Le président du conseil scientifique constate que les Français ont abandonné les gestes barrières et craint les conséquences de ce relâchement, dans deux entretiens accordés à Libération et à l'AFP publiés jeudi.
Les Français ont abandonné les gestes barrières indispensables pour empêcher la propagation du nouveau coronavirus, s'inquiète le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, dans des interviews avec Libération et l’AFP, publiées jeudi 9 juillet.
Plusieurs pays d'Europe comme l'Espagne ou le Portugal ont déjà reconfiné certaines régions après avoir détecté des foyers de contamination.
"En France, cela va globalement bien, tous les marqueurs de Santé publique France sont positifs. Par exemple, nous venons de passer le délai de quinze jours après la Fête de la musique, sans rebond. Tout cela est encourageant", souligne dans Libération le médecin, qui vient d'être prolongé à la tête de ce comité chargé de conseiller le gouvernement face au Covid-19 jusqu’à l’automne.
"En même temps, nous sommes frappés par le fait que les Français, en général, ont abandonné les gestes barrières… Les mesures de distanciation sociale sont de moins en moins appliquées, sauf dans les transports – et la population la plus âgée reste, elle, vigilante et fait attention", ajoute-t-il. "J'avais déjà évoqué l'idée qu'on aurait un été plus simple, mais c'est à condition que les mesures de distanciation sociale se poursuivent et soient appliquées par l'ensemble de nos concitoyens, ajoute-t-il à l’AFP. Si nos concitoyens continuent à s'écarter de ces mesures, le risque d'une reprise, un peu différente, avant la fin de l'été reste toujours possible."
"Est-ce que ce relâchement va avoir des conséquences ?"
"Voilà le tableau : est-ce que ce relâchement va avoir des conséquences ?", interroge Jean-François Delfraissy dans Libération, avant de répondre : "Nous sommes à la merci d'un rassemblement où il y aurait un ou plusieurs 'supercontaminateurs', qui peuvent infecter jusqu'à 50, 100 personnes, comme cela fût le cas à Mulhouse en février."
Interrogé sur la possibilité d'une reprise de l'épidémie à l'automne, le président du conseil scientifique estime "logique de s'attendre à un retour de ce coronavirus, de l'hémisphère sud vers le nord", "le plus probable [étant] un retour en octobre ou novembre". "On est extrêmement frappé par ce qui se passe dans l'hémisphère Sud en ce moment, qui est en hiver austral : l'épidémie est en train de flamber, en Amérique du Sud, en Afrique du Sud, en Australie, qui vient de confiner Melbourne alors que ce pays était jusqu'à maintenant extrêmement protégé", commente-t-il à l’AFP.
La France a enregistré mercredi 32 nouveaux décès dus au Covid-19 en l'espace de 24 heures, ce qui porte le bilan de l'épidémie à 29 965 morts depuis le 1er mars, selon le point quotidien de la Direction générale de la santé (DGS).
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