Il ne manquait plus que ça pour clore cette terrible année 2016 : un concours de testostérone au sommet de la planète. Qui aura la plus grosse force nucléaire, Donald Trump ou Vladimir Poutine ? L’un et l’autre ont fait jeudi et vendredi des déclarations qui fleuraient bon les heures les plus tendues de la guerre froide, affirmant chacun de leur côté vouloir accroître leurs capacités dans ce domaine mais uniquement parce que l’autre avait commencé ! Pour mémoire, les Etats-Unis disposent actuellement d’environ 7 000 têtes nucléaires, un poil moins que la Russie qui en possède quelques centaines de plus.
Le président russe entend doter ses forces armées des moyens de percer le bouclier antimissiles que Washington veut déployer en Roumanie et en Pologne. Trump, lui, n’affiche aucune stratégie mais un simple tweet, ce qui n’est pas forcément plus rassurant. Alors, s’agit-il de gesticulations ou de réelles intentions ?
«Trump est en roue libre»
«Il y a une grande différence entre les deux, nous a expliqué Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste, entre autres, des armes nucléaires. Poutine en est à sa énième déclaration sur le renforcement du potentiel russe. Une fois de plus, il utilise l’argument du bouclier antimissiles américain en Europe, ce qui ne tient pas car ce système ne pourra pas intercepter les missiles à longue portée russes, il a été conçu pour bloquer ceux venant du Sud, de l’Iran essentiellement. Ce que Poutine ne dit pas, c’est si cette modernisation se réfère à son arsenal en général ou à ses composantes à moyenne ou courte portée ce qui serait alors contraire aux engagements internationaux du pays. Les déclarations de Trump, elles, montrent que l’homme est en roue libre. Sa position a été clarifiée par son porte-parole, qui a parlé de "peace through strength", la paix par la force, une notion très reaganienne.»
Un argument risque de peser dans la balance, le coût. A titre d’indication, le programme de modernisation envisagé par le Pentagone pour les trois composantes de son arsenal nucléaire (missiles intercontinentaux, sous-marins et bombardiers stratégiques) est évalué à quelque 1 000 milliards de dollars (957 milliards d’euros) sur trente ans. Mais les milliards n’étant pas ce qui effraie le plus Donald Trump, il devrait logiquement rejoindre le club des dirigeants qui augmentent leurs budgets de défense alors que Barak Obama avait mis un terme à cette inflation. «Tout cela montre que Trump, contrairement à ce que l’on dit, pourrait être un président difficile pour Poutine, conclut Tertrais. Le président russe voit son futur homologue comme quelqu’un de facile à gérer. En réalité, Trump est un homme de rapports de force.»
2 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2016 (17:56 PM)Arc De Jeebreel
En Décembre, 2016 (18:04 PM)Participer à la Discussion