Cette année, c’est le poète et écrivain Amadou Elimane Kane qui a remporté le Prix international de la Renaissance Africaine. Panafricaniste convaincu, l’auteur de La parole du Baobab se fait le chantre de l’identité africaine et, au-delà, d’une vision optimiste du future de l’Afrique.
Amadou Elimane Kane s’est vu décerner, le 8 avril dernier, à Paris, le Prix international de la Renaissance Africaine. Une distinction attribuée par l’Association internationale Cheikh Anta Diop et destinée à féliciter un artiste ou un chercheur dont l’œuvre participe à la promotion de la «renaissance africaine». Parmi les écrivains, sculpteurs, peintres, cinéastes et autres concourants en lice, Amadou Elimane Kane, poète écrivain, a décroché un premier Prix, justifié par son implication exemplaire dans la lutte pour la mise en valeur de la poésie africaine.
Panafricaniste convaincu, l’homme de Lettre d’origine sénégalaise vit aujourd’hui à Paris où il exerce comme professeur. Bien qu’exilé, il garde profondément en lui l’empreinte de la tradition africaine de l’oralité de son enfance. Et ses œuvres en portent la marque. Après un premier livre intitulé Les Rayons de la calebasse, édité en 1995, c’est en 1999, avec La Parole du Baobab, que les critiques et le public consacrent son talent. Deux œuvres suivront ensuite : Poèmes de l’an demain en 2000 et l’année dernière Le Palmier blessé. L’inspiration de l’auteur s’enracine dans la poésie antique africaine, mais s’exprime à travers la poésie contemporaine.
L’engagement d’Amadou Elimane Kane est lié à une vision nouvelle et volontairement optimiste de l’Afrique. L’artiste refuse de verser dans la négation, de se situer dans cette dynamique afro-pessimiste abusive, malheureusement, largement répandue dans le monde. Tout en reconnaissant que l’Afrique est confrontée à des difficultés réelles, il tient également à souligner que ce continent possède un potentiel créatif exceptionnel qu’il lui faut exploiter. Une conception que résume justement l’expression de «Renaissance africaine».
Son implication se traduit aussi par des recherches, avec notamment un travail en sciences cognitives sur la lecture et l’écriture de poèmes. «Je travaille autour de trois facteurs dans mes recherches : ce que j’appelle l’image de soi, la confiance en soi et l’estime de soi. Pour que les intellectuels puissent aujourd’hui s’inscrire dans une dynamique de créativité, nous avons besoin de ces trois facteurs. Nous ne pouvons sortir de l’impasse que lorsque nous portons ces trois facteurs. Et nous les assumons pleinement», confiait dernièrement Kane à un confrère du journal Le Soleil.
Rendre sa dignité à l’Africain, voilà une volonté que ne contredirait pas Cheikh Anta Diop. Celui-ci n’écrivait-il pas : «L’Africain qui nous a compris est celui qui, après la lecture de nos ouvrages, aura senti monter en lui un autre homme, animé d’une conscience historique, un vrai créateur, un Prométhée porteur d’une nouvelle civilisation et parfaitement conscient de ce que la terre entière doit à son génie ancestral dans tous les domaines de la science, de la culture et de la religion.»
Une citation qui est devenue le credo de l’Association au nom du Pharaon noir.
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