« Biens culturels africains. Projet de sauvegarde et de valorisation des patrimoines documentaires audiovisuels, iconographiques, sonores et textuels de l’Ifan Ch. A. Diop », c’est le thème qui réunit depuis hier jeudi à Dakar, un certain nombre d’experts d’Afrique et du monde sur la gestion des patrimoines des musées et centres de recherche. L’occasion pour le recteur de l’Université de Dakar comme d’autres spécialistes des questions de mémoires dans les universités de revenir sur le rôle essentiel joué par l’Ifan depuis l’époque coloniale et l’importance de l’usage de ces supports nouveaux dans la diffusion et la dissémination des connaissances et savoirs.
Abdou Salam Sall est revenu sur l’important travail effectué par l’Institut Fondamental Cheikh Anta Diop pour le développement de la recherche en Afrique, en soulignant « Nous avons à l’IFAN une partie de la mémoire de l’Afrique de l’Ouest constituée grâce à la persévérance de chercheurs Français, Africains, nous devons préserver ce trésor inestimable et le partager avec le monde entier. » On retiendra d’ailleurs, qu’il faut remonter en 1920 avec la création du Comité d’Etudes historiques et scientifiques de l’Afrique occidentale française (Aof) pour comprendre les origines et la richesse des collections de l’Ifan, dont l’une des principales missions qui lui a été assignée est de « réunir dans ses musées, ses archives et sa bibliothèque les collections intéressant l’Afrique noire ». Les collections de l’Ifan Ch. A. Diop sont de véritables patrimoines car la mission de recherche de l’Ifan était indissociable de celle de la documentation, révèle le document de base de cette réunion.
Dans l’histoire de l’évolution de l’Ifan, on retiendra que de nombreux chercheurs et techniciens ont effectué des missions de collecte de documents, d’images fixes et animées, de même que du son dans les territoires en majorité francophones, mais aussi anglophones, lusophones et hispanophones, avec l’instruction que : « quelle que soit leur valeur artistique », elles « puissent présenter un intérêt documentaire certain ». Ce rappel a son importance en ce que cette manière de faire a permis à l’institution de recherche de capitaliser depuis 1936, des gisements d’informations sous forme d’objets, de matériaux scientifiques, de documentation, de publications et de résultats de recherche en Sciences naturelles, humaines et sociales et continue, mieux encore que par le passé, à répondre aux besoins scientifiques de l’Afrique noire à laquelle il a œuvré depuis sa création.
Avec le développement fulgurant des Technologies de l’information et de la communication et ses mutations dans l’enseignement et la recherche, l’Institut a aujourd’hui l’ambition de rompre avec sa phase d’accumulation de matériaux scientifiques. Cette nouvelle dynamique impulsée au sein de l’Institut depuis quelques années, a permis de positionner l’Ifan comme un acteur incontournable dans la diffusion et la valorisation de réalités authentiquement africaines.
Le rôle de l’information dans notre société moderne n’est plus à démontrer. Elle devient de plus en plus capitale, et le fait de favoriser et d’accroître son accès est devenu une exigence incontournable dans toute activité d’enseignement, de formation et de recherche. Pour les initiateurs, « Avec les immenses possibilités qu’offrent les technologies de l’information et de la communication, nous devons dans une perspective bien comprise de partage, mutualiser toutes nos ressources et ainsi participer au rendez-vous du donner et du recevoir comme disait le poète. Certes la question des droits de propriété intellectuelle doit être adressée, mais elle ne doit en rien inhiber le partage. L’Ifan se trouve aujourd’hui dans la nécessité de sauvegarder ses collections et d’en assurer une large diffusion. Nous ne remercierons jamais assez nos bailleurs qui nous permettent d’assumer cette mission ainsi que notre partenaire. »
Un modèle de coopération universitaire
Financé par le Fonds francophone des Inforoutes, ce projet intitulé : « Biens culturels africains. Projet de sauvegarde et de valorisation des patrimoines documentaires audiovisuels, iconographiques, sonores et textuels de l’IFAN Ch. A. Diop », devrait être réalisé en partenariat avec l’Université de Toulouse le Mirail. En deux ans, ainsi que d’autres partenaires au niveau national, sous-régional et en Europe.
L’objectif majeur est la sauvegarde, la gestion coordonnée, la valorisation à des fins éducatives, scientifiques et culturelles des collections numérisées de l’IFAN par une vulgarisation scientifique à large échelle grâce aux applications technologiques les plus récentes en matière de gestion de l’information Pour le recteur de l’Université. Selon le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, « Ce devoir de sauvegarde et de diffusion incombe également à toutes les Facultés, institutions et écoles de l’Ucad, qui se sont engagées depuis quelques années autour de programmes communs pour améliorer le processus de production et de diffusion de l’information. C’est ainsi que le nouveau portail de l’Université, le Projet Sist (Système d’Information scientifique et technique), (Scac), le Service commun de la Documentation de l’Ucad, le Cobess (Consortium des Bibliothèques de l’Enseignement Supérieur), la Bibliothèque Virtuelle (Uemoa participent, à l’en croire, au rayonnement de l’Ucad et le Projet « Biens culturels » nous fait nourrir un grand espoir, vu les ressources informationnelles d’une valeur inestimable que renferme l’Ifan, mais aussi les enjeux liés à l’expertise et à l’infrastructure technologique qui seront développées. »
Un défi pour l’excellence
Ces raisons militent en faveur d’un engagement collectif autour de l’Ifan, qui au terme de ce projet devrait être certainement, un pôle d’excellence en numérisation, et servir de levier aux autres institutions d’enseignement et de recherche de l’Université au niveau du Sénégal et de la sous-région. Selon les initiateurs du projet « Cette manifestation d’aujourd’hui marque encore un pas dans le combat acharné que nous menons au quotidien vers l’excellence et le progrès. En termes d’objectifs spécifiques, le projet vise à doter l’IFAN d’une infrastructure logistique et d’une expertise locale aptes à assurer la sauvegarde par la numérisation et la gestion informatisée selon les normes bibliothéconomiques, archivistiques et documentaires universellement établies de l’ensemble des collections de l’IFAN et à accroître l’accessibilité aux patrimoines scientifiques et culturels de l’IFAN par la mise en ligne de bases de données et de documents numérisés au profit de la communauté scientifique mais également du milieu scolaire et des populations non alphabétisées (volet pédagogique et volet appui à l’éducation de base non formelle).. »
Enfin, il s’agit de développer, à partir de l’expérience capitalisée dans le Projet, un pôle d’excellence Ifan-Ebad par la mise en place d’un centre régional de formation pour la gestion numérique de fonds patrimoniaux en Afrique et un Master en iconographie africaine dans le cadre de la réforme Lmd de l’Université. Tournant important dans la vie des universités d’Afrique, il devrait contribuer à accroître l’accès à ses patrimoines documentaires, au renforcement efficace de la coopération à travers des échanges d’informations et à l’instauration de discussions autour de problématiques de recherche pluridisciplinaires portées par ses chercheurs.
Il s’agit en somme, pour l’IFAN Ch. A. Diop, de s’engager résolument dans les voies nouvelles du progrès et des savoirs partagés par l’insertion de son capital cognitif dans un monde en perpétuelle construction.
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