Le président de la République va procéder, aujourd’hui, à la pose de la première pierre de l’Université du Sine-Saloum de Kaolack. Un établissement entièrement dédié à l’agriculture et aux métiers connexes. Dans cet entretien, son recteur, le Pr Amadou Tidiane Guiro, donne plus de détails.
M. le recteur, ce lundi aura lieu la pose de la première de l’Université du Sine-Saloum de Kaolack. Tout est-il fin prêt ?
Nous pouvons dire que nous sommes fin prêts puisqu’il y a une équipe technique sur place pour installer toute les infrastructures nécessaires afin d’accueillir cette cérémonie de pose de première pierre. Elle se tiendra à Sing Sing, dans la région de Kaolack. Ce sera le lieu commun de tous les autres campus pédagogiques et sociaux, parce que c’est cette localité qui va accueillir le Rectorat. Cette université sera construite sur cinq sites. A Kaolack, outre Sing Sing, il y a Mbadakhoune où nous aurons le campus. A Kaffrine, nous avons le site de Kahi. A Fatick, les sites concernés sont Niakhar et Diouroup. A Diourbel, l’université sera présente dans la commune Toki Gare. Enfin, nous avons la commune de Toubacouta.
Qu’est-ce qui justifie le choix de ces sites par rapport à d’autres ?
Le chef de l’Etat avait pris l’engagement, lors d’une de ses tournées à Kaolack, de créer l’Université du Sine-Saloum. Plutôt de faire une université sur un seul campus, la décision a été prise de faire une université multi-campus. C’est un choix très judicieux et très novateur. Car dans la vision de la territorialisation du président de la République, il est important de développer des pôles économiques. La zone centre du pays, à savoir Kaolack, Fatick, Kaffrine et Diourbel, est un bassin arachidier et céréalier important. Il faut préciser que Kaolack sera la plaque tournante de cette université, parce qu’elle abritera le Rectorat. C’est une zone carrefour vu qu’elle se trouve à 60 km de Kaffrine, autant de Toubacouta et de Diourbel et à 40 km de Fatick. Le chef de l’Etat a voulu que cette institution multi-campus soit une université thématique. Ce qui est déjà une démarche de rupture, mais également d’innovation. Nous allons former des ressources humaines de qualité sur toute la chaîne de valeur de l’agriculture.
Comment seront répartis les différents filières et services sur les sites ?
Lorsqu’on parle d’agriculture, on fait référence également à la pêche, à l’élevage et à tous les métiers connexes. L’Ussk sera donc bâtie en prenant comme cadre conceptuel la sécurité alimentaire. Nous aurons à Kaolack l’Ufr « Production végétale », l’Ufr « Nutrition et Alimentation », l’Ufr « Technologies et Procédés alimentaires » et l’Ufr « Sciences fondamentales ». L’Ufr « Production animale » sera à Kaffrine de même que l’Ufr « Sciences sociales ». L’Ufr « Pêche aquaculture » et l’Ufr « Tourisme, Hôtellerie et Langues » seront à Fatick. Cette région abritera également le Centre des œuvres universitaires.
A Diourbel, nous aurons l’Ufr « Hydraulique, Génie rural et Energies renouvelables » et l’Ufr « Sciences économiques et de Gestion » et « Sciences juridiques ». L’Ufr « Environnement, Biodiversité et Développement durable » sera installée à Toubacouta. Au total, nous aurons 11 Ufr, dont quatre à Kaolack, trois à Fatick, deux à Diourbel et deux à Kaffrine.
Une université multi sites, c’est une démarche innovante comme vous l’avez dit. Mais, cela demande beaucoup d’investissements aussi. A combien s’élève le coût du projet ?
