Dans une lettre ouverte publiée dans « Le Monde », les patrons des autres compagnies aériennes régulières françaises font part de leur inquiétude après une semaine de grève des pilotes d'Air France.
Monsieur le Président du SNPL Air France, messieurs les Pilotes,
Il n'est pas ordinaire pour nous présidents de compagnies aériennes régulières de s'exprimer sur un conflit concernant l'un de nos confrères, a fortiori, quand il s'agit de l'une des plus grandes compagnies européennes.
Cependant l'urgence de la situation réclame une mise au point ferme et précise.
Le pavillon français vit depuis douze années consécutives une réduction de sesparts de marché sous l'effet d'une concurrence intra et extra communautaire à laquelle nos entreprises résistent avec courage dans un environnement réglementaire, fiscal, social et administratif défavorable et de plus en plus complexe. Le manque de compétitivité qui caractérise le tissu économique de notre pays est difficile à compenser pour les compagnies aériennes. La concurrence frontale des compagnies étrangères et pas seulement des « low-cost », le développement de nouveaux hubs internationaux, tirent parti de l'inadaptation chronique de notre pays, et du retard de productivité de nos entreprises.
L'attrition du pavillon français avec à la clef une baisse de l'emploi, présent et futur, menace clairement nos compagnies, nos métiers, l'avenir de nos enfants, alors que plus d'un millier de pilotes français sont en recherche d'emploi.
Rares ont été les plans de reconquête, créateurs de richesses et d'emplois. Rares sont les opportunités d'investissements. Les années récentes avec la disparition de près de 60 opérateurs aériens, la quasi-disparition de l'aviation d'affaires française, laissent peu de place à un avenir radieux, si collectivement nos entreprises ne réussissent pas à s'adapter pour être compétitives face à des compagnies européennes qui ont déjà achevé leur transformation.
La concurrence évolue à un rythme incroyable, et la nécessaire adaptation est simplement devenue vitale.
La France, par sa position géographique au coeur de l'Europe, son poids démographique et ses attraits touristiques constituent un marché porteur de promesses de redéveloppements, et de créations d'emplois. Nos compagnies aériennes n'ont pas le droit de gaspiller cette chance.
Refuser par peur, conservatisme ou dogmatisme tout nouveau projet affaiblit le pavillon français et constitue un renoncement à notre avenir.
La profession de pilote que vous exercez, exige rigueur, discipline, responsabilité et sang froid. Cette profession qui est souvent née d'une vocation s'exerce avec passion tout au long d'une vie. Elle n'autorise pas les comportements qui la dévaluent.
Le jusqu'au-boutisme apporte un discrédit profond et ravageur à la profession de pilote et plus largement à nos métiers et nos entreprises, mais aussi à notre capacité collective à créer de nouveaux emplois.
Les signataires :
Alain Battisti : président de Chalair aviation et président de la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM) ; Pascal de Izaguirre : président de Corsair International ; Laurent Magnin : président de XL Airways ; Cédric Pastour : président d'Aigle Azur ; Marc Rochet : président d'Air Caraïbes.
3 Commentaires
Izi
En Septembre, 2014 (10:44 AM)Question
En Septembre, 2014 (12:32 PM)Binebine
En Septembre, 2014 (20:02 PM)Participer à la Discussion