El Hadji Babacar Mbengue est le nouveau Ndey Ji Rééw de Yoff. Il a été officiellement installé le samedi 04 Mars et fait la promesse de rester fidèle à l’esprit de sa fonction. Dans l’entretien qui suit, il revient sur son intronisation plus ou moins mouvementée et met en garde les éventuels démons de la division de sa communauté. Il se prononce également sur la cohabitation entre Chrétiens et Musulmans de Yoff.
Votre intronisation comme Ndey Ji Rééw de Yoff a été plus ou moins très mouvementée. Comment l’avez-vous personnellement ressenti ?
Si par «mouvementée» vous voulez dire confusion, il n’y a aucune confusion par rapport à mon intronisation puisque c’est la coutume qui m’a choisi pour le titre de Ndey Ji Rééw à travers le village tout entier et ses notables. Si vous étiez à la cérémonie d’intronisation (Ndlr : du lundi 20 février) et si vous étiez à la cérémonie d’installation officielle (ndlr : du samedi 04 mars) vous avez dû voir par vous-même qu’il n’y a aucune confusion possible. S’il y a un autre qui se déclare Ndèy Ji Rééw, le village ne le reconnaît pas comme tel. Jusqu’à preuve du contraire et aussi longtemps que le village le voudra, je suis le porte-parole de la communauté et je m’efforcerai de rester fidèle à l’esprit de mon magistère.
Dans votre discours le jour de la célébration officielle, vous sembliez mettre en garde les hommes politiques contre la tentative de division de la communauté léboue de Yoff…
Vous savez, la politique c’est la politique, la coutume, c’est la coutume même si elles ne s’excluent pas radicalement. J’ajoute que nous, les garants de la coutume ou de la tradition, nous ne sommes pas investis du pouvoir d’être contre l’Autorité étatique qui, à son tour, doit respecter la coutume. Par exemple, le chef de l’Etat est l’Autorité suprême, investi de la confiance populaire, au-delà des particularismes. Nous devons plutôt appuyer l’Etat dans ce qu’il fait de bien pour les populations. Personnellement je suis du Ps (Parti socialiste), mais je soutiens les bonnes actes du président de la République et de son gouvernement puisqu’il s’agit là de l’intérêt du Sénégal. Ceux qui veulent faire de la politique politicienne n’ont qu’à aller le faire ailleurs. Mais se servir du titre de Ndey Ji Rééw ou de Jaaraf pour faire de la politique un facteur de division, nous disons non ! C’est de ce point de vue que j’ai interpellé les partis politiques en leur demandant de nous laisser en paix et de ne pas intoxiquer les esprits. Quant à la République, elle ne peut pas nous laisser en paix puisque nous sommes partie intégrante de cette République par-delà nos différentes chapelles. Nous n’avons pas été élus pour nous opposer à la République ou à l’Etat. Quel que soit le chef qui s’installera d’ailleurs, nous lui devons allégeance et respect. Nous sommes des serviteurs de nos communautés et nous devons le rester.
Quels sont vos rapports avec les Chrétiens de Yoff ?
Dans notre communauté, une partie est chrétienne, l’autre est musulmane. Et nous vivons en frères de même sang. Moi qui vous parle, feu le Cardinal Hyacinthe Thiandoum qui est un catholique, est le neveu de mon père qu’il venait souvent voir. Et à chaque fois que l’on célèbre quelque chose, jusqu’au moment où je vous parle, le Clergé est représenté. En réalité, nous vivons avec la conscience de l’appartenance à une même famille, rien de plus. Les relations sont extrêmement profondes, on ne peut pas les définir parce qu’elles sont antérieures à tout ce que l’on peut imaginer
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