L'avertissement lancé par François Hollande à Emmanuel Macron sur la réforme du code du travail a suscité mercredi des réactions agacées à La République en Marche (LREM), tandis que le Parti socialiste (PS) approuvait l'ancien président. En déplacement mardi à Angoulême (Charente), l'ex-chef de l'Etat est sorti de sa réserve pour mettre en garde son successeur contre les risques d'une trop grande flexibilisation du marché du travail susceptible, selon lui, d'entraîner des "ruptures".
"Il ne faudrait pas demander des sacrifices aux Français qui ne sont pas utiles", a dit l'ancien président, qui fut le mentor d'Emmanuel Macron en le prenant comme conseiller à l'Elysée avant de le nommer ministre de l'Economie. François Hollande, qui s'était jusqu'à présent abstenu de commenter l'action du nouveau président, considère que les améliorations constatées sur le front économique en France sont les fruits de la politique menée durant son quinquennat.
Ces remarques ont inspiré un message ironique au porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. "Comme disait ma grand mère, 'c'était mieux avant'. Mais elle m'a appris aussi que c'est quand ça va mieux qu'il faut réussir la transformation", a-t-il écrit sur Twitter. S'il reconnaît le "droit" de François Hollande de "prendre des positions et de donner des avis", Stanislas Guérini, porte-parole de LREM, a souligné quant à lui un désaccord de fond avec l'ancien président.
"Son propos revient à dire qu'il ne faut pas aller plus loin que ce qu'on a fait. Or, c'est tout le contraire du mandat que l'on a reçu : les Français ont élu Emmanuel Macron et lui ont donné une majorité pour mener des réformes structurelles. Sur ce point, on a une divergence de vues très profonde", a-t-il dit à Reuters. "Nous avons un vrai projet de transformation du modèle social, on va donner du sens là où François Hollande a eu, lui, des difficultés à donner du sens à son action", a ajouté le député LREM, qui a commencé sa carrière politique au PS.
"LÉGITIME"
Stéphane Le Foll, ancien ministre proche de François Hollande, a jugé pour sa part "légitime" le choix de l'ancien président de défendre son bilan, avant d'exprimer à son tour des réserves quant aux intentions du gouvernement. "Dire, (pour le gouvernement), qu'on est obligé de faire des sacrifices parce qu'on a une situation qui est complètement dégradée ne tient plus. Donc s'il y a des sacrifices qui sont demandés, c'est parce qu'il y a d'autres raisons, (...) des raisons politiques", a-t-il déclaré sur RMC et BFM TV.
Le président du groupe "Nouvelle gauche" de l'Assemblée, Olivier Faure, a lui aussi défendu la position de François Hollande. "Un ancien président dit son fait à un président en exercice et rappelle que les résultats qui sont aujourd'hui prometteurs ne sont pas simplement liés au hasard mais à une action qu’il a conduite pendant cinq ans", a dit le député PS sur France Info. "Il n'est pas illégitime de le revendiquer à un moment où d’autres cherchent à se créditer de résultats qui ne sont pas les leurs", a-t-il ajouté.
Le Parti socialiste, laminé aux dernières élections législatives après avoir été majoritaire pendant cinq ans à l'Assemblée nationale, a quant à lui attribué dans un communiqué les bons résultats économiques aux "efforts des Français" et à "la gouvernance socialiste". "Dans une conjoncture internationale et européenne favorable, ce redressement est le produit des efforts des Français et des décisions prises pendant cinq ans par François Hollande et les gouvernements socialistes successifs", peut-on lire. "En toute logique, les résultats macroéconomiques des mois à venir seront à mettre à leur crédit".
Elizabeth Pineau, édité par Emmanuel Jarry
2 Commentaires
Anonyme
En Août, 2017 (13:13 PM)Ropartz
En Août, 2017 (14:32 PM)Participer à la Discussion