Le gouvernement, qui s‘apprête à affronter deux semaines de contestation sociale avec pour point de départ la deuxième journée de mobilisation contre la réforme du Code du travail, jeudi, n‘est pas parvenu à apaiser la grogne sociale. Une mission pour valoriser les compétences des élus syndicaux dans les entreprises, des rencontres répétées avec les routiers, la nomination de Jean-Paul Delevoye, un proche du milieu syndical, à la tête de la commission qui réformera les retraites: le gouvernement a insisté ces derniers jours sur des annonces pour diminuer les tensions. Peine perdue, selon une partie du monde syndical, qui ne voit là que des opérations de communication.
“On ne peut pas séparer des mesures, même positives, de la finalité des ordonnances”, a dit mercredi à Reuters Fabrice Angeï, secrétaire confédéral de la CGT, qui précise que ces annonces sont loin “de contrebalancer les mesures négatives” de la réforme. Cette dernière amoindrit, selon lui, les droits des salariés. Les routiers de la CGT et FO, qui prévoient, entre autres, des blocages dans les dépôts de carburant à partir du 25 septembre, sont sortis très déçus mercredi de leur rencontre avec un le cabinet de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
“On est en colère”, a dit Jérôme Vérité, le secrétaire général de la CGT Transports. “On attendait des choses extrêmement concrètes et aujourd‘hui on n‘a strictement rien.” Il souhaitait que le secteur des transports, particulièrement touché selon lui par les ordonnances, déroge à la réforme ou bien bénéficie d‘un aménagement. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avait dit mardi sur franceinfo qu‘elle se pencherait sur la spécificité du secteur.
COAGULATION DES MOUVEMENTS
Plusieurs mouvements de contestation ont été annoncés ces derniers jours, faisant poindre le spectre d‘une “coagulation” des conflits, même si les instances dirigeantes de FO et de la CFDT ne participent pas à la mobilisation contre la réforme du Code du travail. Après les routiers et les salariés, ce sont les retraités qui manifesteront contre la hausse de la CSG le 28 septembre, puis les fonctionnaires, le 10 octobre, à l‘initiative de l‘ensemble des syndicats, tandis que La France insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, entend faire descendre les Français en masse dans la rue le 23 septembre.
Une centaine de manifestations sont déjà prévues pour la deuxième journée de mobilisation contre la réforme du Code du travail de jeudi, a annoncé la CGT. Mardi dernier, près de 223.000 personnes avaient défilé dans les rues, selon le ministère de l‘intérieur, et 500.000 selon les organisateurs. Elles avaient été rejointes par la moitié des unions départementales et huit fédérations de FO, ce qui devrait encore être le cas jeudi, selon les organisateurs. Quelques fédérations de la CFE-CGC sont également attendues, ont-ils ajouté.
“L‘objectif du 21, c‘est de renforcer les grèves dans les entreprises et augmenter la mobilisation”, a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dans une vidéo publiée mardi par la Nouvelle vie ouvrière (NVO). “Plus il y aura des arrêts de travail dans les entreprises (...) plus on aura de chance de faire des convergences de luttes et de réussir des manifestations. Il faut aussi que la colère qu‘il y a dans les entreprises, elle se voie dans la rue”, a-t-il précisé.
PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE
Des spécialistes du dialogue social ont pourtant parlé d‘un mouvement de petite ampleur, par rapport aux manifestations de 2010 contre la réforme des retraites qui rassemblaient jusqu’à un million de personnes dans les rues. Emmanuel Macron, qui se trouvait cette semaine à New York pour l‘Assemblée générale des Nations unies, a répété qu‘il entendait mener à bien ces réformes contre le chômage. “J‘ai un taux de chômage de 10% et presque 25% de mes jeunes sont sans emploi”, a-t-il dit sur CNN. “Je respecte ceux qui manifestent, mais je respecte les électeurs français et ils ont voté pour un changement”, a-t-il poursuivi.
“C‘est impossible d’être juste si on ne met pas en place ces réformes.” Les organisations syndicales espèrent encore que le gouvernement modifiera son projet de loi. Elles comptent encore peser sur les décrets d‘application qui devront définir certains curseurs de la réforme, comme les moyens accordés à l‘instance unique de représentation du personnel.
Les dirigeants de la CFDT, de la CFTC et de l‘Unsa, trois syndicats qui se disent “réformistes”, ont écrit mardi en ce sens dans une tribune des Echos pour dénoncer une réforme qu‘ils considèrent comme “déséquilibrée”. Et cette mobilisation pourrait n’être qu‘un tour de chauffe avant la réforme de l‘assurance chômage et de la formation professionnelle qui pourrait être plus large.
Avec Marine Pennetier édité par Yves Clarisse
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