Deux passeurs, un Syrien et un Tunisien, jugés responsables du naufrage du 18 avril 2015, le plus meurtrier de ces dernières décennies en Méditerranée centrale, ont été condamnés respectivement à 6 et 18 ans de réclusion par le tribunal de Catane, en Sicile.
Le 18 avril 2015, un chalutier parti de Libye le matin même sombrait en Méditerranée. Le naufrage avait fait plus de 800 morts, des migrants originaires du Soudan, de Somalie, du Mali, de Gambie, d’Éthiopie, du Sénégal, de Côte d'Ivoire, d’Érythrée, de Guinée-Bissau et du Bangladesh. Seuls 28 avaient pu être sauvés.
Le verdict rendu ce mardi par le tribunal de Catane a toute son importance symbolique. Mais il est relativement peu sévère. Reconnu coupable d’homicide, de naufrage et d’aide à l’immigration clandestine, le Tunisien Mohammed Ali Malek qui était à la barre écope de 18 ans de prison. Or les procédures accélérées en Italie prévoient une remise d’un tiers de la peine. Cet homme âgé de 27 ans devrait ainsi retrouver sa liberté dans 12 ans. A titre de comparaison, dans le cadre d’un autre procès en 2015, également en Sicile, un passeur jugé responsable de la mort de 17 migrants avait été condamné à la perpétuité, rappelle notre correspondante à Rome, Anne Le Nir.
Le second du capitaine, un Syrien de 25 ans, Mahmoud Biknit, a pour sa part été condamné à 6 ans de prison pour aide à l’immigration clandestine. Là encore, il ne devrait purger que les deux tiers de sa peine. Les deux hommes ont par ailleurs été condamnés à verser chacun 9 millions d’euros d’amende.
Les accusés se sont toujours proclamés innocents. Mais les témoins, parmi les 28 survivants, les ont reconnus formellement et ont permis de reconstituer les manœuvres erratiques du Tunisien. Avant de couler, le chalutier, long d'à peine 30 m et en très mauvais état, aurait percuté à maintes reprises le cargo King Jacob battant pavillon portugais envoyé à son secours par les garde-côtes italiens.
A l’époque, l’ex-président du Conseil italien Matteo Renzi avait pris l’engagement à de renflouer l’épave gisant à 370 m de profondeur pour récupérer des centaines de cadavres qui avaient été autopsiés près de Catane puis inhumés dans différents cimetières siciliens. Ce fut la plus grande opération de médecine légale de tous les temps. Elle avait permis de procéder à un relevé minutieux des éléments – échantillons ADN, documents, vêtements, objets, tatouages – pouvant aider les proches des victimes à les identifier.
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