Écrit par Mouhamadou THIAM
La réalisation de l’Union africaine est encore loin. C’est le constat qui se dégage d’un panel réuni, hier, sous l’égide de la Fondation Konrad Adenauer sur le thème : «L’Union européenne, un modèle pour l’Union africaine».
La réalisation d’une Union africaine, à l’image de celle des pays européens, souffre d’une absence de leadership politique, constate le député Ibrahima Diouf «Niokhobaye». Une absence qui ajoutée à la diversité des acteurs et à l’équation de l’existence d’une volonté commune des pays, pousse le parlementaire à prédire un chemin encore long pour ce processus. M. Diouf qui participait à une table-ronde qui s’est tenue hier dans les locaux de la Fondation Konrad Adenauer autour du thème : «L’Union européenne, un modèle pour l’Union africaine», estime en outre que les bases de l’intégration africaine ont déjà été jetées, mais qu’en définitive, «très peu de réalisations concrètes ont été faites». Se referant aux difficultés liées à l’application de certaines directives relatives à la libre circulation des biens et des personnes ou à l’équivalence des diplômes, le député conclut : «Il va être extrêmement difficile de prendre l’Ue en exemple.»
Le Pr Ludger Kuehnhardt, directeur du Centre de recherche de l’intégration européenne (Zei), qui a introduit le thème en présentant une réflexion poussée sur le processus d’intégration en Europe, pose d’emblée un postulat : «L’intégration n’est pas un phénomène qu’on peut copier chez les autres.» Toutefois, le cas de l’Union européenne présente, selon lui, un intérêt pour les Africains en ce sens qu’il ne s’est pas fait sans heurt. Cette intégration, qui sonne, selon le chercheur allemand, comme un «gigantesque succès» aujourd’hui, a puisé sa force dans les nombreuses crises auxquelles elle a été confrontée tout au long de son histoire qui a débuté après la deuxième Guerre mondiale.
En effet, l’Union européenne (Ue) s’est trouvée très souvent en proie à des crises dont la plus profonde reste celle qu’elle vit actuellement sur la question du Traitée de Lisbonne sur la Constitution européenne. Aujourd’hui, si toutes ces crises ont pu être surmontées, «c’est grâce à la volonté politique commune des Etats» qui a permis de toujours trouver des compromis et ainsi de «relancer le processus après chaque crise», constate le chercheur allemand. Mais ce processus ne s’est pas fait sans ce qu’il appelle des préconditions définitives, à savoir la stabilité politique et la paix. Un facteur qui explique qu’à ce jour, les pays des Balkans restent en dehors de l’Union.
Les questions économiques tiennent également une place de choix dans ce processus du fait de la différence économique entre pays. Du géant nigérian au plus petit des Etats africains, les intérêts ne sont pas toujours les mêmes et posent problème dans une perspective de monnaie unique. Mais tous s’accordent à dire que le rôle central reste celui que les communautés sont appelées à jouer après que les dirigeants ont «raté beaucoup d’opportunités de réaliser l’Union». La dernière en date étant, selon Pape Nalla Fall du secteur privé sénégalais, synonyme de «manque de courage» pour la création d’un gouvernement de l’Afrique.
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