C’est à la limite une insulte à notre démocratie que de la comparer avec l’Egypte ou la Tunisie, deux pays qui viennent de respirer le vent de la liberté d’expression, après des décennies d’enfermement dans la dictature.
A croire certains observateurs de la scène politique, analystes et leaders d’opinion, le vent de révolte, de protestation et de révolution qui balaie les pays du Maghreb pourrait bien souffler sur les côtes sénégalaises. C’est en effet méconnaître notre pays et sa culture démocratique malgré les reproches multiples que l’on peut faire au régime de l’alternance et ses scandales à répétition dont les nouveaux font oublier les précédents. Il convient de rappeler à certains politiques que dans notre pays, - qui survit tant bien que mal aux tentatives multiples de musèlement de la presse et autres atteintes à la liberté d’expression, - la seule voie légale pour exprimer son ras-le-bol demeure les urnes, et nulle part ailleurs, en dehors des marches pacifiques garanties par le texte constitutionnel.
C’est à la limite irresponsable que de souhaiter ou d’appeler les Sénégalais, de manière voilée, à descendre dans la rue pour demander le départ d’un président démocratiquement élu. Pour l’’Egypte et la Tunisie, la démocratie est une découverte, une notion qui jusqu’ici n’avait rien de concret, un long processus qui mettra des décennies à aboutir. Notre pays, osons le dire, et soyons en flattés, ne boxe pas dans la même catégorie que les « démoctatures » arabes. Les élections y sont régulières, libres et démocratiques, quoiqu’il n’existe aucun pays au monde où le suffrage universel ne souffrirait de contestation. L’Amérique, la plus grande démocratie au monde, en est l’exemple le plus patent, avec l’élection très controversée de George W. Bush en 2000.
Pour en revenir à la comparaison insensée entre le Sénégal et les pays du Maghreb, ces derniers viennent de chasser leur président respectif, et vont, dans les jours qui viennent, le remplacer par un autre après élection. Exactement ce qu’a fait le Sénégal en 2000, de manière démocratique, avec le « Tout sauf Diouf », slogan d’une coalition de partis politiques d’opposition.
Dix années après, bon nombre de nos compatriotes semblent regretter la période Diouf ; jamais un régime n’était tombé si bas dans l’impopularité. Les héros de la révolution de 2000 sont devenus ses propres détracteurs pour la plupart, confirmant de fait la théorie d’Albert Camus, qui préférait la révolte à la révolution, car cette dernière consiste tout bonnement à faire ce que les Sénégalais ont fait en 2000, c'est-à-dire remplacer Abdou par Abdoulaye, Diouf par Wade, et Elisabeth par Viviane. Devant l’absence d’un leader charismatique crédible et à même de fédérer l’opposition sénégalaise comme ce fut le cas en 2000, les électeurs seraient tentés de reproduire en 2012 le même scénario qui a porté l’opposant Wade au pouvoir.
Faudra-t-il faire partir Wade à tout prix à l’issue des élections de 2012, au cas où le Conseil Constitutionnel autoriserait sa candidature ? Voilà une question qui mérite mûre réflexion, même si entre temps, l’on peut souhaiter à la Tunisie et à l’Egypte la bienvenue dans l’apprentissage de la démocratie.
Momar Mbaye
10 Commentaires
Fékké
En Février, 2011 (11:40 AM)Ibzo
En Février, 2011 (11:57 AM)Serign Toubab
En Février, 2011 (11:58 AM)Vous confondez "culture démocratique" et couardise !!!!!
Sampoulo
En Février, 2011 (16:03 PM)Ibzo
En Février, 2011 (16:06 PM)Sambatagoloniaye
En Février, 2011 (16:29 PM)Ou tout simplement Mo-maar est naif?!
Une democratie ou le president fait tout ce qu'il veut 14 Modifications de la constitutions a sa guise?
Nduh
En Février, 2011 (16:31 PM)Sadakhta
En Février, 2011 (16:48 PM)Si Wade fait du forcing pour se presenter aux elections de 2012 en tripotant la Constitution , alors il sera forcement soumis a la regle "Ben Ali et Moubarak"
Hhhgf
En Février, 2011 (05:13 AM)Bro
En Février, 2011 (16:01 PM)Participer à la Discussion