Appelez-la par son nom de jeune fille, et elle ne se gêne pas à vous réclamer son «Kouyaté», le patronyme de l'homme de sa vie. Un époux qui la comprend si bien qu'elle n'éprouve aucune difficulté à faire son travail à sa guise. Depuis de longues années, l'ancienne gérante de Jololi, aujourd'hui manager du label Prince arts, réussit à concilier ménage et profession. «Cela peut sembler difficile. Ça l'est, d'ailleurs, avoue Mme Kouyaté. Mais j'ai compris très tôt que même si on se dit une femme émancipée, on a des limites. Au Sénégal, les choses ne se passent pas comme dans les sociétés standard.»
Dans l'art de la cohabitation, dans les rapports humains, la petite soeur du roi du mbalax est une reine. Depuis quinze ans qu'elle administre les affaires de Youssou, celui-là qu'elle appelle affectueusement «Grand bi», elle se positionne en frangine et collègue de ses autres frères. L'enjeu est de taille. La part des choses se fait quand même de manière spontanée. Car, dans cette estime et cet amour qu'elle nourrit pour son père, elle a su copier vertus et qualités. Elle lève les yeux vers le toit, garde prisonnières ses deux mains entre ses genoux et ressasse des souvenirs : «une fois, j'ai dit à mon père de me faire un objet d'art à bon prix puisque je suis sa fille. Il m'a rétorqué « papa c'est papa, et boulot c'est boulot ».
Passionnée par son propre métier, cette ancienne majorette de Kennedy n'est pas tombée par hasard dans le milieu de la musique, ni parce que son frère en est un leader. Très studieuse étant jeune, sa passion pour les études pousse Youssou Ndour à l'envoyer en Angleterre après le bac. Férue d'anglais, elle se met à l'étude de cette langue pendant une année. C'est alors qu'elle fait la connaissance d'un ingénieur de son, ami de sa voisine, qui lui donne le goût de cette spécialité. Elle est accrochée. « Je l’ai dit à Grand-bi et il m’a encouragée ». des études d’ingénierie du son sanctionnées par un diplôme. Elle revient au pays, mais ne trouve pas un emploi à son profil. Eh oui il n'y a pas encore beaucoup de studios au Sénégal. Elle intègre alors le staff de Youssou et officie au bas de l'échelle commc simple secrétaire d’abord. De ce poste, elle gravit les échelons et devient la dame de confiance de son frangin. Naturellement. elle administre cette maison musicale, avec sous sa coupe de nombreux artistes. Ngoné en est fière. Cependant, sa tâche n'est pas facile. «J'ai des relations saines avec les artistes et ils sont plus ouverts au directeur artistique. Avec moi, il y a de petites barrières». Ayant pour mission dans son entreprise de dénicher des talents et non de les garder, elle explique : «Les gens interprètent de mille manières, mais on ne change pas une équipe qui gagne».
Sobrement vêtue, les cheveux en chignon, Ngoné déteste tout ce qui est artificiel. Mieux, pour en parler, elle a son jargon bien à elle. «Je n'aime pas porter des matériaux». C'est lourd et elle n'a pas la force de les allier avec ce qu'elle a dans sa tête. La simplicité lui permet de ne pas faire des choses démesurées. D'ailleurs, sa principale faiblesse dans le dégagement de sa féminité demeure les parfums de classe. Elle en possède une collection, adore les thiouraye et déteste les béthios.
Mère d’un garçon de 10 ans, Ngoné Ndour a l’instinct très maternel et pense être une bonne mère de famille. Elle a toujours du temps pour son fils. Et son instinct d'enfant ne s’est pas éteint. C’est pourquoi le Petit bal lui tient à cœur. A l’entame, ce projet était un véritable défi à relever. « je voulais donner la chance à tous ces enfants de s’approcher de leur star, je me suis mise à leur place ». Encore une fois, elle a un bon résultat de ses attentes. C'est un succès. Perfectionniste, elle sait faire profil bas et encaisser, comme cela se passe dans son travail. Ibou Ndour, son jeune frère, n'est pas surpris : «Ngoné est une battante et elle tient à formaliser la musique. Elle respecte tout le monde et c'est réciproque. Autant elle a eu du succès pour le Petit bal, autant je pense qu'elle l'aura pour cette loi des artistes qui est sa priorité du moment».
Transparente et discrète, elle dit ce qu'elle pense. C'est ce qu'elle prend comme un véritable défaut aux yeux de certains. Ngoné aime passer inaperçue et plus que jamais, elle est consciente qu'elle n'est pas une star. «Elle pouvait se dire que son frère c'est Youssou Ndour et faire des chichis, mais je la vois simple», explique Marème, une dame qui la voyait pendant qu'elle habitait à la Médina. Mme Kouyaté persiste et signe que la star, c'est Youssou. «On n'est pas star parce qu'on est soeur ou frère d'une star ». Elle a sa vie. Anonyme.
Source Walf Grand Place
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