AP - CHICAGO - S'il permet d'y voir plus clair dans le camp républicain, John McCain ayant désormais une avance quasi insurmontable sur Mitt Romney et Mike Huckabee, le "Super Tuesday" des primaires américaines laisse les démocrates sans champion, le bras-de-fer Hillary Clinton-Barack Obama n'ayant toujours pas rendu son verdict.
Côté démocrate, on attendait une victoire par KO de l'un ou l'autre des deux favoris dès les premiers Etats, comme c'est la coutume dans la course aux primaires. Il n'en a rien été, Clinton et Obama restant constamment au coude à coude, même au sortir d'une consultation groupée dans 22 Etats que l'on espérait décisive.
Il faudra donc les voix d'autres électeurs démocrates pour désigner le candidat du parti de l'Ane pour la présidentielle de novembre, la première femme ou le premier Noir à pouvoir briguer la Maison Blanche.
Longtemps seule en tête des sondages, la sénatrice de New York partait en position de force. Mais Obama a remporté l'Iowa et pris un ascendant que sa rivale a inversé dès l'étape suivante dans le New Hampshire. Leur duel ne cesse depuis de rebondir, aucun des deux candidats ne parvenant à éliminer l'autre, ce qui donne à suivre la primaire démocrate la plus ouverte depuis 1984.
"Nous nous préparons à l'idée que cela dure encore", a confié mardi le directeur de campagne d'Obama, David Plouffe.
Le sénateur noir de l'Illinois est sorti vainqueur dans 13 Etats, contre huit à sa rivale. Mais cette dernière a enlevé plusieurs des Etats les plus prisés, comme la Californie, New York et le New Jersey, particulièrement riches en délégués.
Tous deux ont marqué des points dans tout le pays: le Midwest et les plaines centrales pour Obama, le Nord-Est pour Clinton, le Sud étant partagé après la victoire du candidat noir en Caroline du Sud fin janvier. Mais l'ex-First Lady a frappé un grand coup en enlevant la Californie, où 370 délégués étaient en jeu. Un succès crucial qu'elle doit en partie au soutien massif des communautés hispanique et asiatique.
Hillary Clinton semble avoir réussi à inverser la dynamique pro-Obama qu'avait générée la primaire de Caroline du Sud, des fonds record engrangés en janvier (32 millions de dollars, contre 13 millions à Hillary Clinton) et l'appui apporté par différents membres du clan Kennedy au candidat afro-américain.
Les deux camps reconnaissent qu'Obama part favori dans bon nombre des Etats et territoires qui se prononceront dans les prochains jours: la Louisiane et le Nebraska samedi, le Maryland, la Virginie et Washington D.C. mardi. La démographie y sera un facteur déterminant.
"Au-delà du résultat final, cette nuit de février nous a appris une chose: notre temps est venu", a souligné Obama après le scrutin en Californie. "Notre temps est venu, notre mouvement est vrai et le changement arrive en Amérique."
Face à cet adversaire indécramponnable, Clinton compte sur des Etats comme l'Ohio, où les sondages lui accordent une avance de 20 points pour la primaire du 4 mars, et sur une série de quatre débats, prévus ce mois, pour lesquels le camp Obama tarde à donner son accord, y voyant une "tactique classique".
La situation est bien sûr tout autre chez les républicains qui, sauf surprise, devraient investir John McCain début septembre. Le sénateur de l'Arizona a en effet accumulé une telle avance après le "Super Tuesday" qu'il n'a plus de rival, malgré la résistance du mormon Mitt Romney, ex-gouverneur du Massachusetts, et de l'ancien pasteur Mike Huckabee. Il lui reste à présent à convaincre les conservateurs qui doutent encore de la candidature de ce pourfendeur de l'establishment, partisan d'une guerre très impopulaire en Irak et "loser" lors des primaires de 2000.
"Je suis persuadé ce soir, comme je l'ai toujours été, que nous pouvons gagner en novembre en unissant notre parti, en faisant que notre pays reste un pays sûr, fier, prospère et libre, et en nous montrant convaincants à l'égard des indépendants et des membres éclairés de l'autre parti", a plaidé McCain, comptant ouvertement sur les électeurs démocrates transfuges pour s'imposer à la présidentielle.
Avant cette échéance, il lui faudra en finir définitivement avec Romney et la véritable surprise de ce "Super Tuesday", le revenant Huckabee, tous deux victorieux dans cinq Etats mardi. Le vétéran du Vietnam devra pour cela attendre les primaires de Louisiane et du Kansas samedi, de Virginie, du Maryland et de Washington D.C. mardi. AP
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