"La France perd de son influence en Afrique noire, on constate une plus forte concurrence économique mais aussi diplomatique, notamment avec la montée en puissance de pays comme la Chine", explique le professeur sénégalais Alioune Sall, spécialiste en relations internationales.
Malgré un déclin progressif de son influence, l’ancienne puissance coloniale parvient à préserver des rapports étroits avec quelques pays, dont le Sénégal et le Gabon, où les Français maintiennent une large présence économique, diplomatique et même militaire.
Les opérateurs économiques français sont largement représentés au Sénégal et au Gabon, même s’ils ont dû céder quelques parts de marché ces dernières années.
Dernier "camouflet" en date au Sénégal, le groupe français Bolloré, présent depuis plus de 80 ans sur le territoire, a récemment perdu la concession du terminal à conteneurs du port de Dakar au profit de Dubai Ports World.
"Les choses ont changé, l’axe économique n’est plus le même et le Sénégal s’est ouvert sur le Brésil, la Chine, le Moyen-Orient ou l’Inde, qui est devenue le premier client du Sénégal", note Issa Sall directeur de l’hebdomadaire sénégalais Nouvel Horizon.
La France demeure pourtant le premier fournisseur et deuxième client du Sénégal et en constitue son premier donateur avec une aide publique au développement annuelle de plus de cent millions d’euros.
Au Gabon, si la France perd progressivement de son influence économique, surtout au profit de la Chine, elle reste le premier partenaire commercial de ce pays avec lequel Paris continue d’entretenir un lien privilégié.
Pour preuve, l’accord signé début juillet relatif "à la gestion concertée des flux migratoires et au codéveloppement", facilitant notamment les déplacements vers la France et le séjour des salariés ou étudiants gabonais.
A cette occasion, Libreville s’était réjoui du "traitement spécial" accordé au Gabon au moment où le resserrement de la politique d’immigration de la France constitue un facteur de désaffection vis-à-vis de Paris.
Les liens de la France avec Libreville et Dakar demeurent importants. Les présidents Abdoulaye Wade (Sénégal) et Omar Bongo (Gabon) ont d’ailleurs fait partie des cinq premiers chefs d’Etat sub-sahariens reçus par M. Sarkozy depuis son investiture.
"Pour Paris, le Sénégal est un pays important au niveau diplomatique car il joue un rôle central en Afrique. La France ne peux pas ignorer cela", estime Issa Sall.
Du côté de Libreville, et malgré une politique de rupture annoncée, Paris s’efforce de prolonger une amitié entretenue entre Jacques Chirac et M. Bongo, doyen des chefs d’Etat africains et fin connaisseur de la vie politique française.
Sur le plan militaire, la France maintient au Sénégal quelque 1.200 soldats depuis 1974. Au Gabon, elle dispose d’une base permanente d’environ 800 soldats.
"Un rapport de fond incompressible demeure (entre la France et ces deux pays). Même si la France y perd du terrain, elle est loin d’avoir été supplantée", estime le professeur Sall
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