L‘agression de plusieurs gardiens de prison dans le Pas-de-Calais a ravivé la colère des agents, qui ont organisé vendredi des actions spontanées et menacent, par la voie des syndicats, d‘entamer un mouvement de blocage général la semaine prochaine. Des ralentissements ont eu lieu dans une majorité d’établissements, selon un décompte des organisations syndicales, au lendemain de l‘incident survenu à Vendin-le-Vieil, où un détendu détenu converti à l‘islam radical a blessé trois fonctionnaires à l‘arme blanche.
“Un nombre important d’établissements” ont été perturbés par des débrayages de 15 à 20 minutes, précise-t-on à la direction de l‘administration pénitentiaire. “Il y a de la haine, il y a un ras-le-bol, il y a de l‘aigreur. Nos collègues vont bosser avec la boule au ventre”, s‘insurge Jean-François Forget, de l‘Ufap-Unsa Justice, premier syndicat du ministère, joint par Reuters. “Aujourd‘hui, c‘est l’émotion et la solidarité des personnels qui s‘expriment de différentes manières”, ajoute-t-il.
“A compter de lundi, ça sera un mouvement organisé qui visera le blocage des établissements.” Son syndicat exige notamment d’être reçu au ministère de la Justice et d‘obtenir satisfaction sur certaines revendications portant sur les moyens alloués aux prisons ou sur la construction, à plus long terme, d’établissements de très haute sécurité pour les détenus radicalisés. Force ouvrière (FO) pourrait se joindre à l‘appel de l‘Ufap-Unsa à condition que le mot d‘ordre ne concerne pas seulement la sécurité, mais aussi les salaires et les conditions de travail de manière générale.
Selon Yoan Karar, secrétaire général adjoint de FO pénitentiaire, une décision sera prise ce vendredi. “Ça fait trop longtemps que ça traîne, qu‘on nous promet des choses et que rien n‘est appliqué”, dit-il à Reuters. L‘auteur de l‘agression de jeudi avait été condamné en 2009 à 18 ans de prison pour complicité dans l‘attentat contre une synagogue de Djerba, qui avait fait 21 morts en Tunisie en 2002, et il était libérable dans les prochaines semaines.
Son profil nécessitait une surveillance particulièrement étroite, selon l‘administration pénitentiaire : il était détenu dans un établissement très sécurisé, avec un taux d‘occupation de 44% au 1er décembre dernier, et devait être escorté par quatre gardiens lors de ses déplacements au sein de la prison. Jeudi soir, il a été placé en garde à vue pour “tentatives d‘assassinat sur personnes dépositaires de l‘autorité publique en relation avec une entreprise terroriste”, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Simon Carraud et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
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