Edouard Philippe a tenu lundi une réunion avec quelques piliers de son gouvernement pour régler les détails des mesures censées apaiser le mécontentement des automobilistes à quelques jours de la mobilisation organisée samedi à l’appel des “gilets jaunes” opposés à la hausse du prix des carburants. L’exécutif mise notamment sur le “chèque énergie” et la prime à la conversion pour résoudre cette équation complexe, qui consiste à rendre du pouvoir d’achat à certains Français sans freiner le redressement des comptes publics.
Les arbitrages doivent être annoncés cette semaine, comme l’a confirmé lundi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, soit juste avant la journée de mobilisation du 17 novembre qui servira de baromètre de la colère dans l’opinion. “Il y a effectivement chez beaucoup de Français une colère parce qu’ils veulent des résultats tout de suite et, sur certains territoires, une vraie désespérance”,
a reconnu sur France Inter le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, l’un des convives d’Edouard Philippe lundi matin. Les ministres de la Transition écologique François de Rugy, des Transports Elisabeth Borne et des Comptes publics Gérald Darmanin étaient également présents à Matignon.
“DEUX INSTRUMENTS”
Pour répondre à l’exaspération, Bruno Le Maire a cité “les deux instruments les plus efficaces” que sont à ses yeux le chèque énergie, qui concerne 3,7 millions de foyers français, et la prime à la conversion, versée cette année à environ 250.000 automobilistes qui ont opté pour un véhicule moins polluant. “Je souhaite qu’on donne plus de temps à cette prime à la conversion, qu’elle touche un plus grand nombre de véhicules, que les constructeurs y participent”, a précisé Bruno Le Maire, qui a rendez-vous cette semaine avec les représentants du secteur afin de poursuivre les négociations sur le sujet.
Concernant le chèque énergie, qui sert à notamment à régler les factures d’électricité, de gaz, de chaleur et de fioul domestique, le député Jean-Baptiste Djebbari, spécialiste des questions de transports à La République en marche (LaRem), a dessiné plusieurs pistes vendredi dernier. “Soit (...) on rend le carburant éligible, soit on augmente un petit peu le montant, soit on couvre plus de personnes”, a-t-il dit sur RMC.
Avant le début de la contestation, il était déjà prévu d’augmenter le montant moyen du coupon en 2019, de 150 euros à 200 euros. Sur France Inter, Bruno Le Maire a par ailleurs écarté l’hypothèse d’un “chèque carburant”, qui reviendrait selon lui à “subventionner le pétrole, c’est-à-dire subventionner notre dépendance vis-à-vis de puissances étrangères”.
“PATCHWORK ASSEZ INATTENDU”
Le gouvernement s’est pour l’heure gardé de donner le moindre détail chiffré sur les mesures qu’il s’apprête à prendre - on ne connaît donc pas le montant des revalorisations ni le nombre de personnes potentiellement touchées. La remontée des prix des carburants au cours des derniers mois s’explique en grande partie par la flambée des cours du pétrole mais elle n’épargne pas l’exécutif, qui subit les foudres des automobilistes et de l’opposition réclamant une pause dans l’augmentation des taxes écologiques.
Le 1er janvier prochain, la fiscalité de l’essence doit augmenter de 2,9 centimes et celle du diesel de 6,5 centimes. Au total, la hausse de la fiscalité énergétique représentera 1,9 milliard d’euros pour les ménages en 2019, selon les prévisions inscrites dans le projet de loi de finances. L’exécutif mène la riposte aussi sur le plan politique en soulignant le soutien apporté par le Rassemblement national (ex-Front national),
le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan ou La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon au mouvement du 17 novembre, qu’il s’efforce ainsi de discréditer.“C’est un patchwork assez inattendu”, a raillé lundi Benjamin Griveaux, sur Europe 1. “Ceux qui seront tentés de faire de la récupération politique, on les voit venir gros comme une maison”, a-t-il ajouté. “Nous, on s’occupe des Français pour qui c’est difficile d’aller bosser le matin.”
Simon Carraud avec Myriam Rivet, édioté par Yves Clarisse
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