Cinq ans après la révolution qui chassa le raïs du pouvoir, plusieurs enquêtes sont encore ouvertes pour blanchiment, corruption mais aussi pour meurtre. A 87 ans, lui, n'est plus qu'une ombre qui plane sur le pays.
D'Hosni Moubarak, chassé du pouvoir le 25 janvier 2011, il ne reste plus grand chose aujourd'hui au Caire. Le siège du Parti national démocrate, qui jouxte la célèbre place Tahrir, a été démoli en 2015. Et l'homme lui-même semble avoir disparu. Agé de 87 ans, il a passé le plus clair de son temps détenu dans un hôpital militaire du Caire depuis la révolte de 2011.
Ses apparitions aux procès auxquels il est convoqué se font rares, entraînant des renvois d'audience sans fin, ce qui a conduit certains observateurs à supposer que la faiblesse est feinte pour échapper à ses juges. Reste que les procédures judiciaires à son encontre sont toujours en cours.
Accusé de meurtres
Moubarak a été poursuivi pour meurtre concernant la mort de manifestants durant la révolution de 2011. Condamné en juin 2012 en première instance à la prison à vie, il a, lors d'un deuxième jugement, bénéficié d'un abandon des charges. Le parquet avait cependant introduit un recours en cassation et, en juin 2015, la Cour de cassation a donc ordonné un nouveau procès prévu en novembre, puis reporté au 21 janvier 2016. Mais, toujours en raison de l'absence du prévenu pour raisons médicales, le procès a une nouvelle fois été reporté au 7 avril prochain.
Accusé de corruption
Après, plusieurs péripéties judiciaires, l'ancien raïs et ses deux fils Alaa et Gamal ont été condamnés en mai dernier, à l'issue d'un jugement en appel, à trois années de prison pour avoir détourné plus de 10 millions d'euros de fonds publics pour l'entretien des palais présidentiels. Ils avaient alors interjeté appel devant la Cour de cassation, mais celle-ci a rejeté cette requête, confirmant ainsi la peine de prison.
La justice a toutefois ordonné en octobre la remise en liberté des deux fils, arguant que le temps qu'ils avaient passé derrière les barreaux en détention provisoire depuis la révolte de 2011 couvrait leur peine.
Accusé de blanchiment d'argent
L'argent du clan Moubarak est lui aussi au centre de nombreuses spéculations et enquêtes, notamment en Suisse où plusieurs millions d'euros ont été déposés par la famille. La justice suisse tente de déterminer si les quelque 590 millions de francs suisses (539 millions d'euros) déposés sur différents comptes sont issus de blanchiment d'argent ou d'activités criminelles. Les comptes de 14 personnes sont visés par cette enquête.
Après la révolte de 2011, la Suisse avait gelé environ 700 millions de francs suisses (640 millions d'euros) appartenant à l'ex-raïs ou à ses proches. En décembre 2013, le journal suisse "Le Matin Dimanche" avait révélé que 300 millions de dollars d'avoirs égyptiens gelés par les autorités et appartenant aux fils Moubarak, Alaa et Gamal, se trouvaient sur les comptes de la grande banque helvétique Crédit Suisse. Une somme qui représente près de 40% des 700 millions de francs gelés par Berne, selon le quotidien.
Valse des procès
Reste qu'en Egypte, une révolution en chassant une autre, ces procès sont désormais éclipsés par ceux de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, renversé par l'armée en 2013. Ce dernier a été condamné à mort ou à la prison à vie dans plusieurs affaires, aux côtés de plusieurs dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans.
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