Les Forces armées révolutionnaires de Colombie ont annoncé dimanche qu'elles libéreraient mercredi le journaliste Roméo Langlois, correspondant à Bogota de la chaîne France 24 enlevé il y a un mois dans la jungle du Sud. Roméo Langlois, un reporter aguerri âgé de 35 ans, avait été enlevé le 28 avril par des combattants armés des Farc lors d'un accrochage avec une unité anti-drogue de l'armée dans la région de Caqueta, un bastion rebelle. Le gouvernement de Bogota avait précisé que le journaliste, blessé au bras, avait couru en direction des guérilleros. Trois soldats et un policier avaient été tués lors de l'accrochage et cinq membres des forces de sécurité portés disparus avaient finalement été retrouvés vivants. Le communiqué des Farc a été publié sur www.resistencia-colombia.org et lu à voix haute tôt dimanche matin dans le cadre d'un programme de radio permettant aux proches des rebelles emprisonnés de leur adresser des messages. Les Farc, principale guérilla latino-américaine, avaient déclaré il y a deux semaines qu'elles étaient prêtes à remettre Roméo Langlois à une délégation formée du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de l'ex-sénatrice colombienne et médiatrice Piedad Cordoba et d'un représentant du nouveau président français François Hollande. GUÉRILLA AFFAIBLIE Immédiatement après l'enlèvement, le groupe rebelle, qui finance ses opérations par le trafic de drogue, avait qualifié le journaliste français de "prisonnier de guerre" car il portait un treillis militaire et un gilet pare-balles lors de l'accrochage. Les Farc, qui combattent le gouvernement de Bogota depuis près de 50 ans, ont fait au cours des derniers mois plusieurs gestes de réconciliation alors que le gouvernement colombien a changé de stratégie face à la guérilla, jugée affaibli. L'armée mène désormais un combat frontal contre les structures militaires et économiques des Farc, alors qu'elle privilégiait il y a peu l'assassinat ou l'enlèvement de ses principaux responsables. Selon les analyses de l'état-major des forces armées, la guérilla est considérablement affaiblie après la mort de ses chefs, Raul Reyes, Victor Julio Suarez et Alfonso Cano. Mais elle reste active grâce au maintien de cellules de commandement intermédiaires. L'offensive de l'armée colombienne, soutenue militairement par les Etats-Unis, a cependant divisé par deux le nombre de combattants des Farc. Le président Juan Manuel Santos s'est dit prêt à engager des pourparlers à condition que les Farc, classées comme "organisation terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne, mettent fin à toutes leurs attaques contre des cibles militaires et civiles et à leurs enlèvements. Les dirigeants des Farc ont promis de ne plus se servir d'otages comme monnaie d'échange, une stratégie employée depuis des décennies par les rebelles, qui ont enlevé des milliers de personnes afin de pouvoir acheter des armes, de la nourriture et des uniformes.
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