François Hollande est sorti de sa réserve, mardi, pour mettre en garde son successeur à l'Elysée contre les risques d'une trop grande flexibilisation du marché du travail, qui pourrait, selon lui, entraîner des "ruptures". "Il ne faudrait pas demander des sacrifices aux Français qui ne sont pas utiles", a dit l'ex-chef de l'Etat à la presse en marge du festival de cinéma d'Angoulême (Charente). "Il ne faudrait pas flexibiliser le marché du travail au-delà de ce que nous avons déjà fait, au risque de créer des ruptures", a-t-il ajouté, alors que le gouvernement est en train d'achever les consultations sur les ordonnances prolongeant et amplifiant la loi El Khomri votée sous son quinquennat.
François Hollande s'était jusqu'à présent abstenu de commenter l'action de son ancien conseiller et ministre de l'Economie Emmanuel Macron, élu à la présidence de la République en mai dernier. Le gouvernement doit lever cette semaine un coin de voile sur des ordonnances réformant le marché du travail, avant la présentation des textes définitifs le 31 août au terme de plusieurs semaines de discussions avec les partenaires sociaux.
En 2016, le gouvernement avait déclenché l'ire de certains syndicats, CGT et Force ouvrière en tête, avec sa loi Travail, un des derniers grands chantiers du quinquennat Hollande. Ce texte avait été adopté malgré une longue série de manifestations et de fortes résistances dans la majorité socialiste, ce qui avait conduit le gouvernement à recourir à la procédure prévue par l'article 49-3 de la Constitution qui permet d'éviter un vote solennel sur un projet de loi.
MAILLY JUGE HOLLANDE "MAL PLACÉ"
François Hollande a invité Emmanuel Macron à inscrire son action dans la continuité des mesures prises sous sa présidence pour relancer l'économie et faire baisser le chômage. "Ce qu'il faut, c'est conforter le mouvement qui est engagé, l'investissement, la consommation, le pouvoir d'achat et éviter toute décision qui viendrait contrarier ce mouvement qui est engagé", a estimé l'ancien chef de l'Etat. Il s'est attribué au moins partiellement le mérite de l'embellie que connaît actuellement l'économie française. "C'est vrai que les résultats sont là et qu'ils étaient d'ailleurs apparus dans les derniers mois du quinquennat et qu'ils sont encore plus manifestes aujourd'hui", a-t-il dit.
"On a vu qu'à partir de 2015, la croissance était revenue, le chômage commençait à diminuer." Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, qui a adopté une position beaucoup plus conciliante à l'égard d'Emmanuel Macron qu'envers François Hollande, a jugé l'ancien chef de l'Etat "mal placé pour donner des conseils". "Parce que ça n'a pas été un expert du dialogue social, c'est le moins qu'on puisse dire", a déclaré le syndicaliste à BFM TV.
"L'année dernière, je me souviens très bien, sur la méthode (...), c'était un raté complet, il n'a pas concerté." Jean-Claude Mailly a également reproché à François Hollande d'avoir "flexibilisé" le marché du travail "sans beaucoup de sécurité" pour les salariés. "Nous, on n'est toujours pas d'accord avec la loi de l'année dernière", a ajouté le numéro un de FO. "Là (...) on est en train d'essayer de corriger."
Simon Carraud et Myriam Rivet, avec Caroline Pailliez, édité par Emmanuel Jarry
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