L'affaire Bernard Tapie est l'une des plus graves de la Ve République et l'arbitrage contesté en faveur de l'homme d'affaires n'a pu être décidé qu'avec l'approbation du sommet de l'Etat, a déclaré jeudi le centriste François Bayrou. Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal privé qui a soldé le litige opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, a été mis en examen mercredi du chef d'escroquerie en bande organisée et faux."Il y a un très fort soupçon d'une manoeuvre organisée au sein même de l'Etat, une manoeuvre concertée, réfléchie, voulue, approuvée pour qu'on détourne une somme colossale, plus de 400 millions d'euros pour l'apporter aux fins que vous savez", a dit François Bayrou sur France Info, visant implicitement Nicolas Sarkozy, au pouvoir en 2008 lors de l'arbitrage."Il n'y a personne en France connaissant l'Etat qui puisse soutenir que ça n'a pas été approuvé au plus haut de sommet de l'Etat, sans que le président de la République lui-même ait donné son approbation, son feu vert", a ajouté le président du MoDem, pour qui cette affaire est "l'une des plus graves de la Ve République".L'Etat doit "faire un recours" contre l'arbitrage controversé, a dit François Bayrou.François Hollande a demandé à l'Etat de se porter partie civile dans le volet non-ministériel de cette procédure."COMPENSER LES FAUTES"Jean Peyrelevade, qui dirigea le Crédit Lyonnais de 1993 à 2003, a estimé mercredi que l'Etat se devait prendre cette initiative."L'Etat d'aujourd'hui doit essayer de compenser les fautes de l'Etat d'hier", a-t-il dit sur Europe 1. Jean-Louis Borloo, qui fut brièvement ministre de l'Economie et des Finances après la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, a dit jeudi sur RTL n'avoir "donné aucune instruction" dans le cadre du règlement du litige entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais.Le président de l'UDI, qui a qualifié de "très spectaculaire" la mise en examen de Pierre Estoup, a démenti avoir "signifié l'orientation d'aller en arbitrage"."Personne ne m'a jamais sollicité dans ce dossier", a dit Jean-Louis Borloo, qui a été par le passé l'avocat de Bernard Tapie.Dans le volet ministériel du dossier, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, qui a succédé à Jean-Louis Borloo à Bercy en juin 2007, a été placée sous le statut de témoin assisté par la Cour de justice de la République.Le PDG de France Télécom, Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde au moment des faits, est appelé à témoigner devant la brigade financière le 10 juin.Trois juges du pôle financier parisien conduisent depuis septembre 2012 une information judiciaire pour usage abusif de pouvoirs sociaux, recel de ce délit, détournement de fonds publics et faux dans le volet non-ministériel de cette affaire.Patrick Vignal, édité par Yves Clarisse
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