Le fantôme Kamala Harris. La vice-présidente américaine est arrivée à Paris ce mardi 9 novembre pour une visite de cinq jours. Elle rencontrera Emmanuel Macron mercredi en fin d’après-midi, espérant ainsi parachever la réconciliation après une sévère brouille entre Paris et Washington à propos d’un contrat de sous-marins australiens.
Propulsée sur le devant de la scène lors de la campagne présidentielle de 2020, l’ancienne procureure générale de Californie était présentée comme l’atout phare de Joe Biden. Pour dépoussiérer son image, ce dernier misait en effet sur le fait d’avoir à la vice-présidence une femme issue d’une minorité, jeune et dynamique.
Mais un an après la victoire du duo démocrate face à Donald Trump et Mike Pence, Kamala Harris se tient dans l’ombre, en retrait. Selon le directeur de la revue The National Interest Jacob Heilbrunn, cité par l’Express, “l’équipe de Biden se méfie de Kamala Harris. La ‘team’ Biden n’a pas digéré ses propos lors des primaires, quand elle avait sous-entendu que ‘Joe’ avait, par le passé, été favorable à la ségrégation raciale”. Une idée que partage Nicole Bacharan, politologue spécialiste de la politique américaine et auteure du roman Les grands jours qui ont changé l’Amérique (Éditions Perrin), interrogée par Le HuffPost.
Au cours de l’année écoulée, Kamala Harris semble s’être fait peu remarquer. Est-ce un ressenti depuis la France lié à la distance ou la vice-présidente est-elle vraiment en retrait?
Ce n’est pas qu’une impression. Pour le moment Kamala Harris est inexistante dans cette présidence. Certes, on la voit au côté de Joe Biden lors de certaines allocutions quand il présente ou défend ses deux grands programmes sur l’infrastructure et le social, mais elle se tient en retrait, masquée, et muette forcément.
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Quant à son travail, on ne sait même pas trop de quels dossiers elle a été chargée, mis à part celui de l’immigration venant de la frontière avec le Mexique. Celui-ci est extrêmement difficile, alors c’est normal qu’elle n’obtienne pas de résultat spectaculaire. Mais tout de même, on ne voit vraiment pas ce qu’elle y fait. Aussi, elle n’a pas eu souvent l’occasion de donner son vote au Sénat pour faire pencher la balance pour les démocrates.
De fait, pour l’instant, son profil est très bas. Elle est très effacée et ne semble pas peser dans le jeu.
Pourquoi la laisser autant en retrait après l’avoir mise en avant lors de la campagne? Y aurait-il des tensions avec Joe Biden?
C’est difficile d’apporter une réponse à cela. Il y a eu en effet des moments difficiles entre les équipes du président et de la vice-présidente. Cela avait été le cas lors des primaires avec les propos de Kamala Harris sur Joe Biden et la ségrégation raciale. Mais la page a probablement été tournée, nécessité fait loi.
En revanche, il est de notoriété publique qu’il y a de gros problèmes de management dans l’équipe de Kamala Harris, avec beaucoup de mésententes. De fait, il y a une perte d’efficacité pour faire le lien avec la Maison Blanche. Cela doit jouer.
"Personne n’a le sentiment que Kamala Harris serait prête à assumer le pouvoir s’il le fallait demain. Ce n’est pas très rassurant."Nicole Bacharan, politologue, spécialiste des États-Unis."
A-t-on déjà vu un vice-président s’effacer autant auparavant?
Oui et de toute façon, historiquement, le rôle de vice-président est très ingrat car constitutionnellement il n’a qu’une seule mission: être là si le président meurt ou est incapable d’assurer ses fonctions. Dans l’histoire, les vice-présidents ont eu très peu de poids pendant les présidences et ils ont généralement vécu ça très mal. Les présidents les tenaient globalement à l’écart puisqu’ils incarnaient la succession possible en cas de malheur. Mais à partir de Bill Clinton, les vice-présidents ont commencé à avoir plus de poids et de missions.
Et après un an de mandat, les Américains considèrent-ils Kamala Harris à la hauteur?
Pas vraiment. Personne n’a le sentiment qu’elle serait prête à assumer le pouvoir s’il le fallait demain. Est-elle au courant de tout? Ce n’est pas l’impression qu’elle donne. Sa voix compte-t-elle vraiment à la Maison Blanche? On ne le sait pas. Quant à son expérience, elle a été procureure et sénatrice, mais sur les deux grands volets que sont l’économie et la politique étrangère elle n’a pas semblé particulièrement préparée pendant la campagne. Alors non, ce n’est pas très rassurant.
Sa venue en France peut-elle l’aider à affirmer son image?
Oui et c’est important pour son profil international. Il faut qu’elle rencontre les leaders internationaux, qu’elle tisse des liens. Pour le coup, c’est quelque chose qui va faire monter son profil, car elle n’a pas encore bien en main l’expérience internationale. Elle va montrer qu’elle joue un rôle plus important, qu’elle peut faire plus, car c’est sa première visite en Europe à titre de vice-présidente, elle va enfin faire ici sa tournée d’introduction. Montrer qu’elle sait faire ne pourra que l’aider à sortir de l’ombre.
