La ratification de l'accord de retrait ("meilleur compromis possible") reste un préalable à la négociation sur la relation future entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, a prévenu mardi le négociateur en chef de la Commission européenne sur le Brexit Michel Barnier, lors d'un débat au Parlement européen. Mais cette position n'est pas aussi inflexible qu'il n'y paraît: "si le Royaume-Uni choisit de faire évoluer ses propres lignes rouges et fait le choix de plus d'ambition au-delà d'un simple accord de libre-échange, l'UE restera prête à répondre favorablement", a-t-il ajouté.
"A dix semaines du moment choisi par le gouvernement britannique pour devenir un pays tiers, jamais le risque d'un no-deal n'a paru aussi élevé", a lancé M. Barnier. De nouveaux efforts à accomplir C'est la raison pour laquelle la Commission va intensifier ses efforts de préparation à ce scénario qu'elle est toutefois toujours résolue à éviter, a confirmé le Français.
A ses yeux, le vote de mardi soir au Parlement britannique rejetant l'accord de retrait négocié "n'est pas la manifestation claire d'une majorité positive" définissant un projet alternatif. Il revient donc aux autorités britanniques d'évaluer ce vote et d'indiquer comment évoluer. Le président du Parlement Antonio Tajani a vu dans le vote d'hier "deux majorités négatives: l'une contre l'accord de retrait, l'autre contre l'éventualité d'une sortie de l'UE sans accord négocié".
"Une majorité pour une solution commune" Les Britanniques doivent désormais "dégager une majorité pour une solution commune". "Il faut voir comment le gouvernement britannique a l'intention de procéder, et si le parlement britannique décide de modifier ses lignes rouges". L'avis de Guy Verhofstadt L'analyse est partagée par Guy Verhofstadt, coordinateur du groupe de pilotage du Parlement européen sur le Brexit et président des libéraux dans l'assemblée strasbourgeoise.
"Une majorité positive peut se dégager si l'ensemble des partis (du Parlement britannique) mettent l'intérêt du Royaume-Uni au-dessus de leurs œillères d'intérêt de parti! ", a-t-il lancé. Le chef des travaillistes Jeremy "Corbyn veut être Premier ministre, Mme May veut s'accrocher, le parti écossais veut l'indépendance grâce au processus, le DUP (unionistes britanniques d'Irlande du Nord, NDLR) veut le contraire, toutes ces ambitions sont légitimes, mais il est important maintenant de sortir des tranchées", a plaidé l'ex-Premier ministre belge.
Il a lui aussi invité les Britanniques à "redéfinir (leurs) lignes rouges, imposées unilatéralement depuis le début par les faucons du parti conservateur". Mais pour éviter que la querelle britannique ne contamine l'Europe, M. Verhofstadt a rejeté l'idée de prolonger la procédure au-delà des élections européennes. Une commission à Strasbourg pour les expatriés
Quant aux intérêts des citoyens britanniques résidant dans le reste de l'UE, et des ressortissants d'autres pays de l'UE résidant au Royaume-Uni (le thème sur lequel se concentre le Parlement européen), une commission de l'assemblée strasbourgeoise prendra langue directement si nécessaire avec le Parlement britannique pour garantir leurs droits, a-t-il dit. Membre lui aussi du groupe de pilotage, le chef de groupe des Vert/ALE Philippe Lamberts a souligné la nécessité de préserver l'accord de paix du Vendredi saint sur l'île d'Irlande.
Celle-ci est au cœur du "backstop", une garantie à laquelle tient l'UE pour éviter le retour d'une frontière dure entre l'Irlande et l'Irlande du nord. "Je suis ravi de constater que la possibilité de sortir de l'accord du Vendredi saint ait été rejetée" ces derniers jours au Royaume-Uni, a souligné M. Lamberts, invitant à ne pas sous-estimer toute action unilatérale en Irlande du Nord qui risquerait de provoquer la violence. A ses yeux, si la Chambre des Communes ne peut trouver une majorité, la seule alternative sera de demander au peuple britannique de se prononcer sur l'accord de retrait négocié, avec possibilité de rester dans l'UE.
Un report "possible" si les Britanniques le demandent Un report de la date du 29 mars pour le Brexit est "juridiquement et techniquement possible" si les Britanniques le demandent, a assuré mercredi la ministre française chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau. "Au moment où on en parle, ce n'est qu'une hypothèse, puisque madame May ne l'a jamais demandé, ni personne de son entourage", a-t-elle cependant nuancé sur la radio France Inter.
"Juridiquement, techniquement, c'est possible. Il faut que les Britanniques le demandent et il faut qu'il y ait un accord à l'unanimité des 27 autres membres de l'Union européenne pour dire : "d'accord, vous aviez choisi la date du 29 mars pour sortir, vous nous demandez, OK, on repousse"". "Mais pour combien de temps et pour quoi faire ?", a-t-elle demandé. "Parce que si c'est pour nous dire qu'il faut davantage de concessions européennes, là on sera embarrassé".
"Pas de sens" Un report de la date du Brexit, prévu le 29 mars, n'aurait pas de "sens" tant que cette option n'a pas de majorité au Parlement britannique, a estimé de son côté mercredi le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Au lendemain du rejet par les députés britanniques de l'accord négocié sur le Brexit, la ministre française a rappelé que, pour l'ensemble des autres membres de l'UE, cet accord longuement négocié reste "le seul possible".
"Ce texte ne peut pas être rouvert", a-t-elle affirmé. "On a vraiment exploré toutes les options. Si on veut une séparation ordonnée et qui permette que dans l'avenir le Royaume-Uni reste proche de l'Union européenne, c'est ce texte. Les autres options (...) c'est soit pas d'accord, soit pas de Brexit". "Dépêchez-vous" a-t-elle lancé aux autorités britanniques, "car le 29 mars, c'est demain".
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