On reproche parfois à la musique pop d'être trop calibrée et standardisée. Pour ce qui est de Daddy's Car, la critique est justifiée: ce morceau a été créé par une intelligence artificielle.
Comme le rapporte Quartz samedi 24 septembre, cette chanson a été élaborée par un algorithme développé par le Sony Computer Science Laboratory (CSL) situé à Paris. Appelé Flow Machines, l'ordinateur a composé cette musique en s'inspirant des Beatles.
Dans le morceau, à découvrir ci-dessus, les paroles ne sont par contre pas celles de l'intelligence artificielle mais du compositeur français Benoît Carré.
De la musique "de niveau professionnel"
Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont mis en place une base de données de 13.000 "lead sheet", des sortes de partitions qui résument les principales caractéristiques d'une musique (harmonie, mélodie, etc).
Le compositeur a alors seulement eu à choisir un style (ici, les Beatles) et a laissé l'intelligence artificielle faire son travail. Notamment en s'appuyant sur toutes les chansons des Beatles qu'elle a pu analyser, grâce à des systèmes de machine et de deep learning, qui permettent à l'algorithme "d'apprendre" par l'exemple. Le compositeur a ensuite rajouté quelques accompagnements à l'aide d'un autre logiciel, appelé Rechord. Ne restait plus alors qu'à arranger le tout (encore une fois, aidé par un logiciel qui réalise une partie du mix) et rajouter les paroles.
Pour Francois Pachet, chercheur et directeur de Sony CSL interrogé par Le HuffPost, Flow Machines "est capable de produire des musiques de niveau professionnel". "Nous travaillons depuis 2012 sur ce projet, subventionné notamment par le Conseil européen de la recherche", précise-t-il.
Un album artificiel pour 2017
Flow Machines est également à l'origine d'un autre morceau, intitulé "The Ballad of Mr Shadow" et créé autour du style "compositeurs américains", qui regroupe dans cet algorithme des chansons de Cole Porter, Gershwin ou encore Duke Ellington.
Le Sony CSL affirme qu'un album complet de musiques composées par Flow Machines sortira en 2017. Ces chercheurs ne sont pas les seuls à tenter de concilier machine et musique, voire machine et art en général.
En juin dernier, Google faisait parler de lui en dévoilant le premier morceau créé par son intelligence artificielle dans le cadre du projet Magenta. La musique était loin d'être aussi entraînante que Daddy's Car, mais ici, l'algorithme est totalement libre et réutilisable, ce qui a suscité un certain entrain.
Pour l'instant, Flow Machines n'est pas libre de droit. Francois Pachet ne sait pas s'il le deviendra un jour, mais il a par contre une idée sur le futur de la relation entre musique et intelligence artificielle. "Les machines pourront surement créer, mais ne pourront pas savoir si ce qu'elles ont créé est intéressant, car elles n'ont pas de conscience. Le choix humain sera toujours primordial."
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