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Ferrand déstabilisé par de nouvelles révélations

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Richard Ferrand

Nouvelles informations publiées dans la presse, critiques venant de droite et de gauche voire appels à la démission : la pression sur Richard Ferrand n'est pas retombée mardi, une semaines après les premières révélations embarrassantes du Canard enchaîné sur le ministre de la Cohésion des territoires. Certains responsables appellent désormais Emmanuel Macron et son ministre de la Justice, François Bayrou, à s'exprimer sur la question, qui empoisonne le tout début du quinquennat et la préparation des législatives pour l'exécutif.

Il faut que "le pouvoir, au plus haut niveau, apporte les réponses (aux questions) que les Français se posent", a déclaré François Baroin, chef de file de la droite pour le scrutin de juin, lors d'un déplacement de campagne. "Il faut sortir de ce silence", a-t-il insisté. Tout en se disant attaché à la présomption d'innocence, le maire de Troyes a demandé de "la clarté à tous les étages". "M. Ferrand a certainement des explications à donner, le gouvernement a certainement un accompagnement à apporter."

Il a par ailleurs dit souhaiter l'ouverture d'une enquête judiciaire, qui permettrait de faire la lumière sur le montage immobilier qui vaut à Richard Ferrand une pluie de critiques. Le Canard enchaîné a révélé la semaine dernière que les Mutuelles de Bretagne avaient loué à partir de 2011, à une époque où elles étaient dirigées par l'actuel ministre, des locaux à une société appartenant à sa compagne. Cette opération n'a à priori rien d'illégal et ne fait l'objet d'aucune enquête de justice. Mais elle a fait naître un soupçon de favoritisme dans un contexte rendu brûlant par la déflagration de l'affaire François Fillon durant la campagne présidentielle.

NOUVELLES RÉVÉLATIONS

Le Canard enchaîné a par ailleurs rapporté que l'ex-député socialiste avait embauché pendant plusieurs mois son fils comme collaborateur parlementaire, là encore sans enfreindre aucune législation. Mardi, Le Monde a publié de nouvelles révélations sur ce que le quotidien qualifie de "mélange des genres" entre affaires privées et publiques. Le journal écrit par exemple que Richard Ferrand a un temps conservé un poste de chargé de mission auprès des Mutuelles de Bretagne après en avoir quitté la direction, en 2012, pour une rémunération mensuelle de 1.250 euros.

Or, Richard Ferrand a été remplacé à la tête du mutualiste par une proche collaboratrice, dont il a recruté le compagnon comme assistant parlementaire à l'Assemblée nationale, toujours selon Le Monde. "Hervé Clabon (son attaché parlementaire-NDLR) a toujours été un militant très actif. Il l'était déjà auprès de Kofi Yamgnane, secrétaire d’Etat entre 1991 et 1993, puis député de la 6e circonscription de 1997 à 2002. Il n'y a aucun lien entre mes activités aux Mutuelles de Bretagne et la présence d'Hervé Clabon", se défend le ministre, cité par Le Monde.

A la même époque, il a déposé, avec d'autres députés socialistes, une proposition de loi portant sur les activités des mutuelles, alors même qu'il bénéficiait toujours de sa rémunération aux Mutuelles de Bretagne. "Devais-je m'abstenir de défendre un principe au prétexte que je connais bien le sujet", demande le ministre, fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron.

EFFET D'ACCUMULATION

Après les premières révélations, le gouvernement d'Edouard Philippe lui a apporté son soutien, en précisant que, faute d'enquête judiciaire, il revenait aux électeurs de se prononcer sur le sort de Richard Ferrand, candidats aux législatives des 11 et 18 juin dans le Finistère. Mais l'exécutif peut désormais craindre un effet d'accumulation potentiellement dévastateur au moment où François Bayrou prépare un projet de loi sur la moralisation de la vie politique.

"Si ce gouvernement veut encore avoir la moindre crédibilité pour porter un projet de loi de moralisation de la vie publique, il ferait mieux de faire démissionner M. Ferrand", a jugé sur Europe 1 le vice-président du Front national Florian Philippot, pour qui le ministre est devenu un "boulet". Un avis que ne partage pas Jean-Luc Mélenchon : "Moi, ça m'arrange qu'il reste cloué sur sa croix. (...) Pendant dix jours, ça nous laisse une excellente vitrine du macronisme réel", a raillé le leader de la France insoumise lors d'une conférence de presse.

Le centriste Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, a pour sa part plaidé pour l'ouverture d'une enquête car, a-t-il justifié sur France 2, "il y a quelque chose qui nourrit le soupçon et le soupçon, ça tue la République". Le Premier ministre, Edouard Philippe, est l'invité ce mardi du journal de 20-Heures de France 2.

(edité par Yves Clarisse)



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