Des milliers de personnes ont défilé dimanche dans les rues de
plusieurs villes russes pour protester contre le retour de Vladimir
Poutine au Kremlin, à la veille de son investiture officielle, même si
les rassemblements semblent en-deçà des attentes de l'opposition.
Au moins 20.000 personnes ont défilé à Moscou, scandant "La Russie sans Poutine", "Poutine voleur".
"L'histoire nous montre que si une personne gouverne pendant
longtemps, surtout en utilisant des méthodes de dictateur, rien de bon
n'en ressort pour le pays", a déclaré à Reuters un vétéran de la Seconde
Guerre mondiale, âgé de 85 ans.
Muni d'une pancarte "Poutine a perdu ma confiance", Andreï
Assianov, 44 ans, témoigne pour sa part de sa désillusion. "J'ai fait
confiance à Poutine tant qu'il a gouverné dans les règles de la
constitution mais notre loi limite la présidence à deux mandats
consécutifs. Lui et son clown (le président sortant Dmitri Medvedev) se
sont assis sur cette règle", a-t-il déclaré.
Président de 2000 à 2008 puis Premier ministre de 2008 à 2012,
Vladimir Poutine, 59 ans, sera officiellement investi lundi pour un
troisième mandat de chef de l'Etat, d'une durée de six ans cette fois.
Il recevra également la bénédiction du chef de l'Eglise orthodoxe russe.
Il a démenti les accusations de fraude portées aussi bien après
le scrutin présidentiel qu'à la suite de la victoire de son parti Russie
unie aux législatives du 4 décembre.
VIOLENCES À MOSCOU
Les manifestations à Moscou ont été également marquées par des
violences et des arrestations d'opposants. Des policiers anti-émeutes
ont emmené des dizaines de manifestants, dont au moins deux dirigeants
de l'opposition - le blogueur Alexeï Navalni et Sergueï Oudaltsov -, à
la suite d'échauffourées avec des opposants, ont rapporté des témoins.
Un long cordon de policiers Omon, du ministère de l'Intérieur, a
refoulé les manifestants, frappant certains à la tête, sur une place
faisant face au Kremlin, sur la rive opposée de la Moskova. Certains
manifestants ont lancé des bouteilles en plastique et l'un d'eux a jeté
une bombe incendiaire, ont constaté des journalistes de Reuters.
La manifestation a été endeuillée par la mort d'un photographe,
tombé d'un balcon alors qu'il tentait de prendre des photos, a rapporté
l'agence Itar-Tass.
A Vladivostok, une centaine de manifestants se sont par ailleurs
rassemblés sur la place centrale selon des témoins, déroulant une
bannière sur laquelle on pouvait lire : "Poutine n'est pas notre
président", une allusion aux accusations de fraude lors de l'élection
présidentielle du 4 mars. Certains ont défilé en portant un cercueil
noir sur lequel figurait le mot "démocratie".
Six manifestants ont été arrêtés après le rassemblement, selon
des partisans de l'opposition. La police a également arrêté dix
manifestants dans la ville de Kourgan, dans l'Oural, et plusieurs ont
été emmenés par la police dans la ville de Kemerovo, en Sibérie
occidentale, selon des médias russes.
Vladimir Poutine a fait mine d'ignorer les manifestations en
participant à une cérémonie religieuse organisée à l'occasion du
transfert d'une icône vénérée à l'Eglise orthodoxe russe.
"SOUFFLE RETOMBE"
Le souffle de la protestation semble malgré tout être retombé
depuis la victoire de Vladimir Poutine le 4 mars dernier, alors que
l'opposition attendait un million de manifestants à Moscou.
"Le temps des manifestations massives est terminé en l'absence
d'événements politiques susceptibles d'entraîner une indignation de
masse. Seuls restent les problèmes locaux", a déclaré Alexeï Moukhine,
analyste politique au Centre pour l'information politique.
A leur paroxysme, les manifestations contre Vladimir Poutine ont
attiré des dizaines de milliers de personnes à Moscou et
Saint-Pétersbourg, sans prendre toutefois réellement dans les autres
villes de Russie.
2 Commentaires
Moha
En Mai, 2012 (18:35 PM)Tres Bien
En Mai, 2012 (01:41 AM)Participer à la Discussion