PARIS (AP) - Abdoulaye Wade a reçu mardi le Prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à l'UNESCO, en présence de Jacques Chirac et de sept chefs d'Etat africains. Un hommage qui fait grincer quelques dents au moment où le président sénégalais est contesté dans son pays en raison notamment d'arrestations arbitraires de journalistes ou hommes politiques.
Ce prix "récompense fort justement une pensée et une action mises au service de la paix et de la démocratie, et couronne un parcours politique consacré à la bonne intelligence entre les hommes", a souligné Jacques Chirac lors de la cérémonie de remise du prix. "Chacun sait que vous êtes toujours prêt à vous engager personnellement dans une médiation ou un arbitrage et à proposer des solutions imaginatives à des querelles qui s'éternisent", a-t-il déclaré en s'adressant au président Wade.
"Chacun ici connaît votre détermination en faveur des droits de l'Homme et de la démocratie au Sénégal, une démocratie dont votre élection, au terme d'une alternance exemplaire, a souligné la maturité", a ajouté le président français.
Le prix Houphouët-Boigny a été créé en 1989 par la Conférence générale de l'UNESCO (Fonds des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) afin "d'honorer les personnes, institutions ou organisations qui ont contribué de manière significative à la promotion, à la recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix". A 80 ans, le président Abdoulaye Wade, élu en mars 2000, rejoint ainsi sur la liste des lauréats Nelson Mandela, Shimon Pérès, Juan Carlos ou Frederik de Klerck.
Auparavant, Jacques Chirac avait déjeuné à l'Elysée avec le président Wade ainsi que les présidents tanzanien Jakaya Kikwete, nigérian Olusegun Obasanjo, malien Amadou Toumari Touré, malgache Marc Ravalomanana, comorien Assoumani Azali, ainsi que de Guinée-Bissao Nino Vieira et de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Selon son porte-parole Jérôme Bonnafont, M. Chirac a proposé que cette "rencontre amicale et informelle" soit "placée à la mémoire du président Houphouët-Boigny". Il a rappelé "l'esprit de concorde et de développement économique qui animait l'action de l'ancien président" ivoirien.
La discussion lors du déjeuner a porté "sur la question du développement économique de l'Afrique". Le président français a notamment "réitéré la conviction de la France qu'une aide accrue de la communauté internationale était indispensable, tant sous la forme d'un régime commercial approprié aux besoin des pays pauvres que par la création de mécanismes innovants de financement du développement".
Il a également souhaité que les questions africaines "figurent en priorité à l'ordre du jour" du prochain sommet du G8 à Saint-Petersbourg en juillet. Il entend d'ailleurs proposer au président russe Vladimir Poutine "que le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, ndlr) soit associé à ce sommet".
Avant ce déjeuner, Jacques Chirac s'est brièvement entretenu avec le président tanzanien Jakaya Kikwete, qu'il a "félicité pour l'enracinement de la démocratie en Tanzanie" selon M. Bonnafont.
Le président français s'est dit "convaincu que cette vitalité démocratique et l'élan réformateur que les nouvelles autorités impriment au pays allait permettre de poursuivre sur la voie du développement" et "confirmé au président Kikwete le soutien de la France" notamment pour l'annulation de la dette. Les deux présidents ont aussi évoqué la situation au Burundi, au Darfour, en Côte d'Ivoire ou au Liban. AP
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