L’opposition nigériane jubilait hier après le rejet par le Sénat d’un projet de réforme de la Constitution qui visait à autoriser le président Olusegun Obasanjo à briguer un troisième mandat, estimant qu’il s’agissait d’une victoire de la démocratie.
Ce projet de réforme constitutionnelle en 116 points, présenté le 11 avril par des fidèles de M. Obasanjo, a été repoussé dans un vote par acclamation, lors d’une séance du Sénat.
Le vice-président Atiku Abubakar, opposant au projet, a estimé que la décision du Sénat était « l’une des meilleures choses qui pouvaient arriver au Nigeria ».
« La démocratie a désormais une grande armée de partisans et de fidèles qui la défendront même si on leur oppose le chantage, le harcèlement, des menaces et intimidations », a ajouté dans un communiqué M. Abubakar, lui-même pressenti pour être candidat à l’élection de 2007. Le spécialiste de Droit constitutionnel, Itse Sagay, a décrit cette décision comme « une grande victoire pour le Nigeria, la démocratie et l’Etat de droit », estimant que les législateurs ont « évité une catastrophe ». Le président d’un parti d’opposition, Advanced congress of democrats (Acd), Alexis Anielo, a quant à lui prédit que le rejet du Sénat allait « se répéter à la Chambre des représentants ». Celle-ci a interrompu ses débats hier après que la majorité des députés eut exprimé son opposition au texte.
Le gouvernement ne s’est pas encore prononcé officiellement sur le rejet. Le président Obasanjo lui-même s’est bien gardé jusqu’à présent de s’exprimer sur le sujet, laissant apparemment ses partisans monter en première ligne et la télévision nationale diffuser des clips à sa gloire, demandant le prolongement de son mandat. La tentative de réforme constitutionnelle a provoqué une vive polémique qui a même divisé le parti présidentiel, le People’s democratic party (Pdp), et le gouvernement.
Elle inquiète également la communauté internationale, puisque le Secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan est intervenu personnellement dans ce débat la semaine passée, soulignant que les dirigeants africains doivent « respecter les règles » et résister à la tentation de rester à tout prix au pouvoir.
Son intervention a été suivie d’une mise en garde de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui a demandé à ce que le processus de réforme soit scrupuleusement respecté pour éviter toute déstabilisation du pays, le plus peuplé d’Afrique avec 130 millions d’habitants, puissance régionale d’Afrique de l’ouest et premier producteur de pétrole brut du continent.
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