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International

Au Trocadéro à Paris, le rassemblement anti-pass sanitaire ou la soupape de toutes les colères

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ALAIN JOCARD VIA AFP
Trocadéro
Dans la capitale, la mobilisation organisée au Trocadéro à l'appel de Florian Philippot a rassemblé des profils très divers aux revendications assez hétéroclites. Reportage.

POLITIQUE - Ils ont eu leur belle photo au Trocadéro: des dizaines de drapeaux français qui flottent au vent, devant la tour Eiffel, pour dire "non" au pass sanitaire. "C'est un peu l'image inversée d'Emmanuel Macron, seul, pendant son allocution le 12 juillet", se réjouissait Florian Philippot, juste avant de s'exprimer à la tribune, le patron des Patriotes, pourfendeur de la "coronafolie", gourmand de montrer au HuffPost, la place emblématique du XVIe arrondissement parisien en train de se remplir.

Les Français opposés à l'extension du sésame vaccinal n'ont pas fait retomber la pression ce samedi 24 juillet. Au contraire, plusieurs milliers d'entre eux se sont rassemblés partout dans le pays pour clamer leur opposition aux mesures actuellement discutées au Sénat après leur adoption par l'Assemblée nationale. Trois manifestations avaient même été déclarées à Paris.

Au Trocadéro, c'est une foule, aux profils -très- divers, qui s'est retrouvée. L'occasion d'arborer des badges "confiner tue", "oui à la vie"; de brandir des pancartes "liberté", "mon corps, mon choix", "stop à la dictature macronienne." Et d'ovationner tour à tour, le personnel soignant, comme les controversés professeurs Perronne et Raoult, ces "héros", entre deux Marseillaises, un tube de Johnny et "Dancing Queen" de Abba. 

Un amas de colère

Si, à la tribune, se sont surtout exprimés des responsables politiques classés à droite de l'échiquier, comme Florian Philippot, le député José Évrard (DLF) ou Jean-Frédéric Poisson, on retrouvait, dans la foule, tous les âges, toutes les sensibilités. Les familles avec poussettes côtoyaient les groupes de jeunes femmes ou de jeunes hommes et reprenaient les slogans "Macron démission" aux côtés de générations plus âgées.

Le tout, sur fond de convergence des colères, ou inquiétudes, tout aussi hétéroclites, entre antivaccins ou simples sceptiques, défenseurs des libertés, ou adeptes des théories complotistes. Évidemment, l'immense majorité ne s'est pas risquée aux comparaisons outrancières qui, ont, une nouvelle fois, jailli de la foule. Beaucoup les condamnent. "Ce sont des imbéciles", fustigeait Christine, une quadragénaire travaillant dans le social, particulièrement agacée de voir ces manifestants et leurs étoiles jaunes dévoyer le mouvement: "Ils ne se rendent pas compte de ce que ça représente pour les gens qui l'ont vraiment vécu."

Mais, au-delà de ces divergences, tous, ce samedi, semblaient partager une forme de ligne directrice: celle d'une colère profonde à l'égard du chef de l'État, pour ses récentes décisions ou ses plus anciennes.

Pour ce qui est des opposants récurrents à Emmanuel Macron, plusieurs dizaines de gilets jaunes sont venus garnir les rangs de cette mobilisation anti-pass. Marie-Laure, une animatrice sociale en Eure-et-Loire, mobilisée depuis le premier jour nous expliquait manifester autant contre le pass sanitaire que pour ses revendications sociales. "Ce sont les gilets jaunes qui m'ont fait descendre dans la rue pour boucler mes fins de mois, et depuis j'ai découvert tout le reste, l'enfumage global de nos politiques", nous a dit celle qui avait déjà fait le déplacement à Paris, au cours de la semaine, pour se faire entendre devant l'Assemblée nationale et refuser le "nouvel ordre mondial."

La peur de la fracture

Et ce, quitte à faire du covoiturage depuis Chartres, puisque "cela représente un coût physique, mais aussi économique", toujours selon ses mots. Une détermination qui en dit long sur ce que représente, pour certains, le pass sanitaire. Ou le vaccin, que nombre de manifestants se bornent à qualifier "d'injection expérimentale."

C'est le cas également de Lylia, une aide-soignante, venue protester, avec sa blouse, contre le pass sanitaire. "On nous fait du chantage sur un essai clinique", fustigeait-elle, la vingtaine, assumant de quitter son poste en Seine-et-Marne, quand l'obligation vaccinale sera en vigueur. Même chose pour Maxime, infirmier en région parisienne, qui qualifie de "trahison" le fait de "forcer" les soignants à passer sous l'aiguille après les avoir portés aux nues au début de la pandémie.

Je ne suis pas scientifique, donc je ne me prononce pas sur le vaccin, mais je sais en revanche qu'on bafoue mes droits
Nicole, une quadragénaire qui manifestait pour la première fois

Nicole, elle, qui manifestait pour la première fois, n'est pas antivax. Elle l'a même écrit sur la pancarte accrochée autour de son cou. "Je viens simplement manifester pour mes droits", nous a expliqué cette quadra, de gauche, qui travaille en périphérie parisienne, atterrée par la "discrimination scandaleuse" entre les personnes vaccinées, et les autres. "On nous empêche de circuler parce qu'on ne pense pas comme le président de la République", fustigeait-elle, avant d'ajouter: "Je ne suis pas scientifique, donc je ne me prononce pas sur le vaccin, mais je sais en revanche qu'on bafoue mes droits."

Quant aux militants plus radicaux, ils avaient également leur place dans la mobilisation. Plusieurs heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre, non loin du grand raout organisé par Philippot et les siens. Dans la foule, c'est un gilet jaune qui nous a pris à partie, promettant aux journalistes et à leur "caste" de "passer devant le tribunal populaire", entre autres. Une scène moins reluisante que les drapeaux du Trocadéro.


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