Au lendemain de la vague verte aux municipales, Emmanuel Macron a reçu lundi à l'Élysée les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat. Face à eux, le président a annoncé que 15 milliards d'euros supplémentaires seraient injectés sur deux ans pour la "conversion écologique" de la France.
La rencontre était prévue de longue date, mais elle tombe à pic. Au lendemain de la victoire des écologistes dans plusieurs grandes villes de France, Emmanuel Macron a accueilli à l'Élysée, le 29 juin, les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC). Venus des quatre coins du pays, ces Français tirés au sort avaient été chargés l'an dernier de réfléchir à un "paquet" de solutions contre le réchauffement climatique.
Après avoir travaillé durant neuf mois, les membres du CCC ont rendu, le 21 juin, leurs 149 propositions pour réduire de 40 % les gaz à effet de serre en France d'ici à 2030, le tout dans un souci de justice sociale. Un travail de fond et un engagement salué par Emmanuel Macron, qui s'est adressé à eux dans les jardins de l'Élysée lors d'un discours de plus de 40 minutes.
"Agissons" : le président respectera son "contrat moral"
Le président français a assuré qu'il allait transmettre au Parlement, ou encore soumettre à référendum, "la totalité des propositions" de la Convention citoyenne pour le climat, "à l'exception de trois d'entre elles", a-t-il annoncé. Certaines seront décidées dès la fin juillet, d'autres intégrées au plan de relance, mais la plupart feront l'objet d'un "projet de loi spécifique" multi-mesures en septembre, a-t-il précisé.
Il a également promis des moyens : 15 milliards d'euros supplémentaires pour la transformation écologique sur deux ans, promettant la mise en place d'un "fonds de transformation écologique de notre économie dans le plan de relance", pour notamment "investir dans les transports propres, rénover nos bâtiments" et "inventer les industries de demain".
Convention citoyenne pour le climat : Emmanuel Macron salue une "démocratie délibérative"
Emmanuel Macron s'est également dit "prêt" lundi à soumettre à des référendums dès 2021 certaines propositions de la Convention citoyenne pour le climat, d'une part pour modifier la Constitution, d'autre part pour des mesures spécifiques. "La réécriture de l'article 1er de notre Constitution (...) pour introduire les notions de biodiversité, d'environnement, de lutte contre le réchauffement climatique (...), je suis favorable à cette proposition", a-t-il dit, en se disant aussi ouvert à un référendum "sur un ou plusieurs textes de loi" reprenant d'autres propositions de la Convention.
Les "trois jokers" du président
En revanche, le président a écarté la proposition de réduire la vitesse maximale sur les autoroutes de 130 à 110 km/h. "La transition écologique ne doit pas se faire au détriment des communes, des régions les plus enclavées", a plaidé le chef de l'État, expliquant aussi vouloir éviter que les travaux de la convention ne "s'abîment dans une polémique".
Il a également rejeté la taxe de 4 % sur les dividendes proposée par la Convention, qui selon lui "découragerait l'investissement". Concernant une autre mesure proposée par la Convention, un moratoire sur l'accord commercial UE-Canada (Ceta), Emmanuel Macron a déclaré : "Je vous réponds, continuons à évaluer".
Il a enfin écarté la demande de réécrire le préambule de la Constitution pour "placer l'environnement au-dessus de nos autres valeurs fondamentales".
Neuf mois de travaux intenses
Le président était très attendu, et il le savait. "On a rempli notre part du deal. On attend donc qu'Emmanuel Macron respecte son engagement à son tour", a tweeté la CCC lundi, avant le discours du président.
"Le groupe est très fier et honoré d'être reçu ici [à l'Élysée] après neuf mois de travaux très intenses. Il y a eu beaucoup de remises en question, beaucoup de doutes et d'énergie investie dans tout ça. C'est un accomplissement fort d'être là aujourd'hui", explique à France 24 Amandine Roggeman, membre de la CCC.
"Mais on a aussi beaucoup de pression après la vague verte de dimanche. Je sais que l'on est attendu aussi à notre niveau. Et ce qui se passe aujourd'hui est le syndrome d'un moment politique très fort et qui nous dépasse", analyse-t-elle.
La Convention pour le climat reçue à l'Elysée : "C'est un accomplissement fort pour nous"
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