L'année 2008 a été culturellement marquée par un événement singulier qu'il sera difficile d'oublier tant la mission asssignée à la presse a trouvé toute son expression dans le traitement réservé aux journalistes en Afrique et plus spécifiquement au Sénégal. Justement, l'organisation dans notre pays de la 70 ème édition marquant l'institution de ce prix est tout un symbole. Albert Londres a séjourné à Dakar, porte d'entrée pour visiter une partie de l'Afrique de l'Ouest. Un continent qui offre de la matière même si par endroits les rapports entre la presse et le pouvoir ne sont pas des plus tendres.
L'année 2008 a été culturellement marquée par un événement singulier qu'il sera difficile d'oublier tant la mission asssignée à la presse a trouvé toute son expression dans le traitement réservé aux journalistes en Afrique et plus spécifiquement au Sénégal. Justement, l'organisation dans notre pays de la 70 ème édition marquant l'institution de ce prix est tout un symbole. Albert Londres a séjourné à Dakar, porte d'entrée pour visiter une partie de l'Afrique de l'Ouest. Un continent qui offre de la matière même si par endroits les rapports entre la presse et le pouvoir ne sont pas des plus tendres.
Ce qui est fondamentalement déterminant, est la leçon d'audace que Albert Londres a prodiguée et qui peut se résumer dans la brillante formule que comprend l'avant-propos de son oeuvre "Terre d'Ébéne". "Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie". D'ailleurs, la notion de "délégation de curiosité" est centrale dans l'investissement dont doit faire preuve le reporter toujours présent sur les fronts sensibles, indépendamment de toute motivation financière qui devrait en être par option déplacée , le principal ressort. Si les Reporters du Nord se voient attribuer des prix pour récompenser leur professionnalisme, c'est parce que souvent, en plus des moyens dont ils sont nantis, ils font de ce métier une vocation et non un gagne-pain.
Dans nos pays, le secteur de la presse connaît une précarité due pour l'essentiel à l'amateurisme de vulgaires pisse-copies, "gratte -papiers" et "écrase-micros" férus de prestige. Cela peut bien autoriser certains à déplorer le niveau lamentable de ceux qui animent la presse. Le chef de l'Etat ne s'y trompe pas déjà quand il remarque que beaucoup d'entre eux n'ont même pas le niveau du Cm2. Les professionnels se mêlent à la danse et parlent de réorgannisation de leur métier pris d'assaut par des Intrus. Mais, c'est mal comprendre qu'un parchemin est juste une présomption de connaissance. Car, aucun d'entre ceux qui peuvennt exhiber des références solides ne peut se targuer d'arriver à la cheville un Autodidacte de la trempe de Albert Londres. Peut-être, l'occasion faisant le larron, Dakar était un lieu d'édification pour limiter les prétentions déplacées.
Rapport presse/pouvoir
Du reste , ces prétentions, confrontées à la réalité, ont montré que la Presse, en plus de rendre fidèlement compte de l'actualité, doit conduire une critique d'exception qui oriente une décision d'intérêt public et non point une critique facile que serait capable d'émettre n'importe lequel d'entre nous. Toute information étant orientée pour susciter une réaction, Walf Fadjri a diffusé en temps réel la marche organisée par l'Ascosen , laquelle, a été réprimée par les forces de l'ordre. Ousmane Mangane, en véritable homme de terrain a expérimenté sous un certain angle l'enseignement de Albert Londres.
La plaie, c'était la cherté de la vie, ressentie jusque dans leur chair par les plus démunis d'entre les Sénégalais exténués par la longue marche à laquelle les invite un pouvoir budgétivore plus soucieux de creuser des tunnels où s'engouffrent dans des travaux inaboutis des milliards que de proposer une voie de salut aux différents secteurs où s'activent des citoyens déboussolés.
La liberté d'informer juste se doublant du devoir à l'objectivité, le droit de la protéger interdit l'abus. Or, les forces de police, en faisant irruption dans les locaux de Walf Fadjri pour réclamer les cassettes de la manifestation et les confisquer à des fins jusqu'ici non expliquées, en plus du terrorisme d'Etat dont elles ont fait montre, créent une situation de crispation. Muscles contre muscles, à la place des arguments qu'on ne peut mobiliser et confronter que dans un climat de sérenité, les nerfs tendus, des policiers entrent danns l'histoire, et tristement.
L'enregistrement d'insultes et de pleurs est la preuve irréfutable d'une infraction qu'on pourrait qualifier de flagrant délit de torture commanditée. Kambel Dieng de la Rfm et Kara Thioune d'une radio appellée West African Radio, ont été brutalisés par des forces de l'ordre qui faisaient leur travail. Eux aussi disaient faire leur travail. Il n'y a visiblement aucun espace neutre franchissable quand derrière les antagonismes se cachent des intérêts à protéger. Mais pour un match oppposant l'équipe du Sénégal à celle du Libéria, qu'y avait-il de vraiment sensible à préserver? La manière de faire des forces de l'ordre a été toute infantilisante si on sait qu'à une échelle plus élevée, le pouvoir infantilise les bras armés qui en assurent la protection. Malgré toute la mobilisation lors d'une marche pour appeler à plus de respect, la tension monta crescendo, avec le saccage des locaux de l'As et de 24 heures chrono.
Le commanditaire ou le supposé tel Farba Senghor, démasqué, il fut simplement limogé sans qu'aucune suite judiciaire ne lui ait été réservé. Reproduisant les critiques de Mamadou Coulibaly , Président de l'Assemblée nationale de la Côte d'Ivoire, sur le blanchiment d'argent à Dakar par Wade et son fils Karim suite à l'incident survenu lors des casses des banques de Bouaké et Korogho, El Malick Seck est tombé en disgrâce pour n'avoir hélas aucune preuve de ce qu'il a affirmé. Il va voir son journal être interdit de publication pour une durée déterminée et sera condamné à 3 ans ferme. Mais, là où le bât blesse, c'est quand, suite à l'ouverture d'une enquête pour situer les responsabilités dans l'affaire des journalistes bastonnés, les preuves matériellement établies restent vaines quand on s'attend à ce que des sanctions exemplaires s'ensuivent.
La justice est diligente quand c'est l'honorabilité du chef de l'Etat qui est froissée et indifférente quand la dignité d'une corporation est bafouée. Pour ceux qui savent décrypter, le message est précis: Le pouvoir ne reconnaît à la presse aucune légitimité. Il n'y a que dans les régimes tyranniques où la presse est contrôlée. Le prix Albert Londres ne peut être attribué à des journalistes que le pouvoir soumet à des logiques de conditionnements pour les effrayer. Un message d'une poignante évidence nous est livré par le Nord s'agissant du regard qu'il porte sur nos pays. La transition qui s'opère de la Monarchie à la République nécessite une profonde réforme des mentalités jusque y compris chez ceux à qui la Loi ordonne de s'abaisser quand ils échouent face aux charges qui leur sont confiées. Or, gouverner en Afrique, c'est surtout apprendre à régner.
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