"Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un échec des politiques et des décideurs, mais il faut bien reconnaître qu’ils ne peuvent pas régler à eux seuls les problèmes", a expliqué Youssou N’Dour dans un entretien accordé à l’Associated Press (AP), lors d’un récent passage à Paris début avril.
"You", ainsi que le surnomment ses intimes, dont Peter Gabriel, discret mais présent au moment de l’entretien, estime que "depuis quelques dizaines d’années déjà, il y a une émergence d’artistes engagés, qui soutiennent des causes justes de par le monde". "Nous (les artistes), on parle aux gens d’une autre manière et nous les rallions beaucoup plus vite à une cause, parce qu’on se rassemble tous".
Pour les politiques, celui dont on dit qu’au Sénégal, qu’"il est aussi puissant que le président (Abdoulaye) Wade", ne mâche pas ses mots. "C’est justement dans ce cadre-là que j’interviens, car eux, (les politiques) sont coincés dans des accords, alors que nous, artistes sommes libres de dire les choses", plaide Youssou N’Dour, le regard assagi, derrière ses lunettes noires de bakélite.
Pour l’artiste-militant, il est temps que l’Afrique prenne des initiatives. "Comme tous les combats menés sur le continent (noir), avec la valeur plus que symbolique du Burkina Faso, un pays d’Afrique enclavé, n’ayant donc pas accès à la mer".
"Là où je devrais convaincre mes confrères et consoeurs, j’irais", promet le roi du "mbalax" qui ne veut pas s’encombrer de courriels mais aller sur place rencontrer les prestigieux noms de son carnet d’adresses, où figurent entre autres, les numéros de portables du chanteur de U2 Bono, de la chanteuse Madonna, des acteurs George Clooney, Leonardo DiCaprio ou du footballeur Zinedine Zidane.
Les personnalités invitées au Sommet de Ouagadougou seront soit adoubées par Youssou N’Dour, soit désignées par le vote du public sur Internet, parmi un panel des 500 célébrités de notoriété mondiale, quelque soit leurs activités ou leurs origines.
Parmi elles figurent le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, le romancier brésilien Paolo Coelho, la top modèle britannique Kate Moss, le golfeur américain Tiger Woods, ou la femme la plus puissante des médias aux Etats-Unis, l’animatrice Oprah Winfrey.
Les célébrités élues viendront à Ouagadougou présenter 21 mesures pour la sauvegarde de la planète. Des mesures parfois symboliques, "comme planter un arbre dès l’instant où une carte grise est délivrée n’importe où dans le monde", mais aussi une facilitation à l’accès au microcrédit.
"Tout est admis", conclut celui qui est aussi ambassadeur des Nations-Unies, d’Amnesty International ou du Bureau international du travail (BIT). Et de conclure : "aujourd’hui, l’Afrique et les Africains doivent reprendre les rênes de leur vie, celles de leur destinée".
Interrogé sur le discours de Dakar prononcé en juillet dernier par Nicolas Sarkozy, l’artiste estime que cette allocution a été discutée "par des intellectuels et historiens" mais que, la prononcer devant des étudiants sénégalais était "une erreur symbolique", même si l’artiste, soucieux du détail, plaide que le président français "n’était pas l’auteur de son discours".
Plus incisif, Youssou N’dour n’attend pas de la France qu’elle dise quoi faire aux Africains. "Nous avons une histoire qu’il faut assumer, les bons et les mauvais côtés. Nous avons beaucoup subi, mais nous sommes là, la tête haute", assène-t-il, joignant le geste à la parole. "Du reste, en Afrique, la France n’est plus leader (en terme d’investissements, NDLR) : elle est derrière la Chine et les États-Unis", glisse-t-il dans un sourire.
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