Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes samedi en début d’après midi pour disperser des manifestants issus des convois antipass, qui s’étaient donnés rendez-vous sur les Champs-Élysées à Paris, selon un journaliste de l’AFP. Des milliers d’opposants au pass vaccinal, sous le nom de “convois de la liberté” et venus de toute la France, ont rejoint Paris samedi dans le but de manifester malgré l’interdiction de la préfecture de police, déterminée à empêcher tout blocage.
Rassemblement hétéroclite d’opposants au président Emmanuel Macron et de “gilets jaunes”, le mouvement s’est constitué sur le modèle de la mobilisation qui paralyse la capitale canadienne Ottawa. Les voitures, camping-cars et camionnettes partis de Nice, Lille, Strasbourg, Vimy (Pas-de-Calais) ou Châteaubourg (Ille-et-Vilaine) se sont remis en mouvement samedi matin, après s’être arrêtés la veille non loin de Paris.
Plusieurs centaines de véhicules avaient rejoint le périphérique vers 10H00, où les policiers procédaient à des verbalisations pour “participation à une manifestation non-autorisée”, selon la préfecture de police de Paris. À 6h00, la préfecture avait déjà procédé à 95 verbalisations, a-t-elle annoncé sur Twitter. Un chiffre en hausse constante au fil de la matinée. Aux alentours de 11 heures, 283 verbalisations avaient été dressées.
Manifestants repoussés
Vers 14H00, plus d’une centaine de véhicules avaient rejoint l’avenue, des automobilistes, certains dorénavant à pied, agitaient des drapeaux ou scandaient “liberté”. La situation s’est tendue: une pluie de lacrymogène a été tirée, selon un journaliste de l’AFP.
Peu avant 15 heures, la police repoussait une partie des manifestants présents sur les Champs-Élysées, notamment avec l’aide de gaz lacrymogènes. Place de la Concorde, on comptait des dizaines de véhicules du convoi réunis dans une ambiance plutôt calme. La préfecture de police fait savoir que les forces de l’ordre ont déjà verbalisé 337 membres de l’action.
Interpellations
Alors que les troubles se poursuivaient samedi après-midi sur les Champs-Élysées à Paris, la police a intercepté un convoi de trois cents véhicules à proximité de la capitale française, a tweeté la préfecture parisienne. La police a interpellé 54 personnes et dressé 337 amendes, a tweeté le ministre français de l’Intérieur Gérard Darmanin. Vers 19h30, le calme n’était toujours pas revenu sur les Champs-Élysées, selon les médias français.
Aucun convoi organisé n’a pu rentrer dans la capitale, selon le journal Le Parisien, qui a mobilisé plusieurs journalistes dans la capitale en cette journée mouvementée. En revanche, des voitures individuelles ont pu s’infiltrer, sans être interceptées.
Jérôme Rodriguez interpellé
Jérôme Rodriguez, une des figures des “gilets jaunes” et soutien des convois anti mesures sanitaires, a été interpellé samedi aux abords de l’Elysée, a-t-on appris de source policière. Il a été interpellé pour participation à une manifestation interdite, a-t-on ajouté de même source, tandis que les forces de rétablissaient la circulation sur l’avenue des Champs-Elysées où des manifestants participant aux convois auto proclamés “de la liberté” avaient fait irruption à bord de leurs véhicules.
7.200 policiers et gendarmes
Près de 7.200 policiers et gendarmes ont été déployés” pour faire respecter les interdictions de convois de véhicules”, selon la PP.
Le préfet de police Didier Lallement a “créé un certain nombre de fourrières provisoires qui (...) permettront avec plusieurs dizaines de véhicules de remorquage de mettre fin à tout blocage”, a-t-il déclaré. Des blindés de la gendarmerie ont aussi été déployés dans la capitale, une première depuis les manifestations des “gilets jaunes” fin 2018.
Le Premier ministre Jean Castex a promis d’être inflexible face au mouvement. “S’ils bloquent la circulation ou s’ils tentent de bloquer la capitale, il faut être très ferme”, a-t-il insisté sur France 2.
“Ampleur phénoménale”
Dans l’un des convois en approche de Paris, la nervosité montait alors que les premières interpellations étaient signalées sur le périphérique. Les consignes étaient dispersées, via les applications utilisées pour communiquer, selon une journaliste de l’AFP.
Rejoindre l’Arc de Triomphe? “C’est pas mal ça ressemble bien à Ottawa si on y arrive”, lance depuis sa camionnette, Cédric, 42 ans venu de Vendée avec trois camarades “gilets jaunes”.
À un point de ralliement en pleine forêt de Fontainebleau, une quarantaine de véhicules étaient arrivés vers 9H00, dans le calme, avec une présence policière discrète, a constaté une autre journaliste de l’AFP.
“Nous sommes tous collectivement fatigués par ce que nous vivons depuis deux ans”, a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron dans un entretien au quotidien Ouest-France.
“Cette fatigue s’exprime de plusieurs manières: par du désarroi chez les uns, de la dépression chez d’autres. On voit une souffrance mentale très forte, chez nos jeunes et moins jeunes. Et parfois, cette fatigue se traduit aussi par de la colère. Je l’entends et la respecte”.
“Mais”, a-t-il ajouté, “j’en appelle au plus grand calme”.
La police avait estimé vendredi à 3.300 le nombre de véhicules engagés dans les convois. C’est une action “d’une ampleur phénoménale”, a dit à l’AFP un coordinateur du mouvement.
L’interdiction de rassemblement des convois a été maintenue vendredi soir par le tribunal administratif de Paris, qui a rejeté deux recours.
“C’est une trahison. Les fondements de l’arrêté ne sont pas respectueux de la loi, de la liberté de manifester”, a réagi la militante anti-vaccin et “gilet jaune” Sophie Tissier.
“Convergence européenne”
“Le droit de manifester et d’avoir une opinion sont un droit constitutionnellement garanti dans notre République et dans notre démocratie. Le droit de bloquer les autres ou d’empêcher d’aller et venir ne l’est pas”, a répondu Jean Castex.
À deux mois de l’élection présidentielle, les manifestants exigent le retrait du pass vaccinal et défendent des revendications sur le pouvoir d’achat ou le coût de l’énergie.
Le gouvernement affirme envisager pour fin mars ou début avril la levée du pass vaccinal et compte supprimer dès le 28 février le port du masque obligatoire dans les lieux où le pass est exigé.
Certains participants espèrent grossir samedi les rangs des cortèges contre le pass vaccinal organisés chaque semaine. Quatre cortèges ont été autorisés ce samedi.
“C’est important de ne pas déranger les autres usagers, de garder la population de notre côté, comme au Canada”, a lancé Robin, depuis un parking à Illkirch-Graffenstaden, en banlieue de Strasbourg.
D’autres comptent ensuite rejoindre Bruxelles pour une “convergence européenne” prévue lundi 14 février. Les autorités belges ont interdit l’accès de la capitale.
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