Adiouza : les pirates vendent plus que nous qui produisons nos albums

Dakar - Seneweb.com -Adiouza donne ses impressions sur la musique sénégalaise. Dans une interview accordée à Seneweb, elle soutient qu’il ya beaucoup d’artistes qui peuvent encore redoubler d’effort. Par ailleurs, l’auteur de «Madou», son premier et unique album, ne cache pas son inquiétude par rapport à la piraterie. Elle estime que «le téléchargement tue vraiment les artistes» alors qu’on en parle jamais. Mais, l’objectif premier de la fille de Ouza n’est pas de gagner de l’argent mais de rendre heureux, selon ses propres mots. 
 
Où-est-ce que vous en êtes avec votre tournée ?
 
On a été au centre culturel français le 6 juillet, on sera à Yeugoulène samedi prochain et à Rufisque vendredi prochain et le reste va se dérouler vers Thiès, saint Louis etc
 
Je constate que la tournée se limite au Sénégal et dans la sous région, pourquoi pas l’Europe et les autres pays étrangers ?
 
Pour l’instant on a opté pour les régions de Dakar, Mali, Mauritanie Burkina Faso qui restent d’ailleurs à confirmer sinon on n’a pas d’autres propositions.
 
Quelle appréciation faites-vous de la musique sénégalaise ?
 
La musique sénégalaise (rire). A chaque fois qu’on me pose cette question je dis que je suis très mal placée pour répondre à cette question parce qu’en tant que débutante je ne veux pas trop donner mon avis personnel sur l’évolution de la musique sénégalaise. Mais je pense qu’il y a beaucoup de surprises. Il ya beaucoup d’artistes qui sont dans la bonne voie si on les aide ils peuvent aller loin et d’autres par contre qui peuvent encore redoubler d’effort. Mais  je pense qu’on est dans la bonne voie. Avec un peu d’encadrement je pense qu’on peut aller jusqu’au bout de nos rêves surtout nous les nouveaux talents.
 
Est-ce que vous pensez que le musicien sénégalais transmet assez de messages d’éveil des consciences, de sensibilisation, d’éducation ?
 
Y a en qui le font cela dépend de ce qu’on a opté. Quand on fait de la musique il faut respecter aussi le choix des artistes. Y a certains musiciens qui optent pour faire des louanges ce qu’ils font c’est ce qu’ils ressentent parce qu’en matière de musique il est important de faire ce qu’on ressent. Y a d’autres qui optent pour divertir il faut aussi les respecter. Y a d’autres qui optent aussi pour dénoncer les maux de la société
 
Le Sénégal regorge de beaucoup d’artistes musiciens pleins de talent. Comment comptez-vous faire pour vous imposer dans l’espace musical sénégalais ?
 
M’imposer ! (rire). Tout d’abord je sais que j’adore la musique je suis une passionnée de musique. Et quand j’ai voulu faire mon premier album je n’avais pas en tête de venir m’imposer sincèrement. Je n’avais pas cette prétention là loin de là. Je voulais juste faire un petit essai, un petit test sur quelques options, sur la conception de l’album et  je l’ai fait et les sénégalais ont bien apprécié.
 
Et si vous devez juger ce premier test que diriez-vous ?
 
Je dois redoubler d’effort déjà parce que le prochain album ça va être très très difficile (rire)
 
C’est pour quand le prochain album ?
 
Ce n’est pas pour tout de suite en tout cas.
 
Nous allons parler de la piraterie. Qu’est ce que vous en pensez. Est-ce qu’il vous est une fois arrivé de tomber sur une de vos œuvres piratées ?
 
Ah bien sûr. Surtout en Europe, des gens m’appellent des Etats-Unis, de l’Italie pour me dire j’ai votre album mais pas l’original. Donc c’est vraiment choquant de voir que les gens profitent de notre travail, gagnent leur vie avec notre travail et nous en fin de compte on ne gagne rien. Mais pour moi le plus important ce n’est pas de gagner de l’argent avec les albums mais de rendre heureux. Et il existe d’autres formes de pirateries dont je crois que les sénégalais ne parlent jamais. C’est le téléchargement qui tue vraiment les artistes en Europe, aux Etats-Unis et tout. C’est un phénomène qui pénalise vraiment les artistes parce que maintenant tous nos morceaux sont sur internet, on peut les télécharger comme on veut.
 
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que votre album a été piraté ?
 
(Rire) Ah je me suis dis oh là là donc je ne vais rien vendre. Parce qu’il ne faut pas se leurrer dans l’album là on n’a pas vendu des centaines de milliers d’albums. Je pense que les pirates on vendu mieux que nous qui avons produit notre propre album, que nous qui avons dépensé de l’argent. Maintenant, je pense que la seule solution de l’artiste pour gagner de l’argent est de faire peut être des concerts, des tournées.