Elle avait 16 ans lorsqu'au sortir de l'orphelinat où l'avait inscrite sa mère pour qu'elle apprenne un métier devant lui servir pour la vie, elle croise une bande de musiciens dans la rue. Elle les rejoignit, entonna naturellement une chanson qui séduisit ces musiciens. Ayant sans doute perçu les talents inavoués que cachait cette adolescente, issue d'une famille modeste, ces musiciens l'exhortèrent à élever la voix en chantant. Parce que cette voix était teintée d'originalité, et exprimait les soupirs profonds de ses aïeux esclaves. Et également de tout un peuple gagné par la pauvreté mais qui est resté gai jusqu'au fond de l'âme.
C'est de cette rencontre que naquit une longue histoire d'amour entre Césaria Evora ‘la diva aux pieds nus’ et la musique et plus particulièrement de la Morna. Et la diva cap-verdienne a souligné hier, face à la presse, son ambition de se réconcilier avec ce public sénégalais qu'elle avait sevré de ses douces et belles mélodies depuis 1992. Le retour devrait être marqué sur les planches de la scène de l'Institut Léopold Sédar Senghor. Une scène que Césaria Evora, cette Africaine de 65 ans, dit pourtant n'avoir jamais quitté. En ce sens qu'elle a côtoyé en janvier dernier le leader du Super Etoile, Youssou Ndour, au Sénégal pour les besoins d'un clip. Mais que son dernier album, sorti en mars 2006, Rogamar ou l'hymne à la mer enregistre la présence du Bob Dylan sénégalais, Ismaël Lo, dans le tube Nossa Africa.
Une production dans laquelle Césaria Evora est restée fidèle à son style et aux thèmes comme l'amour, l'exil, les aléas de la vie. Des thèmes récurrents dans les cinq productions qu'elle totalise pour une carrière entamée il y a un demi-siècle. Seulement cinq albums en 50 ans de présence sur la scène musicale se demanderaient certains mélomanes ? Mais la réponse est toute simple pour cette mère de deux enfants qui n'est ‘jamais pressée’. Et Césaria Evora n'a également pas été grisée par ce succès planétaire qui lui valut une reconnaissance suprême sur toutes les scènes.
‘Je ne fais pas de rêve de grandeur’, dit-elle avant d'ajouter : ‘je prends les choses comme elles arrivent. Et j'ai toujours été simple’. Une simplicité qui transparaît dans son port authentique : son éternel mouchoir, ses robes longues. On est même parfois tenté de penser qu'elle est insensible aux remous qui agitent le monde du show biz tant elle ne laisse rien transparaître de ses sentiments, de ses états d'âme. ‘Rien ne me marque, ni positivement ni négativement’, avoue-t-elle. Car, tout est naturel chez elle. Et ce naturel, on la sent dans cette voix que porte un corps gagné par l'âge mais qui reste forte, puissante et affriolante.
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