Lleida, 12 sept (APS) - Alcarras. Petite cité de la Catalogne dans le nord-est de l'Espagne, à environ plus de 500 km de Madrid. Des exploitations de pommes et de poires s'étendent à perte de vue. C'est vers cet endroit que de nombreux Africains qui ont voyagé par les pirogues ont convergé dans l'espoir de travailler dans la cueillette. Mais dans deux semaines, c'en sera fini de la saison des fruits qui va s'achever.
La période des récoltes s'étire entre mai et septembre. Ce mardi, il a plu abondamment dans la localité. Les champs sont déserts, car les conditions de travail s'avèrent difficiles avec la pluie. Dans un bar, face à l'église de la ville, de jeunes Africains devisent en sirotant des boissons.
Pour la plupart, ils étaient venus voir s'il y avait quelque chose à faire. Il va falloir se rendre à la raison, ils ne trouveront pas d'employeur en ce jour de pluie. ''De toute façon, dit un Guinéen c'est comme à la loterie, il faut tenter sa chance. Le travail est irrégulier et si vous trouvez quelque chose c'est pour environ quatre euros (2.600 FCFA) pour chaque heure de travail''.
Parmi ceux qui sont venus ces derniers temps chercher du travail figurent des ressortissants de Guet-Ndar, renseigne E. Faye, un Sénégalais employé dans une ONG. Aujourd'hui, les Sénégalais trouvés dans le bar ne veulent pas parler de leurs conditions de vie.
A quelques minutes de route d'Alcarras, se trouve la ville de Lleida. D'après Xavier Aluja Farre, un des responsables à la mairie de la ville des questions de l'immigration, environ 700 Sénégalais sont établis dans la cité. Ils ont une bonne réputation et sont très actifs dans le mouvement associatif. Mais il reconnaît aujourd'hui que dans la ville, une certaine exaspération est perceptible au sein des autochtones. ''La ville ne peut pas absorber tous ceux qui arrivent, il y a des problèmes, nous ne pouvons pas les assister, c'est du ressort de l'Etat''.
En effet, Lleida a vu arriver beaucoup d'immigrés ces dernières semaines qui, n'ayant pas où s'installer ont investi certaines places ou maisons désaffectées. Pour dormir sur des cartons. M. Bâ, un Sénégalais de Lleida, trouve que les Africains qui vivent en Espagne se sont battus ces dernières années pour conquérir des droits mais il n'exclut pas l'éventualité de voir certains remis en cause avec l'afflux massif des Africains sur les côtes canariennes.
Plus nuancé, E .Faye trouve, lui, que la presse espagnole a un peu exagéré l'ampleur du flux migratoire par sa couverture de l'évènement. ''Ce qui se passe à la frontière avec Andorre où pénètrent des milliers de Pakistanais et d'Ukrainiens est autrement plus important'', estime-t-il.
En tout cas, les télévisons espagnoles consacrent un grand temps d'antenne à l'arrivée des pirogues. Ce matin, il était question dans leurs titres ''D'avalanche d'immigrés'' ou ''Les Iles Canaries débordées avec huit cents arrivées ces derniers jours''.
MK/CTN
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