Propulsée sur le devant de la scène lors de la campagne présidentielle de 2020, l’ancienne procureure générale de Californie était présentée comme l’atout phare de Joe Biden. Pour dépoussiérer son image, ce dernier misait en effet sur le fait d’avoir à la vice-présidence une femme issue d’une minorité, jeune et dynamique.
Mais un an après la victoire du duo démocrate face à Donald Trump et Mike Pence, Kamala Harris se tient dans l’ombre, en retrait. Selon le directeur de la revue The National Interest Jacob Heilbrunn, cité par l’Express, “l’équipe de Biden se méfie de Kamala Harris. La ‘team’ Biden n’a pas digéré ses propos lors des primaires, quand elle avait sous-entendu que ‘Joe’ avait, par le passé, été favorable à la ségrégation raciale”. Une idée que partage Nicole Bacharan, politologue spécialiste de la politique américaine et auteure du roman Les grands jours qui ont changé l’Amérique (Éditions Perrin), interrogée par Le HuffPost.
Au cours de l’année écoulée, Kamala Harris semble s’être fait peu remarquer. Est-ce un ressenti depuis la France lié à la distance ou la vice-présidente est-elle vraiment en retrait?
Ce n’est pas qu’une impression. Pour le moment Kamala Harris est inexistante dans cette présidence. Certes, on la voit au côté de Joe Biden lors de certaines allocutions quand il présente ou défend ses deux grands programmes sur l’infrastructure et le social, mais elle se tient en retrait, masquée, et muette forcément.
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Quant à son travail, on ne sait même pas trop de quels dossiers elle a été chargée, mis à part celui de l’immigration venant de la frontière avec le Mexique. Celui-ci est extrêmement difficile, alors c’est normal qu’elle n’obtienne pas de résultat spectaculaire. Mais tout de même, on ne voit vraiment pas ce qu’elle y fait. Aussi, elle n’a pas eu souvent l’occasion de donner son vote au Sénat pour faire pencher la balance pour les démocrates.
De fait, pour l’instant, son profil est très bas. Elle est très effacée et ne semble pas peser dans le jeu.
Pourquoi la laisser autant en retrait après l’avoir mise en avant lors de la campagne? Y aurait-il des tensions avec Joe Biden?
C’est difficile d’apporter une réponse à cela. Il y a eu en effet des moments difficiles entre les équipes du président et de la vice-présidente. Cela avait été le cas lors des primaires avec les propos de Kamala Harris sur Joe Biden et la ségrégation raciale. Mais la page a probablement été tournée, nécessité fait loi.
En revanche, il est de notoriété publique qu’il y a de gros problèmes de management dans l’équipe de Kamala Harris, avec beaucoup de mésententes. De fait, il y a une perte d’efficacité pour faire le lien avec la Maison Blanche. Cela doit jouer.
"Personne n’a le sentiment que Kamala Harris serait prête à assumer le pouvoir s’il le fallait demain. Ce n’est pas très rassurant."Nicole Bacharan, politologue, spécialiste des États-Unis."
A-t-on déjà vu un vice-président s’effacer autant auparavant?
Oui et de toute façon, historiquement, le rôle de vice-président est très ingrat car constitutionnellement il n’a qu’une seule mission: être là si le président meurt ou est incapable d’assurer ses fonctions. Dans l’histoire, les vice-présidents ont eu très peu de poids pendant les présidences et ils ont généralement vécu ça très mal. Les présidents les tenaient globalement à l’écart puisqu’ils incarnaient la succession possible en cas de malheur. Mais à partir de Bill Clinton, les vice-présidents ont commencé à avoir plus de poids et de missions.
Et après un an de mandat, les Américains considèrent-ils Kamala Harris à la hauteur?
Pas vraiment. Personne n’a le sentiment qu’elle serait prête à assumer le pouvoir s’il le fallait demain. Est-elle au courant de tout? Ce n’est pas l’impression qu’elle donne. Sa voix compte-t-elle vraiment à la Maison Blanche? On ne le sait pas. Quant à son expérience, elle a été procureure et sénatrice, mais sur les deux grands volets que sont l’économie et la politique étrangère elle n’a pas semblé particulièrement préparée pendant la campagne. Alors non, ce n’est pas très rassurant.
Sa venue en France peut-elle l’aider à affirmer son image?
Oui et c’est important pour son profil international. Il faut qu’elle rencontre les leaders internationaux, qu’elle tisse des liens. Pour le coup, c’est quelque chose qui va faire monter son profil, car elle n’a pas encore bien en main l’expérience internationale. Elle va montrer qu’elle joue un rôle plus important, qu’elle peut faire plus, car c’est sa première visite en Europe à titre de vice-présidente, elle va enfin faire ici sa tournée d’introduction. Montrer qu’elle sait faire ne pourra que l’aider à sortir de l’ombre.
2 Commentaires
Bb
En Novembre, 2021 (11:05 AM)Participer à la Discussion