Rosarno - Plus d’un millier d’immigrés Africains ont quitté la ville de Rosarno, en Calabre, dans le sud de l’Italie et le calme rétabli, la justice a ouvert une enquête sur une éventuelle implication mafieuse dans les affrontements des derniers jours.
Des immigrés attendent d'être évacués, samedi, dans un bus de la ville de Rosarno (Italie) après des affrontements avec le population locale. (© AFP Carlo Hermann)
Entre jeudi et samedi, ces affrontements ont fait 67 blessés, dont 31 immigrés et le pape Benoît XVI a lancé un appel hier au respect de ces travailleurs.
"Un immigré est un être humain, différent de par sa provenance, sa culture et (ses) traditions mais c’est une personne à respecter et qui a des droits et des devoirs", a-t-il dit. "Nous avons plusieurs enquêtes en cours mais elles ne viennent que de commencer", a dit à l’Afp un officier des Carabiniers à Rosarno sous couvert de l’anonymat à propos d’un rôle possible de la mafia calabraise, la N’drangheta, la plus violente des quatre mafias italiennes.
La N’drangheta est également soupçonnée d’avoir fait exploser en signe d’avertissement une bombe artisanale, il y a une semaine, devant l’entrée du Parquet de Reggio de Calabre, chef-lieu de cette région."Ce n’est pas une coïncidence. Quelques heures après la décision d’envoyer des renforts de policiers et de magistrats à la suite de cette explosion nous avons le début des émeutes de Rosarno", a estimé le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Alfredo Mantovano à la radio publique Rai, assurant que la réponse de l’Etat serait "forte". "Des enquêtes sont en cours", a déclaré hier plus prudemment sur la chaîne d’information en continu Sky TG24, Roberto Maroni, ministre de l’Intérieur, à propos de l’origine des violences à Rosarno.
"Ce sont certainement les hommes de la N’drangheta qui ont tiré sur les immigrés pour prouver qu’ils contrôlent le territoire", a estimé Alberto Cisterna, magistrat du Parquet national anti-mafia dans une interview au quotidien catholique « Avvenire ».Les immigrés étaient descendus dans la rue à Rosarno jeudi soir, détruisant voitures et vitrines de magasin et disant protester contre des tirs contre plusieurs d’entre eux. Le lendemain, des groupes d’habitants se lançaient dans une "chasse à l’immigré" pour se venger."La Police a reconnu des membres des clans locaux de la N’drangheta lors des affrontements avec les immigrés", a indiqué à l’Afp Michele Albanese, journaliste du quotidien local « Il Quotidiano della Calabria ».
"La mafia exploite les immigrés avec cynisme. Les cerveaux criminels savent que les immigrés clandestins ne peuvent même pas tenter de se rebeller car ils sont privés de papiers d’identité et donc de la protection de l’Etat", a dénoncé samedi Luigi Ciotti, un prêtre fondateur de l’association antimafia « Libera ».
Dans un éditorial, « Il Giornale », le quotidien de Droite de la famille Berlusconi, adresse hier un appel provocateur aux habitants de Calabre : "plutôt que sur les nègres, tirez sur les mafieux"."Pourquoi les Calabrais ne tirent-ils pas sur la mafia ? Les immigrés sont pauvres et faibles, laids et sales, des cibles idéales. Le crime organisé, qui tient en échec les forces de l’ordre, est fort, violent, avec un esprit de revanche et donc il convient de ne pas le toucher", estime le quotidien.
Le calme paraissait revenu hier à Rosarno (15.000 habitants) qui s’est vidée de sa population immigrée au cours des deux dernières journées.
Selon la préfecture de Police de Reggio de Calabre, 1.128 immigrés ont quitté les environs de Rosarno, dont plus de 800 transférés vers des centres d’accueil de Crotone et Bari, deux autres villes du sud.
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