(Liberation.fr) - Le Roi de la pop est mort, vive le Roi ! La Cité des Anges a fait ses derniers adieux, hier, à Michael Jackson, lors d’une cérémonie d’hommage digne des plus grandes divas, suivie en direct par des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde. Son cercueil de bronze et d’or, recouvert d’un lit de fleurs rouges, est posé en évidence au pied de la scène du Staples Center, dans le centre-ville. La veille, la mairie de Los Angeles a annoncé que le chanteur serait enterré avant la commémoration. La nouvelle a fait sensation, ajoutant au caractère extraordinaire de l’événement, et laissant les milliers de fans incrédules jusqu’à la dernière minute.
Face à une arène noire de monde, partagée entre la liesse et les larmes, une myriade de grands noms de la chanson a défilé sur scène pour honorer la star, l’ami, le frère, et crier haut et fort ‘The show must go on!’. ‘A big jam’ (un vrai bœuf) avaient prévenu les organisateurs. C’est Mariah Carey avec la chanson I’ll be there qui a lancé la danse, après la lecture d’un message de condoléances du leader sud-africain, Nelson Mandela, et d’un message d’amitié de Diana Ross, absente, suivie notamment de Stevie Wonder, Alicia Keys, Lionel Richie, Queen Latifah…
Eloges funèbres, chansons et films-souvenirs se sont succédé pendant près de 2 heures sous les ‘hourrah’ d’une audience en transe. Les quelque 11 000 chanceux, venus des quatre coins du monde, qui avaient décroché un droit d’entrée gratuit, sont ressortis groggys de cette commémoration-spectacle sans précédent.
Sur scène, ils l’ont aimé, sur scène, ils l’ont célébré.
‘C’est tout simplement légendaire, une page de l’Histoire de la pop vient de se tourner, haute en couleurs, on ne peut que remercier les Jackson pour ce fabuleux show d’adieux’, lance encore tout émue, cette jeune Américaine, débarquée la veille de Georgie, au Sud des Etats-Unis, après avoir reçu l’e-mail magique lui annonçant que deux billets d’entrée au Staples Center l’attendaient à L.A.
Oubliée donc la déception de tous les fans qui rêvaient d’un pèlerinage à Neverland, son ranch californien, à 150 kilomètres au nord. D’après la presse locale citant le dernier manager de Michael Jackson, Frank DiLeo, la famille était clairement divisée en deux clans, à la veille d’honorer la mémoire du ‘Roi de la pop’. La mère de Michael, Katherine Jackson, très pieuse, souhaitait un hommage dans un endroit clos et refusait ‘de faire de ces funérailles un cirque’. Le père et les frères du chanteur, à l’inverse, avaient imaginé une parade dans la ville, à l’image de celles organisées pour les obsèques de James Brown ou de Lady Diana, avec in fine, un enterrement à Neverland.
Sur ce dernier point, la loi californienne interdisant d’être enterré dans une propriété privée, et malgré la promesse d’Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie, d’accorder une dérogation aux Jackson, les hommes de la famille ont fini par se faire une raison.
Grands absents de cette cérémonie, les deux amis les plus proches du chanteur, Quincy Jones et Elizabeth Taylor, trop affectés par sa disparition pour se joindre à cette ‘fête du souvenir’. A 76 ans, le producteur des albums Thriller, Off The Wall et Bad, a confié qu’il n’allait plus aux enterrements car il ‘n’arrive plus à faire face’. A la mort de Michael Jackson, le 25 juin, Quincy Jones avait affirmé, ‘j’ai perdu mon petit frère, et une partie de mon âme est partie avec lui’. Pour l’actrice et amie de longue date, que Michael Jackson régalait de Rolls Royce, hélicoptères ou diamants, la seule idée de se joindre à cette célébration publique lui faisait froid dans le dos. ‘Je ne pense pas que Michael aurait aimé me voir partager ma peine avec des millions de fans, ce que j’éprouve est entre nous, pas un événement public’, a expliqué l’actrice.
Le deuil des Jackson perturbé
Ce show a été orchestré d’une main de maître par Stevie Wonder, secondé par Lionel Richie, qui avait produit We are the World en 1985. Le producteur Ken Erlich et le chorégraphe Kenny Ortega, qui devait diriger les 50 concerts prévus à Londres à partir de la semaine prochaine, avaient prêté main forte.
Deux heures avant de se joindre aux milliers de fans réunis au Staples Center, les proches et la famille du chanteur étaient réunis au cimetière Forest Lawn, sur les collines de Beverly Hills, pour un service funèbre dans la plus stricte intimité. En dépit de la vingtaine d’hélicoptères vrombissant dans le ciel, des dizaines de camions des chaînes de télévision et d’une marée humaine de fans et de journalistes se pressant à l’entrée du cimetière. C’est sous une imposante escorte policière que les Jackson au grand complet, dont les trois enfants de la star, Prince Michael, Paris et Prince Michael II, ont rejoint le centre-ville.
Le deuil des Jackson a été perturbé lundi par une décision de la Cour supérieure de Los Angeles, qui a retiré l’administration provisoire des biens de Michael Jackson à sa mère pour la confier jusqu’au 3 août à deux exécuteurs testamentaires. Il s’agit de l’avocat John Branca et du producteur musical John McClain. Deux hommes désignés par le chanteur dans une lettre testamentaire datée du 17 juin 2009, soit 8 jours avant son décès.Une information qui n’a pas manqué d’attiser les spéculations quant à l’hypothèse d’un suicide. La fortune du ‘Roi de la pop’, estimée à 500 millions de dollars, est censée revenir à 40 % aux enfants, 40 % à sa mère et 20 % à des fondations pour enfants. Reste une inconnue : le montant réel de ses dettes, estimées par la presse américaine à près de 500 millions de dollars. La série de concerts qu’il devait donner à Londres devait lui permettre de se renflouer.
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