Le gouvernement équatorien n'a pas fait qu'héberger Julian Assange en lui donnant asile dans son ambassade londonienne: il l'a également espionné, affirme le quotidien britannique The Guardian dans une enquête publiée mercredi, en collaboration avec le site d'investigation Focus Ecuador. L'Australien de 46 ans, fondateur de WikiLeaks, s'est réfugié en juin 2012 dans l'ambassade d'Équateur pour échapper à une extradition vers la Suède où il était recherché depuis fin 2010 pour des accusations de viol et d'agression sexuelle qu'il niait.
Surveillance systématique
Selon le Guardian, qui cite des documents du renseignement équatorien, Quito a monté une opération d'un budget de 5 millions de dollars (4,2 millions d'euros) destinée dans un premier temps à "protéger" et "soutenir" Julian Assange, avant d'évoluer vers une surveillance systématique de ses faits et gestes. Agents sous couverture Pour mener à bien cette surveillance, le gouvernement équatorien a fait appel aux services d'une société de sécurité qui louait un appartement à proximité de l'ambassade, mais également à des agents sous couverture, et même à la police britannique.
Interaction avec le personnel
"Le personnel de sécurité enregistrait en détail les activités quotidiennes d'Assange et ses interactions avec le personnel de l'ambassade, son équipe juridique et d'autres visiteurs. Ils ont également documenté ses changements d'humeur", avance le journal, qui affirme que cette opération, baptisée "Operation Hotel", avait reçu l'aval de Rafael Correa, alors président.
Vidéos et informations
Les rapports réalisés dans le cadre de cette surveillance incluaient des vidéos ou des informations sur les personnes reçues par Julian Assange. Le Guardian affirme également qu'Assange lui-même est parvenu à pénétrer le système informatique de l'ambassade et à "intercepter" des "communications officielles et personnelles". WikiLeaks a démenti ces allégations sur Twitter en dénonçant de la "diffamation", promettant de porter l'affaire devant la justice.
Quito débranche la prise
Les relations se sont dégradées ses derniers mois entre l'Equateur et Julian Assange. Agacé par certaines de ses prises de position, Quito avait coupé en mars ses systèmes de communication avec l'extérieur. Le président Lenin Moreno, qui a succédé à Rafael Correa en mai 2017, a toutefois réitéré en février sa promesse de continuer à le protéger. Crainte d'une extradition S'il sort de l'ambassade, Assange craint d'être arrêté, puis extradé et jugé aux États-Unis pour la publication par WikiLeaks en 2010 de nombreux secrets militaires et documents diplomatiques américains.
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