Président de l’Association des Ressortissants sénégalais résidant au Maroc, Abdou Souleye Diop n’y est pas allé du dos de la cuillère pour condamner l’attitude de ses compatriotes au pays de Mohamed VI.
Dans un entretien accordé à nos confrères de L’Observateur, M. Diop renseigne que les manifestants, qui sont des marchands ambulants (activité interdite au Maroc), ont séquestré des diplomates.
« Cette situation est le premier résultat d’un ensemble de facteurs.
Depuis quelque temps, l’immigration sénégalaise au Maroc a beaucoup évolué. On avait une immigration assez sélective. Mais, depuis l’ouverture de la route, chose à laquelle on a beaucoup contribué pour le développement des échanges, on a une nouvelle génération de Sénégalais qui s’installent au Maroc. Et qui sont surtout dans des activités interdites par la loi marocaine. Aujourd’hui, on a beaucoup de marchands ambulants. Or, la vente à l’étalage est totalement interdite au Maroc », fait savoir M. Diop.
A l'en croire, "on a raflé des marchands ambulants qui étaient en phase de traitement de dossiers au niveau du tribunal et de la police. Et leurs amis, leurs collègues, ont tenté de faire un sit-in à l’ambassade. Il y a eu un premier sit-in et le deuxième a dégénéré, parce qu’ils ont séquestré les diplomates. (…) L’ambassadeur a fait venir les forces de protection. Et les Sénégalais se sont mis à saccager les véhicules. Certains se sont battus avec les policiers, il y a eu des échauffourées et ils ont arrêté une vingtaine de personnes ".
De l’avis de M. Diop, ces manifestants risquent une condamnation. « Il y a eu saccage, vandalisme, donc ils risquent une condamnation, avant de parler d’expulsion. Je ne peux pas présager du verdict, mais je pense bien que c’est ce qui va se passer, malheureusement ".
5 Commentaires
Xeme
En Juin, 2013 (13:05 PM)Vous avez là, encore, un exemple du travail de la mafia qui contrôle les opinions.
Oumar Diao
En Juin, 2013 (14:28 PM)Monsieur le Président de la République du Sénégal,
Suite à l’arrestation des vingt ressortissants sénégalais qui demandaient le respect de leurs droits les plus élémentaires, dans l’enceinte même de l'Ambassade du Sénégal, le 28 mai 2013 à Rabat, ordonnée par Monsieur l’Ambassadeur du Sénégal en personne, et effectuée par les forces de l'ordre marocaines, je vous écris cette lettre.
En tant que citoyen sénégalais, ancien président de l’Association des Jeunes Sénégalais au Maroc, et ayant résidé 10 ans à Rabat, j’ai aidé mes frères sénégalais et africains à avoir accès aux soins, à avoir une sépulture et une cérémonie d’enterrement dignes, et, pour les personnes malades, à retourner dans leurs pays. Je suis également intervenu à maintes reprises au sein des commissariats pour protester contre les arrestations arbitraires des subsahariens, qui font malheureusement partie du quotidien du Maroc. Je n’avais encore jamais vu à ce jour d’arrestations de ressortissants par leur propre ambassade. J’en suis profondément outré.
Au cours des 10 années que j’ai passées au Maroc, j’ai côtoyé de manière quotidienne la souffrance de mes frères. Nuits et jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, des hommes traversent les déserts et arrivent au Maroc dans l’espoir d’un lendemain meilleur. Ils ont le droit de circuler librement, comme le stipule l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ainsi que la Charte Mondiale des Migrants, promulguée en 2011 au Sénégal, sur l’île de Gorée.
Cependant, dans ce Royaume, mes frères vivant dans les quartiers populaires de Rabat, ont d’innombrables problèmes de logement, d’alimentation, d’accès aux soins et aux services de base, sans parler de leurs difficultés à obtenir un travail décent.
De plus, tous les jours, ils sont victimes d’agressions physiques, de violences verbales, de racisme, de discrimination, et ne peuvent ni aller dans des structures de santé parce qu’ils sont noirs, ni monter dans un bus ou dans un taxi parce qu’ils sont noirs, ni se promener avec une amie marocaine parce qu’ils sont noirs. « Azi », « Sarakazit », « Nègre », « Mon
ami » et j’en passe, sont autant de qualificatifs systématiquement utilisés
par les marocains pour s’adresser à un Noir.
