En France, l’information est passée presque inaperçue. Au Sénégal, l’affaire a eu davantage d’écho. Rama Yade, future ambassadeur de France à Dakar ? La rumeur est née alors que la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme était en visite privée dans le pays de ses racines. L’UMP garantit pourtant la présence de sa « protégée » aux côtés de Michel Barnier aux élections européennes de juin.
Rama Yade, la secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, n’en finit plus de payer le prix de sa liberté de ton. Ses prises de positions risquées, embarrassantes ou malvenues ont fait d’elle le vilain petit canard du gouvernement que l’on cherche à évincer.
La proposition qui lui a été faite de se présenter en position éligible aux prochaines élections européennes a déjà été perçue comme une première punition, pour cette jeune femme aux ambitions nationales, qui avait une affection particulière pour un mandat local en Ile-de France. Son refus avait déclenché l’ire présidentielle, alors qu’au même moment, Rachida Dati, autre « déplacée » du remaniement ministériel, plus docile acceptait le poste.
Mais alors où placer la jeune femme pour la mettre hors d’état de nuire au niveau national sans pour autant l’effacer du paysage politique ? C’est la question que se sont sans doute posée MM Sarkozy et Fillon lors du remaniement ministériel en janvier. Question d’autant plus délicate qu’un sondage la révèle personnalité politique préférée des Français, devant son propre Ministre de tutelle Bernard Kouchner.
Voici que Bakchich Info livre une information relayée sur soninkara.com : l’idée aurait circulé au gouvernement de nommer Rama Yade… ambassadeur de France au Sénégal. L’occasion de faire d’une pierre deux coups, l’actuel ambassadeur, Jean-Christophe Rufin n’étant plus en odeur de sainteté à Paris. Du déjà vu néanmoins pour évincer poliment les indésirables. On se souvient du cas de David Martinon, ancien porte parole de l’Elysée, envoyé au consulat de Los Angeles en avril 2008 après son retrait dans la course aux municipales.
Dans le cas de l’actuelle secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, l’idée est forte de symbole : Ramatoulaye Yade, sénégalaise d’origine et icône de la réussite sociale, de retour dans le pays de ses racines pour y représenter son pays d’adoption. Simplement, cette idée est tombée sur un os : le Président sénégalais Abdoulaye Wade en personne a posé un veto à cette nomination. En effet, Rama Yade souffre non seulement de ses prises de positions virulentes pour le respect des droits de l’homme au Sénégal, et du passé politique de son père dans le gouvernement socialiste de Léopold Sedar Senghor.
Si ce projet s’avère effectif à l’avenir, il manque à la Secrétaire d’Etat un solide carnet d’adresses pour s’imposer face aux réticences de l’Etat sénégalais. C’est pourquoi Pressafrik annonçait vendredi 20 février le passage de Mlle Yade en visite privée au Sénégal, justifié par sa volonté de se constituer un agenda diplomatique.
Sentant certainement le vent tourner un peu trop fort, un peu trop vite, Rama Yade avale discrètement une couleuvre et fait savoir par la voix de Michel Barnier le 24 février dernier qu’elle « est prête à l’aider » et à s’investir dans les élections européennes, même si la composition des listes est loin d’être révélée.
C.H.
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