Le patron du PS appelle les socialistes à cesser de se déchirer après la nouvelle passe d'armes entre Manuel Valls, qui voudrait une refonte de la gauche, et les "frondeurs", qui s'appuient sur la défiance de l'opinion.
Dans une déclaration solennelle, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a exhorté jeudi les socialistes à retrouver leurs nerfs et à débattre sereinement "pour la réussite de la fin de ce quinquennat".
"Les socialistes doivent rester unis, les courants socialistes doivent débattre sans se battre, les dirigeants doivent maîtriser leur expression", a-t-il dit. "Nous le devons à notre pays, à la gauche, à notre Histoire."
"Balayons les querelles subalternes et les combats secondaires de personnes, cessons de nous distribuer de bons et de mauvais points", a ajouté le dirigeant socialiste.
Les tensions au sein du PS se sont accrues avec l'abstention de 39 députés frondeurs, soutenus par la maire de Lille Martine Aubry, lors du vote de la partie recettes du budget.
Dans une interview publiée jeudi dans L'Obs, le Premier ministre s'en prend à une "gauche passéiste" et appelle à bâtir une "maison commune" pour les forces progressistes du pays avec, "pourquoi pas?", un changement d'appellation du PS.
"CHER MANUEL, C'EST UNE FAUTE"
Le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a estimé que le débat sur un éventuel changement de nom du Parti socialiste était "une faute", sans ébranler Manuel Valls, qui persiste dans sa proposition.
"Je lui dis, cher Manuel, c'est une faute", a commenté Claude Bartolone sur RTL, en rappelant toutefois que le Premier ministre avait déjà porté cette idée au sein du PS.
"Pour le moment, concentre-toi sur ton travail de Premier ministre, réponds aux attentes des Français en termes de sécurité, d'emploi, de transition énergétique, et laisse ce débat aux militants socialistes qui auront à discuter de tout ça au moment du prochain congrès", a-t-il poursuivi.
"C'est une rengaine, et je pense que ce n'est pas le meilleur moment pour pousser cette chansonnette", a-t-il dit.
Manuel Valls a répliqué sur BFM TV et RMC en soulignant que sa fonction ne lui interdisait pas de "réfléchir à l'avenir de la gauche et du Parti socialiste".
"C'est ma famille politique et je ne peux pas m'en désintéresser", a-t-il justifié, en lançant à l'intention de Claude Bartolone : "Une faute, parce qu'on participe à un débat ?"
"Moi je ne veux pas attendre que la gauche et le Parti socialiste changent dans l'opposition. C'est quand nous exerçons le pouvoir que nous devons tirer les leçons de cet exercice du pouvoir", a plaidé le chef du gouvernement.
Dans un billet publié jeudi sur son blog, Claude Bartolone rappelle également les socialistes à l'ordre.
"Maintenant, ça suffit", écrit-il.
"Avons-nous seulement conscience, nous socialistes, de la brutalité des formules que nous nous jetons à la figure, ces temps-ci ? A quoi jouons-nous exactement ?", poursuit-il.
"Ici, nous serions des passéistes, sommés de changer le nom du Parti socialiste – quelle étrange idée. Là, notre politique menacerait la République – rien de moins."
Pour Henri Emmanuelli, figure de la gauche du parti, "le Premier ministre a mieux à faire que de la philosophie de bazar".
"Le Premier ministre doit s'occuper du chômage, de la croissance, du pouvoir d'achat et non pas d'échéances futures", a-t-il dit sur BFM TV.
(Sophie Louet et Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)
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