Un Noir qui dépose plainte auprès de la police, se verra soit embarqué dans
un camion en direction d’Oujda, à la frontière algérienne, soit mis dans un
avion à destination de son pays d’origine, soit simplement et purement
emprisonné. Jamais ses droits ne seront reconnus.
Le Maroc a pourtant ratifié les conventions internationales sur les droits
des travailleurs migrants et leurs familles, mais il n’a aucune politique
migratoire. La seule solution mise en place face à « l’envahissement des
criquets noir au nord du Maroc », comme le titrait le tristement célèbre
journal Al Massae, est d’accuser à tort des migrants militants de vente
illégale l’alcool et d’empêcher les associations de défense des étrangers de
faire leur travail.
Lors de votre campagne électorale, vous disiez vouloir changer les
pratiques au Sénégal et à l’étranger. Vous vous êtes entourés pour cela
d’hommes illustres ayant l’expérience de la vie en exil, et à l’étranger, entre
autres Jules Diop, grand critique de l’ancien régime et le journaliste Latif
Coulibaly, grand défenseur de la liberté de la presse.
Au cours des 10 années que j’ai vécues au Maroc, je n’ai vu qu’à de
rares exceptions des diplomates intervenir pour la défense de leurs
ressortissants. Et pourtant, n’est-ce pas l’un de leurs premiers devoirs ? Je
comptais donc beaucoup sur vos promesses électorales pour faire de ces
exceptions une généralité, et mettre fin aux injustices et aux incohérences
de la politique de coopération sénégalo-marocaine.
Savez-vous, Monsieur le Président de la République sénégalaise, quelles
sont les réalités de cette coopération? En voici quelques exemples :
- Parmi les jeunes que vous êtes fiers d’envoyer étudier au Maroc avec une
bourse insignifiante, certains, pour survivre, n’ont d’autres solutions que de
se prostituer.
- D’autres jeunes diplômés, avocats, pharmaciens, ingénieurs, économistes
et j’en passe, sont utilisés tels des esclaves modernes dans les centres
d’appels franco-marocains.
- Nos vaillants et braves « Diambars », ces officiers en formation à Meknès, sont envoyés sur les lignes de front du Sahara occidental. Le Sénégal est-il en guerre, Monsieur le Président?
- Nos soeurs sénégalaises sont employées à domicile, en véritables esclaves du XXIème siècle. Elles sont battues, leurs passeports sont confisqués, et travaillent nuits et jours sans relâche, pour un misérable salaire de 800 dirhams par mois, soit 45 500 CFA.
- Au Maroc, aucune boutique sénégalaise officielle n’existe, et on compte un seul restaurant sénégalais, à Casablanca, qui tous les jours, se voit obligé de payer des pots de vin aux policiers marocains. Pourtant, à Dakar, ne trouve-t-on pas plus de 150 boutiques et restaurants marocains, sans compter l’agence de la compagnie aérienne Royal Air Maroc ?
Peut-on réellement qualifier ces pratiques de « coopération » ?
Monsieur le Président de la République, je vous demande maintenant de respecter vos promesses électorales et de faire réellement changer les choses.
- Je demande la libération sans condition de tous les sénégalais emprisonnés au Maroc.
- Je demande la démission immédiate de l’Ambassadeur du Sénégal au Maroc ainsi que celle des fonctionnaires de police marocains impliqués dans les opérations d’arrestation de ressortissants sénégalais, pour violation de la souveraineté du Sénégal.
- Je demande que réparation soit faite pour toutes les personnes blessées dans ces opérations.
- Je demande des excuses publiques de la part du Ministre de l’Intérieur du Maroc ainsi que de l’Ambassadeur du Maroc au Sénégal.
Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République du Sénégal, mes sincères et respectueuses salutations.
Oumar Diao, citoyen sénégalais.
Diop
En Juin, 2013 (14:29 PM)Mew
En Juin, 2013 (18:13 PM)Moses Ndiaye
En Juin, 2013 (19:15 PM)Participer à la Discussion