Au-delà d'une publicité pour l'organisation terroriste Etat islamique, il faut percevoir le piratage dont a été victime la chaîne TV5Monde comme un signal d'alarme précurseur d'autres événements plus graves, avertit le cryptographe Jean-Jacques Quisquater, professeur à l'UCL, spécialiste de la sécurité informatique, invité vendredi matin au micro de La Première."C'est une attaque sophistiquée, mais elle n'a vraisemblablement pas demandé des connaissances informatiques très grandes", estime Jean-Jacques Quisquater, pointant les lacunes de sécurité et de compartimentation chez TV5. "La porte était entrouverte: les mots de passe étaient partagés, tous les serveurs étaient connectés entre eux, donc dès qu'un attaquant était à l'intérieur, il pouvait se servir", résume-t-il.
Cibles
"Il faut percevoir ça comme un signal d'alarme, éventuellement précurseur d'autres événements plus graves et tristes", met en garde le spécialiste, citant le blocage possible d'une gare, d'un aéroport, voire d'une ville. "Il y a plein d'endroits dans le monde, ou en Belgique, ou dans les PME, qui sont très vulnérables (...) Pour une ville ou une gare par exemple, si on a accès au dispatching et qu'on peut disposer de ça comme si on en était le maître, on peut faire ce qu'on veut, malheureusement", développe-t-il, excluant cependant le cas des centrales nucléaires, où de grandes précautions sont prises, selon lui.
Guérilla
"Aujourd'hui, c'est ce qu'on appelle en cybersécurité de la 'guérilla urbaine'", explique le professeur, comparant le "pare-feu" à une muraille inutile si franchie par l'ennemi. "La cybersécurité aujourd'hui, ça signifie être équipé contre l'attaquant alors qu'il est à l'intérieur", conclut-il.
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