Le pouvoir ukrainien lance mercredi un avertissement à l'opposition, mettant en garde contre l'escalade des tensions à Kiev où se poursuit la contestation après la suspension du processus d'intégration avec l'UE."Le Parlement a exprimé hier la confiance au gouvernement. C'est un fait que l'opposition et nos partenaires à l'étranger doivent accepter", a déclaré le Premier ministre, Mykola Azarov, en ouvrant le conseil des ministres, le premier depuis la mobilisation de l'opposition dans les rues de Kiev.
"J'appelle à arrêter l'escalade de la tension politique", a déclaré M. Azarov, alors que des manifestants avaient encore tenté mercredi matin de bloquer les accès au siège du gouvernement, en plein centre de Kiev, et continuaient d'occuper sur la place de l'Indépendance. Ils ont dressé des barricades sur ce haut lieu de la Révolution orange pro-occidentale qui avait porté au pouvoir des pro-occidentaux fin 2004. Mardi, le Parlement, dominé par le Parti des régions (au pouvoir), a rejeté une motion de défiance dont l'examen avait été imposé sous la pression de la rue.
L'opposition accuse M. Azarov d'avoir "vendu l'Ukraine à la Russie" et d'être personnellement responsable des violences policières de ces derniers jours contre les manifestants pro-européens. M. Azarov n'a pas précisé de quels partenaires étrangers il parlait dans sa mise en garde. Les dirigeants européens ont fait part ouvertement de leur amertume après la volte-face ukrainienne au sommet du partenariat oriental de l'UE à Vilnius vendredi, et certains ont été accusés par Kiev d'encourager les manifestants. "Je veux dire aux gens: vos leaders vous poussent à un crime. Ils vont se réfugier derrière leur immunité parlementaire et vous n'avez pas moyens de vous réfugier", a-t-il poursuivi au moment où des milliers de personnes continuent de manifester à Kiev. "La raison qui a été à l'origine des protestations dans la rue n'existe plus", a-t-il affirmé, rappelant qu'une délégation ukrainienne allait se rendre mercredi à Bruxelles pour reprendre des négociation sur un accord d'association. ù
Sans précédent depuis la Révolution orange
Les manifestations, sans précédent depuis la Révolution orange, ont été déclenchées par la volte-face du pouvoir qui a refusé de signer à la dernière minute un accord d'association avec l'UE en préparation depuis trois ans, et s'est tourné vers Moscou.
Une autre délégation se rend du reste également mercredi à Moscou pour discuter de partenariat économique et d'échanges commerciaux. Bruxelles n'a pas confirmé la visite d'une délégation ukrainienne. "Nous ne pouvons pas confirmer cette visite d'une délégation ukrainienne demain à Bruxelles. La date et le lieu seront décidés via les canaux diplomatiques habituels, et une fois qu'un accord aura été trouvé, elle sera annoncée", a déclaré Peter Stano, porte-parole du commissaire chargé de la Politique de voisinage, Stefan Füle. Une source européenne à Bruxelles a toutefois indiqué mardi soir que l'UE n'était "pas prête à rouvrir les négociations sur l'accord d'association".
"Honte!"
A Kiev, les manifestants qui ont essayé mercredi matin de bloquer l'accès au gouvernement scandaient "Honte!", "Démission!". Ils réclament le départ du gouvernement, et celui du président Viktor Ianoukovitch. Celui-ci se trouvait mercredi en Chine pour une visite officielle qu'il a choisi de ne pas annuler, invoquant les intérêts économiques de l'Ukraine. Environ 3.000 manifestants restaient également mercredi matin sur la place de l'Indépendance où des tentes et des braséros étaient installés pour faire face au froid. La plupart d'entre eux, emmitouflés dans des vêtements chauds, se réchauffaient autour du feu, à côté des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "l'Ukraine, c'est l'Europe", selon une journaliste de l'AFP.
Par ailleurs, des centaines de personnes bloquent toujours la mairie de Kiev, occupée depuis dimanche par les militants pro-européens. L'opposition a réussi dimanche une démonstration de force en mobilisant plus de 100.000 manifestants sur la place de l'Indépendance à Kiev et des dizaines de milliers dans d'autres villes du pays. Des affrontements avec les forces de l'ordre en marge de cette manifestation ont fait plus de cent blessés, dont nombre de journalistes. La veille, les forces anti-émeute ukrainiennes avaient évacué avec violence la place de l'Indépendance, occupée depuis plusieurs jours par l'opposition, faisant une trentaine de blessés.
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