Les rafles de Subsahariens par la police marocaine ont repris à Rabat. Les Sénégalais en font désormais autant les frais que les autres, en dépit de leur statut privilégié et de leurs droits. Hier, alors qu’ils manifestaient au sein de leur ambassade, à Rabat, ils ont été chassés par la police marocaine.
Hier, mardi 29 mai, la police marocaine a donné l’assaut à l’ambassade sénégalaise à Rabat contre des manifestants sénégalais, a révélé l’AFP. Situation rocambolesque où l’ambassadeur du Sénégal au Maroc, absent, donne son autorisation par téléphone à la police marocaine pour pénétrer dans l’enceinte de l’ambassade et chasser ses propres ressortissants.
Une centaine de sénégalais avait organisé un sit-in à l’intérieur de l’ambassade. « Ils se plaignaient d'un acharnement de la police marocaine à leur égard. L'ambassadeur était absent mais il a autorisé les forces de l'ordre marocaines à se déployer à l'intérieur de l'ambassade pour les évacuer », a expliqué à l’AFP un fonctionnaire de l’ambassade sous couvert d’anonymat. Les affrontements ont duré près d’une heure, beaucoup de manifestants se sont échappés mais l’on ignore s’il y a eu des arrestations.
Ambassade immobile
Reste une question : pourquoi des Sénégalais iraient manifester auprès de l’ambassade du Sénégal contre des actions menées par la police marocaine ? Parce que l’ambassade se refuse à leur offrir le soutien qu’elle leur doit contre les rafles de la police marocaine, a expliqué l’un des manifestants, hier, à Stéphane Julinet, chargé de programme droit des étrangers et plaidoyer pour le GADEM.
« La police marocaine a raflé et expulsé sans examen des situations personnelles des dizaines de Subsahariens. Parmi eux, il y a donc des Sénégalais et certains sont parfois même en situation tout à fait régulière, mais la police s’en moque. Quand ils ont leur passeport, elle les confisque et ne les rend pas au moment de l’expulsion. Lorsque l’ambassade sénégalaise à Rabat récupère les passeports des expulsés, elle refuse également de les rendre », explique Stéphane Julinet.
Révolte des Sénégalais
Au lieu de demander des comptes au Maroc lorsqu’il expulse des Sénégalais, au lieu d’exiger que chaque situation individuelle soit examinée, au lieu de récupérer et de rendre les passeports à leur propriétaire, l’ambassade joue le jeu du Maroc. Preuve en est l’intervention de la police marocaine au sein même de l’ambassade. « C’est cet immobilisme qui a conduit les Sénégalais à faire un sit-in au sein de l’ambassade, hier », insiste Stéphane Julinet. En réalité, aucune ambassade des Etats subsahariens ayant des ressortissants au Maroc ne les aide réellement contre les rafles marocaines.
Seuls les Sénégalais se sont révoltés car ils ont en principe un statut particulièrement avantageux, par rapport à d’autres nationalités d’Etats subsahariens, au Maroc, grâce aux bonnes relations entre les deux pays. Ils n’ont pas besoin de visa pour entrer au Maroc. Comme les Européens, les Maliens, les Tunisiens, les Libyens et les Nigériens, ils ont le droit de rester 3 mois sur le territoire marocain en toute légalité. Les Sénégalais sont également dispensés d’autorisation de travail spécifique aux étrangers.
Refoulement pour tous
« Mais ces derniers temps, il a eu beaucoup de changement, notamment à Casablanca. Les Sénégalais ne sont plus à l’abri du refoulement », estime Camara Laye, secrétaire général de la section Travailleurs immigrés du syndicat ODT, sur RFI. « Les Sénégalais sont mieux organisés que d’autres communautés, ils étaient aussi moins affectés par la chasse aux noirs grâce à cette position plus privilégiée, ils réagissent d’autant plus vivement aujourd’hui qu’ils deviennent objet des rafles », explique Stéphane Julinet.
