fait par l’Exécutif des questions des députés de l’Opposition. Mais je tente ici, modestement, de mettre en évidence, de nouveau, la conception pour le moins particulière, qui gouverne la relation que le pouvoir entretient avec le peuple Sénégalais dont il est censé représenter les intérêts.
De quoi s’agit-il ? A la prison de Guantanamo sont détenus les présumés auteurs ou complices de l’odieuse attaque criminelle des tours jumelles de New York le 11 septembre 2001 qui avaient fait des milliers de morts sous Georges Bush fils. Une promesse électorale du Président Obama était de la fermer pour des motifs liés à la sécurité et à l’image des Etats-Unis. C’est dans ce cadre que le Sénégal accueille des prisonniers de Guantanamo. Il se trouve qu’aux Etats-Unis, le gouvernement travaille en étroite collaboration avec le parlement surtout lorsqu’il s’agit de questions de sécurité nationale. Le Congrès est régulièrement tenu informé de l’évolution de ce type de dossiers. Par contre, ici au Sénégal, la règle c’est l’opacité. Dans un contexte de guerre asymétrique comme c’est le cas avec le terrorisme, les questions de sécurité sont les questions de toute la population. Ainsi donc, aussi bien d’un point de vue de la doctrine- rapports entre les institutions de la République - que du point de vue sécuritaire, la conception en cours qui date des années 20 du siècle dernier est dépassée à tous égards.
Le gouvernement, à travers ses actes répétés, qui portent tous sur la sécurité du pays, montre le peu de respect et de considération qu’il a pour ses citoyens et c’est très gênant pour ceux qui savent comment marche le monde aujourd’hui. Par exemple, pourquoi est-il question de la fermeture de cette prison de Guantanamo ? parce que les citoyens américains l’ont mise pendant un moment, au centre du débat politique et sécuritaire aux Etats-Unis. Parce que des pans entiers de la population ont critiqué et remis en cause jusqu’au concept même de Guantanamo, reprochant à l’Administration Bush d’y pratiquer la torture et d’autres actes portant atteinte aux droits humains. Qu’en serait-il ici au Sénégal ? On aurait eu droit à des réactions du type de celle du ministre des Affaires Etrangères, avec force calomnies, lynchage médiatique contre les antinationaux et les traitres qui critiquent la politique du gouvernement. Sinon comment comprendre la réaction faussement courroucée et pour le moins déplacée de ce dernier qui s’offusque que des citoyens Sénégalais se posent des questions tout à fait légitimes sur leur sécurité. Il dit : « « Il y a trop de confusions et d’amalgames dans ce pays où l’on s’échine à inventer, à travestir et à pervertir le sens et la portée de décisions de haute portée diplomatique et humanitaire. On politise les choses les plus sérieuses pour des motivations inavouées. C’est très grave et très dangereux pour la vie politique nationale, la stabilité et la sécurité des Institutions. N’importe qui se permet de parler de n’importe quoi ». Fin de citation. Mais ! qui est Mankeur Ndiaye pour parler de cette façon aux Sénégalais ? Au lieu de se faire modeste pour tenter de rattraper ce qui peut l’être si tant est qu’il en est capable, le voilà qui monte sur ses grands chevaux pour donner des leçons à ceux-là à qui il devait plutôt des explications en amont de cette affaire. En vérité, cette réaction épidermique reflète avec exactitude l’état d’esprit de ceux qui nous gouvernent ou, mieux, la conception qu’ils ont de la gouvernance du pays. Dans leur esprit, ils ne sont pas à notre service ; ils ne nous doivent aucune explication sur aucun acte qu’ils posent quand bien même il s’agirait d’un acte perçu comme susceptible de mettre en jeu notre sécurité et celle de nos biens.
C’est ainsi qu’en mai de l’année dernière, il a été question de projeter 2100 hommes en Arabie Saoudite pour soi-disant, protéger ce pays de menaces extérieures. Le Sénégal qui protège l’Arabie Saoudite !!! Un argument peut-il être aussi ridicule ? Un journal de la place nous apprenait en son temps, que, je cite : « le schéma tracé des 2100 soldats révèle que les militaires sénégalais sont partis pour faire la guerre, au sens propre du terme. Et une lecture en filigrane de la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, le confirme « Le contingent sénégalais qui va être envoyé, sur la base de règles d’engagement, de modalités clairement définies et négociées entre les états-majors, sera en terre sainte d’Arabie Saoudite pour protéger ce pays, qui se trouve menacé. Ce que je peux vous dire avec certitude, c’est que nous allons en Arabie Saoudite sur la base de règles définies. Lesquelles?] La situation peut évoluer et nous apprécierons [ ???]. Voilà sur quoi nous sommes tombés d’accord avec les autorités militaires compétentes et politiques d’Arabie Saoudite. Et c’est sur cette base-là que nous allons déployer progressivement ce contingent projeté de 2100 hommes ». Fin de citation. Qu’en a – t – il été depuis lors ? mystère et boule de gomme.
Il y a quatre mois, en décembre 2015, notre pays, le Sénégal, était encore cité comme étant membre d’une coalition qui devait entrer en guerre contre l’Etat « islamique (EI)».
Comment pourrait-on ne pas voir un fil conducteur derrière toutes ces initiatives et comment, en partant des canaux par lesquels ces décisions nous parviennent, ne pas nous poser des questions sur notre véritable indépendance et notre véritable autonomie sur ces chapitres ?
C’est pour toutes ces raisons que je trouve la gouvernance actuelle du pays très dangereuse pour notre sécurité et notre développement économique et social. Le Président de la République dont nous savons qu’il est le premier responsable de tout ce charivari est directement interpelé.
6 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2016 (15:27 PM)Comment vendre un produit sur internet en 5 étapes.
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En Avril, 2016 (15:29 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (15:55 PM)Patisco
En Avril, 2016 (16:52 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (19:05 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (00:27 AM)Participer à la Discussion