Dans une atmosphère déjà saturée de soufre politique auquel se mélangent les effluves anxiogènes de la difficile conjoncture actuelle, le peuple sénégalais broie du noir. La crise que traverse notre pays continue, en effet, d’ouvrir ses crocs vers lesquels nous avançons transis. Au bout de cette pente sombre et résignée du déclin, des éclairs d’orage font apercevoir des précipices symptomatiques d’une République grabataire, à l’économie alanguie et aux institutions acagnardées dans la routine : spectacle pitoyable qu’encense, en plus, le pessimisme ambiant, marqueur des sociétés flageolantes. Ainsi donc, l’anomie s’installe, des forces centrifuges tirent sur les coutures du tissu républicain et l’envie de vivre ensemble recule sans cesse devant l’envie de vivre ailleurs : comme pays, le Sénégal est en difficulté, comme Nation, il est en danger. Et pendant ce temps, Abdoulaye Wade, en pater dolorosa statique, contemple, du haut de son empyrée présidentiel, les souffrances atroces du peuple. Lui aussi traverse, actuellement, une mauvaise passe non pas parce qu’il souffre, comme le peuple, de la cherté de la vie et de ces intempestives coupures d’électricité, mais parce qu’il traine, en ces temps difficiles, une méchante côte dans l’opinion. En effet, de tous les falbalas trompeurs de la popularité, il ne lui reste plus aucun oripeau. Qu’il est bien loin le temps où le président Wade, alors porté par les zéphyrs de son état de grâce présidentiel, pouvait compter sur le soutien indéfectible de tout un peuple. Aujourd’hui, les rubans de son état de grâce sont fanés, les larges manches du magicien sont déchirées et son chapeau est vide. Avec, par ces temps qui courent, la propension des médias à appointer le mécontentement populaire pour le darder contre le pouvoir, Abdoulaye Wade n’est pas encore sorti de l’auberge. Et pourtant, Laye n’aura pas été le plus mauvais des pilotes qu’a connus notre pays depuis l’indépendance. Au lendemain de l’alternance politique qui l’a propulsé au gouvernail d’un navire national encalminé, il aura réussi, avec la vista et l’énergie inventive qu’on lui connait, à sortir notre pays de l’ornière gluante où l’avaient enlisé senghorisme podagre et dioufisme impotent. Des infrastructures routières de qualité, des écoles qui sortent de terre en des endroits insoupçonnés de notre pays, des bourses, en nombre considérable, allouées aux étudiant sénégalais, de nombreux vacataires (dont on peut douter de la competence, certes !) recrutés pour promouvoir l’emploi des jeunes : Non, le Wadisme n’aura pas été que du cosmétisme, comme aime à le claironner l’opposition. Mais l’omniprésence médiatique du président, son addiction à la vitesse et à l’ubiquité auront orné son avènement d’une pavane imprudente. Sa faute fut d’avoir infligé au modèle présidentiel un traitement auquel l’opinion rechigne par atavisme plus culturel que politique .D’avoir trop chahuté le gouvernail du navire national en aura desservi la fonction. D’avoir chéri une impossible proximité populaire aura privé le président des vertus de respect et d’autorité que génère une certaine distance. D’avoir couru aux créneaux de toutes les réformes, les unes fondamentales, les autres en peau de lapin, aura brouillé l’entendement puis l’adhésion populaire. Banalisé comme la météo dans les journaux télévisés de 20H, Abdoulaye Wade est de plus en plus entendu et de moins en moins écouté : manquent un cap et une cohérence lisibles. C’est, en effet, ce tempo trépidant qui, étouffant toute pondération, aura exposé Wade et son engeance au courroux du peuple. Le pays, lui, renaude, déprise à l’excès, l’étalage et l’épate du président, le saugrenu de ses manières, son parler familier parfois jusqu’au déglingué. Alors le conservatisme atavique reprend le dessus, s’essouffle devant le tempo trépidant d’un président omniprésent. Bref, la déception se répand avec son bourdon médiatique, lequel fait des glorioles et défait la gloire. Fichue pente !
Le président se sera aussi, en son règne, distingué par son penchant pour la rupture et la division afin de mieux régner. En son magistère, il aura opposé deux Sénégal : celui pro Wade et celui anti Wade. On pourra remarquer que le président accorde, par exemple, une certaine primauté aux régions qui votent habituellement pour le Pds et qui souvent présentent un visage bien plus reluisant que celui des régions « ennemi es » à l’architecture coloniale vermoulue. Même son de cloche au sein des milieux religieux où Wade ne s’est pas gêné pour étaler au grand jour sa « mouridicité », ostracisant ainsi les autres confréries religieuses. Si Wade est à créditer d’avancées concrètes dans bien des domaines de la vie de notre pays, il aura aussi fragilisé la République en ouvrant des lézardes où suintent le venin de la désunion nationale et le sang de tous les éclopés de cette exécrable politique fractionniste. En ces lendemains de doute mâtiné de crainte pour l’avenir, le peuple a besoin d’un guide qui lui trace le chemin vers l’unité et la solidarité retrouvée et non pas d’un président qui divise. Avec ces élections de 2012 qui approchent à grands pas, Wade doit redouter que l’acrimonie nationale n’y trouve l’occasion rêvée de se débonder. Il a donc intérêt à accomplir sa métamorphose, dompter sa nature politique pour enfin être le chantre de l’union nationale afin de nous sortir de cette panade. C’est là, la seule voie de sortie de crise.
EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
4 Commentaires
B52
En Novembre, 2010 (22:31 PM)Niagassssssssssss
En Novembre, 2010 (22:31 PM)Lii diar na fété way
Aywalennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnne
Fatouchauvesouris
En Novembre, 2010 (22:54 PM)William
En Novembre, 2010 (09:31 AM)il s'agit: transis; grabataire; alanguie; acagnardées; anomie; pater dolorosa; empyrée; falbalas; oripeau;zephyrs;encalminé;podagre;engeance; atavisme rénaude; déglingué; vermoulue; ostracisant; matîne; acrimonie;debonder;panade; merçi
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