11 Commentaires
Il
En Mai, 2013 (00:39 AM)Papi
En Mai, 2013 (00:47 AM)Dina
En Mai, 2013 (02:16 AM)Arissoi
En Mai, 2013 (02:19 AM)Diouf
En Mai, 2013 (05:48 AM)W
En Mai, 2013 (07:44 AM)merci de votre objectivité.
Tout ce qu'il faut dire c'est que ce couillon d'ambassadeur doit dégager. Franchement personne ne voit l'utilité de ces institutions qui sont censées nous représenter (consulat et ambassade)
Comment voulez vous que les marocains nous respectent s'ils ont le soutien de nos soit-disant autorités dans ce qu'il est convenu d'appeler la maltraitance des noirs. quelle honte!!!!
Senegalien
En Mai, 2013 (08:34 AM)Les responsabilités sont partagées. D'un coté mes compatriotes sénégalais ont envahi les rues de Rabat et se comportent comme des malpropres. J'ai même honte de passer sur certaines artère; c'est pire que le marché colobane au temps ou ce marché portait vraiment son nom.
De l'autre coté, le Maroc est pays de malades. Les marocains sont des gens incultes qui ne réflechissent pas.
le problème avec eux c'est qu'ils n'ont aucune culture et que pour eux leurs pays est le seul qui existe vraiment.
Les étrangers vivent l'enfer ici et moi qui suis en famille en sais quelque chose.
Même si tu es en situation régulière tu dois toujours faire bien attention car pour rien tu es triaté comme un chiffon.
Ce bled ne donne rien de bon mais ça malheureusement certains de mes compatriotes ne le comprennent pas
Koth Brma
En Mai, 2013 (13:18 PM)War
En Mai, 2013 (13:48 PM)Ikhti
En Mai, 2013 (14:55 PM)Il y a des senegalais qui y vivent en paix, bien respectes.les marocains en general, pas tous acceptent beaucoup plus les sengalais que les autres africains. Je n'ai que de beaux souvenir de ce pays
Diao
En Juin, 2013 (14:35 PM)Monsieur le Président de la République du Sénégal,
Suite à l’arrestation des vingt ressortissants sénégalais qui demandaient le respect de leurs droits les plus élémentaires, dans l’enceinte même de l'Ambassade du Sénégal, le 28 mai 2013 à Rabat, ordonnée par Monsieur l’Ambassadeur du Sénégal en personne, et effectuée par les forces de l'ordre marocaines, je vous écris cette lettre.
En tant que citoyen sénégalais, ancien président de l’Association des Jeunes Sénégalais au Maroc, et ayant résidé 10 ans à Rabat, j’ai aidé mes frères sénégalais et africains à avoir accès aux soins, à avoir une sépulture et une cérémonie d’enterrement dignes, et, pour les personnes malades, à retourner dans leurs pays. Je suis également intervenu à maintes reprises au sein des commissariats pour protester contre les arrestations arbitraires des subsahariens, qui font malheureusement partie du quotidien du Maroc. Je n’avais encore jamais vu à ce jour d’arrestations de ressortissants par leur propre ambassade. J’en suis profondément outré.
Au cours des 10 années que j’ai passées au Maroc, j’ai côtoyé de manière quotidienne la souffrance de mes frères. Nuits et jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, des hommes traversent les déserts et arrivent au Maroc dans l’espoir d’un lendemain meilleur. Ils ont le droit de circuler librement, comme le stipule l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ainsi que la Charte Mondiale des Migrants, promulguée en 2011 au Sénégal, sur l’île de Gorée.
Cependant, dans ce Royaume, mes frères vivant dans les quartiers populaires de Rabat, ont d’innombrables problèmes de logement, d’alimentation, d’accès aux soins et aux services de base, sans parler de leurs difficultés à obtenir un travail décent.
De plus, tous les jours, ils sont victimes d’agressions physiques, de violences verbales, de racisme, de discrimination, et ne peuvent ni aller dans des structures de santé parce qu’ils sont noirs, ni monter dans un bus ou dans un taxi parce qu’ils sont noirs, ni se promener avec une amie marocaine parce qu’ils sont noirs. « Azi », « Sarakazit », « Nègre », « Mon
ami » et j’en passe, sont autant de qualificatifs systématiquement utilisés
par les marocains pour s’adresser à un Noir.
