Dakar, 4 nov (APS) - Le poète sénégalais Amadou Lamine Sall a préconisé que deux ou trois langues nationales, choisies ‘'de manière scientifique'' à l'échelle du continent africain, puissent être promues par l'Union africaine et enseignées dans les écoles.
Il nous faut ‘'au niveau des langues nous organiser au niveau de l'Afrique. Il faudrait que nous poussions qu'en même choisir de manière scientifique deux à trois langues africaines couvrant de grandes aires géographiques et culturelles'' pour les enseigner dans les écoles africaines, a-t-il déclaré à l'APS.
Interrogé en perspective de l'ouverture dimanche à Dakar de la 22e Biennale du français, le poète sénégalais a ajouté qu'il faudrait également ‘'créer des académies de langues'', de sorte que ‘'nous poussions utiliser même ces langues au niveau de nos Etats, les introduire dans nos constitutions''.
‘'Je crois que si vous regardez l'exemple du Sénégal, il y aura une évolution très significative qui fera que, si on ne fait pas attention, je ne dis pas le wolof seulement mais en tout cas certaines langues nationales prendront même la place du français'', a-t-il analysé.
Selon lui, ‘'ce serait quelque chose de normale, de légitime, parce que on nous dit que le français est un pont sur le monde, une langue qui nous permet à de communiquer avec les autres. C'est un pont sur le monde, mais on ne peut pas habiter sous un point''.
‘'On habite sa langue, on habite sa propre langue et tout part de sa propre langue. Je crois qu'il faudra que l'Afrique prenne ses responsabilités au niveau des langues africaines'' et faire en sorte qu'elles ‘'puissent être enseignées partout dans le monde et qu'elles puissent être comprises''.
‘'Il faudrait que nous nous battions autour d'une langue pour que celle-ci soit dominante, qu'elle soit forte et qu'elle puisse faire que les autres l'apprennent et accompagnent notre développement'', a-t-il encore dit, en donnant l'exemple de la langue chinoise qui est en train, selon lui, de s'imposer à travers le monde.
‘'Je pense que les langues puisent leur force dans le développement culturel et économique. Si nous arrivons à nous développer économiquement et si nous arrivons à conserver des cultures fortes, forcément ceux qui voudront nous connaître, mieux dialoguer avec nous apprendront nos langues'', a-t-il fait valoir.
Le poète sénégalais a cependant soutenu qu'en l'état actuel de l'évolution du monde, ‘'la langue française nous appartient plus qu'aux Français'' puisque ‘'nous veillons sur elle beaucoup plus même que les Français''.
‘'Nous ne sommes plus locataires de cette langue, nous en sommes co-propriétaire'' et ‘'je suis de ceux qui pensent que nous ne devons pas nous enfermer sur nous-mêmes. Nous avons besoin du français. En tout cas, c'est une très belle langue. C'est une langue qui nous a beaucoup apporté et il faut garder ce couple''.
Amadou Lamine a précisé qu'il appartient à une génération ‘'qui est définitivement marquée par cette femme (la langue française). Qui est une très belle femme et la quelle déjà nous avons fait beaucoup d'enfants''.
BK/ADC
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