Les États de Victoria et de Nouvelle-Galles du Sud, au sud-est de l’Australie, sont ravagés depuis fin septembre par des incendies gigantesques, un phénomène extrême qui ne s’était pas produit depuis plusieurs décennies. Ces incendies, devenus incontrôlables, sont-ils dus au réchauffement du climat ?
Les ingrédients de départ de ces incendies sont des terres asséchées et des températures bien au-dessus des moyennes saisonnières. Le lien avec la météo est assez clair. Depuis le début de l’été en Australie, les températures battent les records.
Sur la plaine de Nullarbor, vaste région plate, quasiment sans arbres, située au sud de l’île et au nord de la grande baie australienne, la température a grimpé jusqu’à 49,9°C le jeudi 19 décembre 2019, un record historique.
Le climat, coresponsable
Il est plus difficile d’établir un lien clair entre ces mégafeux et le climat. Néanmoins, la météo australienne relève les moyennes de température depuis 1910. Ces moyennes commencent à augmenter dans les années 80. Puis à partir de 2013, il y a entre 1 et 3°C en moyenne de plus sur l’ensemble du territoire, avec un pic très net en 2019.
Robert Vautard, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement du CNRS, reste prudent quant à l’attribution de ces incendies au changement climatique, mais il constate un accroissement net des vagues de chaleur. Les conditions sont donc plus propices à ce type de feux qu’elles ne l’étaient il y a quelques décennies.
Les Australiens ont été confrontés à des pyrocumulonimbus. Ce sont de gigantesques « nuages de feu » ou « haleine de dragon », qui se créent au-dessus des panaches de fumée.
La chaleur dégagée par un violent incendie de forêt crée un courant ascendant très rapide, d’air ultra chaud. Cet air monte et quand il arrive dans les couches supérieures de l’atmosphère, il est brutalement refroidi et se transforme en un énorme nuage de vapeur d’eau dont jaillissent des éclairs et des tornades de feu.
D’après les observateurs de la NASA, il y en a tellement cette année, qu’ils pourraient figurer dans le Guinness Book des records.
Les fumées font le tour de la planète
Les immenses panaches de fumées qui se dégagent de ces mégafeux ont déjà parcouru la moitié du globe. Au passage, ils ont notamment déposé des cendres sur les glaciers deNouvelle-Zélande. La glace y est donc maintenant plus sombre, elle réfléchit moins bien les rayons du soleil, ce qui va en accélérer la fonte. Mais ces fumées vont disparaître dans les mois à venir. En revanche, les gaz à effet de serre qui sont libérés en quantité lors de la combustion des forêts vont, eux, rester très longtemps dans l’atmosphère.
« Dans le futur, ces tendances vers des sécheresses plus fortes et plus intenses en Australie sont tout à fait claires et on s’attend à des épisodes de feux de la même intensité », explique Robert Vautard, chercheur au CNRS. Même si l’on arrêtait d’émettre des gaz à effet de serre dès maintenant, le réchauffement du climat ne pourrait pas s’inverser.
L’étude de 57 articles scientifiques par les chercheurs de l’université d’East Anglia (États-Unis), parue mardi 14 janvier, montre un lien clair entre le changement climatique et, à la fois, la fréquence et l’intensité des incendies dans plusieurs régions, avec un allongement de 20 % de la saison des feux.
Il semble donc nécessaire de réfléchir à la gestion des forêts et à l’utilisation des terres, des paramètres coresponsables de ces incendies, mais sur lesquels on peut agir.
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