Un Noir qui dépose plainte auprès de la police, se verra soit embarqué dans
un camion en direction d’Oujda, à la frontière algérienne, soit mis dans un
avion à destination de son pays d’origine, soit simplement et purement
emprisonné. Jamais ses droits ne seront reconnus.
Le Maroc a pourtant ratifié les conventions internationales sur les droits
des travailleurs migrants et leurs familles, mais il n’a aucune politique
migratoire. La seule solution mise en place face à « l’envahissement des
criquets noir au nord du Maroc », comme le titrait le tristement célèbre
journal Al Massae, est d’accuser à tort des migrants militants de vente
illégale l’alcool et d’empêcher les associations de défense des étrangers de
faire leur travail.
Lors de votre campagne électorale, vous disiez vouloir changer les
pratiques au Sénégal et à l’étranger. Vous vous êtes entourés pour cela
d’hommes illustres ayant l’expérience de la vie en exil, et à l’étranger, entre
autres Jules Diop, grand critique de l’ancien régime et le journaliste Latif
Coulibaly, grand défenseur de la liberté de la presse.
Au cours des 10 années que j’ai vécues au Maroc, je n’ai vu qu’à de
rares exceptions des diplomates intervenir pour la défense de leurs
ressortissants. Et pourtant, n’est-ce pas l’un de leurs premiers devoirs ? Je
comptais donc beaucoup sur vos promesses électorales pour faire de ces
exceptions une généralité, et mettre fin aux injustices et aux incohérences
de la politique de coopération sénégalo-marocaine.
Savez-vous, Monsieur le Président de la République sénégalaise, quelles
sont les réalités de cette coopération? En voici quelques exemples :
- Parmi les jeunes que vous êtes fiers d’envoyer étudier au Maroc avec une
bourse insignifiante, certains, pour survivre, n’ont d’autres solutions que de
se prostituer.
- D’autres jeunes diplômés, avocats, pharmaciens, ingénieurs, économistes
et j’en passe, sont utilisés tels des esclaves modernes dans les centres
d’appels franco-marocains.
- Nos vaillants et braves « Diambars », ces officiers en formation à Meknès, sont envoyés sur les lignes de front du Sahara occidental. Le Sénégal est-il en guerre, Monsieur le Président?
- Nos soeurs sénégalaises sont employées à domicile, en véritables esclaves du XXIème siècle. Elles sont battues, leurs passeports sont confisqués, et travaillent nuits et jours sans relâche, pour un misérable salaire de 800 dirhams par mois, soit 45 500 CFA.
- Au Maroc, aucune boutique sénégalaise officielle n’existe, et on compte un seul restaurant sénégalais, à Casablanca, qui tous les jours, se voit obligé de payer des pots de vin aux policiers marocains. Pourtant, à Dakar, ne trouve-t-on pas plus de 150 boutiques et restaurants marocains, sans compter l’agence de la compagnie aérienne Royal Air Maroc ?
Peut-on réellement qualifier ces pratiques de « coopération » ?
Monsieur le Président de la République, je vous demande maintenant de respecter vos promesses électorales et de faire réellement changer les choses.
- Je demande la libération sans condition de tous les sénégalais emprisonnés au Maroc.
- Je demande la démission immédiate de l’Ambassadeur du Sénégal au Maroc ainsi que celle des fonctionnaires de police marocains impliqués dans les opérations d’arrestation de ressortissants sénégalais, pour violation de la souveraineté du Sénégal.
- Je demande que réparation soit faite pour toutes les personnes blessées dans ces opérations.
- Je demande des excuses publiques de la part du Ministre de l’Intérieur du Maroc ainsi que de l’Ambassadeur du Maroc au Sénégal.
Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République du Sénégal, mes sincères et respectueuses salutations.
Oumar Diao, citoyen sénégalais.
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