AFP avait annoncé la mort de Martin Bouygues par erreur, cascade de démission au sein de l'agence!

 « Fiasco », « catastrophe industrielle », « désastre dont l'AFP ne se relèvera pas avant des décennies », « faute inacceptable » selon le PDG... Les mots n'ont pas été assez durs la semaine dernière pour qualifier l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues le 28 février par la célèbre agence de presse. Ils semblent toutefois à la hauteur de la crise qu’elle traverse depuis. « Cette affaire est vécue comme un véritable traumatisme en interne, confie un journaliste, la voix chevrotante. Publier une fausse information alors que vous faites de la rigueur et de l'exactitude votre marque de fabrique, c'est terrible. »

Bref rappel des faits. 14h27, samedi 28 février. Un « urgent » de l'AFP tombe : « Martin Bouygues est mort (maire) » . Suit, vingt minutes plus tard, une dépêche plus détaillée, notamment sur le lieu du décès (« sa résidence de l'Orne »). Chaînes d'infos, radios, sites internet reprennent en boucle, Twitter est en ébullition. Les premiers démentis de TF1 et Bouygues arrivent une demi-heure plus tard. 15h24 : l'AFP corrige et présente ses excuses. Dans la voiture qui l'amène au même moment au siège de l'agence, place de la Bourse à Paris, Michèle Léridon, la directrice de l'information, qui a géré en urgence la publication du démenti, propose sa démission à son pdg Emmanuel Hoog. Qui refuse.

Les deux savent qu'ils viennent d'entrer dans une grosse zone de turbulences. Les fausses informations, ce n'est pas le genre de la maison. L’AFP, c’est la référence pour les médias – dont la plupart sont d’ailleurs ses clients, un gage de crédibilité et de sérieux. Une enquête interne est annoncée. Rapidement, le correspondant de l'agence à Rennes, auteur de la dépêche, et une rédactrice en chef adjointe, qui l'a validée à Paris, sont pointés du doigt. Quelques règles élémentaires du métier ont été bafouées : vérification d’une rumeur avec pour seule source le maire d'une commune voisine du lieu de résidence (dont la version sur les échanges avec le journaliste évoluera au fil de l'après-midi), non recoupement avec d'autres sources plus officielles type entreprise ou famille, décision de publier une info sensible sans prévenir sa hiérarchie...