Le budget prévu est de l’ordre de 65 milliards de FCfa. L’Ussk, tous sites confondus, va occuper 220.000 ha de surface bâtie. Ce qui est très important. Elle est faite pour pouvoir accueillir, à terme, 30.000 étudiants. Au Sénégal, chaque année, nous avons à peu près 50.000 nouveaux bacheliers. Dans 10 ans, sera peut-être 100.000 nouveaux bacheliers que nous aurons par an. Il est donc important de pouvoir anticiper. Ensuite, il faut pouvoir désengorger l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Le coût de la construction des infrastructures pédagogiques et administratives est de 50 milliards de FCfa. Un budget de 10 milliards de FCfa est prévu pour les résidences universitaires dont la capacité d’accueil est de 10.000 lits. Enfin, 4 milliards de FCfa seront consacrés à l’équipement et un milliard pour la logistique. Nous allons donc investir 65 milliards de FCfa pour avoir une université de qualité qui puisse être attractive et pour les enseignants et pour les étudiants, car notre grand défi, c’est l’attractivité. Si nous voulons avoir une université à l’intérieur du pays et que les gens y aillent, il faut leur offrir d’excellentes conditions. C’est pourquoi l’Ussk sera construite selon les standards internationaux et tiendra compte des normes environnementales.
Concernant le personnel enseignant, pensez-vous pouvoir trouver assez de ressources humaines et de qualité pour prendre en charge toutes ces filières ?
On a lancé un appel à candidatures et on a reçu, au moins 200 candidatures et tous sont titulaires au moins d’un Doctorat. Maintenant, en fonction de la capacité d’accueil de départ, nous pouvons avoir un taux d’encadrement d’un enseignant pour 25 étudiants. Ce qui veut dire qu’on doit avoir un minimum de 200 enseignants au départ pour pouvoir faire notre travail correctement. Mais, tout cela fera l’objet de discussion et de négociation. Nous avons reçu beaucoup de candidatures du Sénégal et de la diaspora, et nous sommes ouverts également aux enseignants d’autres pays africains. Parce que notre ligne de conduite, c’est que pour chaque discipline, on prendra le meilleur. Et je suis content de voir qu’il y a beaucoup de jeunes Sénégalais au Sénégal et à travers le monde qui sont très brillants et qui sont prêts à relever le défi. Il y a même des enseignants séniors, des professeurs titulaires qui ont envie d’y aller. Maintenant, s’il y a des domaines dans lesquels nous n’avons pas assez d’enseignants, nous allons faire appel à des vacataires. Cependant, il faut dire qu’au-delà des gens que nous allons recruter, nous pourrons faire appel aux enseignants des autres universités pour nous donner un coup de main. Il y a aussi les universités internationales avec lesquelles nous sommes en partenariat et nous pourrons faire appel à leurs enseignants. Je n’ai donc pas d’inquiétude par rapport aux enseignants que nous allons recruter. Par ailleurs, il faut le souligner, puisque nous sommes une université à vocation professionnalisante, cela veut dire qu’une partie du corps enseignant sera constitué par des professionnels qui sont dans le métier, les entreprises, la production et les organisations paysannes.
Vous pensez démarrer en octobre 2016 avec combien d’étudiants ?
Cela, c’est le ministère qui le décidera en fonction des demandes. Toutefois, nous pensons pouvoir démarrer avec 5.000 étudiants dès la première année.
Avec le recrutement d’un personnel enseignant, d’administratifs, d’agents techniques et de service, on peut dire que cette université va assurément créer beaucoup d’emplois…
Effectivement, avec l’Université du Sine-Saloum, plusieurs emplois vont être créés. Cela veut dire qu’il y aura beaucoup d’opportunités d’affaires, et au niveau du développement territorial, cela va se sentir, c’est clair. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les collectivités locales n’ont pas hésité d’un iota à nous accorder ces terres. Elles ont compris que cette université aura un impact sur leur développement. Et puis, au-delà de former les étudiants, l’une des grandes missions de l’Ussk sera de rendre des services à la communauté et contribuer à la modernisation de l’agriculture familiale.
Propos recueillis par Elhadji Ibrahima THIAM
5 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2015 (22:08 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (00:15 AM)Body
En Avril, 2015 (09:59 AM)Gr Mor
En Avril, 2015 (10:53 AM)Anonyme
En Avril, 2015 (10:57 AM)Participer à la Discussion